Sarah Van Liefferinge

La politique des partis bloque notre démocratie

Sarah Van Liefferinge Parti Pirate

Chaque citoyen peut créer un parti politique. Par exemple, sur le site « Vlaanderen.be », peut-on lire ceci : « un parti politique est une association de personnes défendant certains objectifs politiques qu’ils veulent atteindre en se présentant lors des élections. Pour lancer un nouveau parti politique, il y a pas de conditions particulières ni de restrictions. » Voilà pour l’esprit démocratique de la Loi.

Dans la pratique, les partis traditionnels ont élaboré un certain nombre d’obstacles, tels que la Loi sur les dépenses électorales, la multiplicité des districts électoraux, le seuil électoral et la Loi sur le financement des partis politiques. Nos politiciens professionnels veulent « soi-disant » réduire l’écart avec le citoyen et « l’ impliquer dans la politique ». Mais lorsque le citoyen veut faire valoir ses droits politiques, il en est en fait empêché.

En tant que mouvement citoyen désireux de participer aux élections, vous devrez collecter une quantité impressionnante de signatures d’électeurs. Au niveau national par exemple, rien que pour participer aux Elections Européennes (2 districts : Flandre et Wallonie/Bruxelles) ce sont 10 000 signatures avant le 27 mars qu’il faut rassembler. Ou encore, en Wallonie, plus de 5000 signatures sont nécessaires afin de se présenter aux élections fédérales (5 districts) et régionales (13 districts) ! Pour eux même, par contre, les partis traditionnels ont une échappatoire : chaque mouvement politique déjà présent au Parlement peut se contenter des signatures d’à peine cinq élus pour participer aux trois scrutins en mai.

A cela s’ajoute le fait que chacune de ces signatures doit être, une par une, estampillée par un fonctionnaire de l’administration (589 communes différentes) où le citoyen signataire est domicilié. Les candidats Pirates ou les citoyens sympathisants doivent donc se rendre avec tous les formulaires – durant les heures d’ouverture limitées – dans une des maisons communales aux quatres coins du pays. De quoi fortifier… la bureaucratie.

Assez curieusement, ces formulaires ne peuvent pas être complétés de manière digitale. Le numérique est pourtant bien utilisé par le gouvernement depuis des années pour les contrôles d’identité ou la perception des impôts. Mais il faut croire que les principaux partis politiques ne trouvent pas opportun ou intéressant de chercher à savoir comment nous pourrions renforcer la démocratie avec ces mêmes actifs numériques.

Vient ensuite le financement. Ici aussi, les partis établis s’occupent bien d’eux même : chaque parti obtient des subventions suivant le nombre de voix reçues lors de l’élection précédente. Cela signifie que chaque électeur (y compris ceux qui ont voté blanc, nul ou se sont abstenus) finance les partis politiques traditionnels via ses impôts. Au total, l’ensemble des partis reçoivent chaque année plus de 50 millions d’euros de financement public. Mais pour financer les initiatives politiques citoyennes, il n’y a pas de budget …

Et enfin, il y a le scrutin proprement dit. Avec le seuil électoral théorique de 5 % – et pour la Région Wallonne le saucissonnage en districts – les jeunes partis n’ont presque jamais d’élu(s). Le renouvellement politique est entravé avant l’heure. En revanche, les partis traditionnels récupèrent les votes « perdus » et se répartissent les sièges entre eux. En Allemagne, 7 millions d’électeurs (sur les 80 millions de citoyens) ont récemment perdu leur voix à cause du seuil électoral. Près de 10 % de la population allemande n’est ainsi pas représentée au Parlement fédéral.

L’absence de sang frais conduit à un appauvrissement du débat politique. Les partis au pouvoir peuvent sans gêne aucune appliquer des décisions consensuelles et dépolitiser certains thèmes bien définis, ou les extraire du débat. Il suffit de penser simplement au durcissement de la loi sur les Sanction Administratives Communales (lien), au vote du Traité d’austérité (TSCG), à l’introduction d’une politique destructrice en matière d’épargne et de dette, au maintien délibéré des structures bancaires frauduleuses, à notre système financier instable basé sur la consommation de masse… Le point de vue du citoyen n’a aucune espèce d’importance. Et quand bien même nous aurions été consultés via un référendum, notre opinion serait malgré tout ignorée.

Aujourd’hui, les élections approchant, le grand « show » électoral refait surface, chers concitoyens. Nous sommes convoités, séduits et bombardés de stupides films promotionnels qui nous coûtent des centaines de milliers d’euros. Les politiciens professionnels et leurs partis sont prêts à marquer et encaisser. Désormais, seuls les élections et le partage du pouvoir comptent.

Les Pirates sont la traduction politique d’un mouvement beaucoup plus important de citoyens indignés. Nous voulons « pirater » le système politique actuel, car nous ne croyons plus en la politique des partis ou le système électoral traditionnel. Nous exigeons, en tant que citoyens, d’avoir notre mot à dire dans le débat et de participer aux décisions politiques. Nous ne voulons pas laisser notre avenir aux mains des politiciens professionnels et leur partis respectifs qui manquent manifestement de vision à long terme. Nous voulons plutôt chercher comment il est possible de renforcer la qualité de nos vies et de notre démocratie.

Vous pensez aussi que nous, les citoyens, ne sommes pas assez entendus ? Soutenez-nous en complétant l’un des 10 000 formulaires à remplir pour que les Pirates puissent participer aux élections. Notre démocratie et notre économie de marché ont urgemment besoin d’une bouffée d’oxygène. Notre société et notre environnement aussi d’ailleurs. Le cynisme (« élection, piège à cons ») ou l’aversion des politiciens ne résout rien : nous devons prendre notre avenir en mains !

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