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« La N-VA dit qu’elle veut un accord : qu’elle le montre ! »

Les partis francophones associés aux discussions sur l’avenir du pays attendent désormais un geste de la N-VA en vue de la recherche d’un compromis. Quant aux options possibles, selon un sondage de la RTBF, 91 % des francophones interrogés sont opposés à l’organisation d’élections… et 71 % disent carrément « non » à des négociations portant sur la séparation.

Des représentants du PS, du cdH et d’Ecolo participaient lundi à une émission spéciale de la Une (RTBF) consacrée à l’avenir de la Belgique. Ces partis estiment avoir fait montre d’avancées dans les discussions en cours, en ayant accepté de s’asseoir à la table des négociations relatives à une importante réforme de l’Etat et de débattre d’un accroissement de l’autonomie fiscale. A présent, place au concret, disent-ils.

« On veut bien bouger mais il faut des balises ! », a indiqué Marcel Cheron (Ecolo). « Le cadre est là, il faut maintenant examiner ce qui se passe si l’on bouge les paramètres », a ajouté en substance Melchior Wathelet (cdH). « Nous ne campons pas sur des positions intangibles : en matière d’IPP, nous sommes prêts à donner un peu plus aux Régions que ce que nous avions imaginé au départ », a dit Philippe Moureaux (PS).

A présent, les francophones disent attendre un geste identique de la part des nationalistes flamands. « Nous ne sommes pas seuls autour de la table », a rappelé Philippe Moureaux. « La N-VA dit qu’elle veut un accord : qu’elle le montre ! », a lancé Melchior Wathelet. « Est-ce que la N-VA veut un accord ? On devra vérifier quand on sera de nouveau à table avec Bart De Wever », a renchéri Marcel Cheron, appelant la N-VA à « bouger ».

« J’ai la conviction que la N-VA ne veut pas obtenir un accord communautaire » (Dewael, Open Vld)

Armand De Decker a dénoncé « l’erreur politique historique » de ne pas avoir associé le MR aux négociations. Ce faisant, les partis associés aux discussions « se condamnent à réussir avec la N-VA », a-t-il précisé, appelant à « d’abord consolider le fédéral ».

La N-VA veut-elle seulement aboutir à un compromis ? Seul politique flamand à avoir accepté l’invitation de la RTBF, Patrick Dewael (Open Vld) n’y croit pas : « J’ai la conviction que la N-VA ne veut pas obtenir un accord communautaire et que l’organisation de nouvelles élections en février, c’est le voeu de la N-VA, (qui souhaite) un référendum sur l’avenir du pays. Par ailleurs, la N-VA ne veut pas rentrer dans un gouvernement qui, sur le plan socioéconomique, sera perçu comme étant de gauche. »

Plan B : « la seule stratégie possible, c’est le plan A ! » (Cheron, Ecolo)

En cas d’échec des discussions communautaires, il reste la possibilité de plancher sur un plan B, celui de la séparation du pays. « On est contraints d’en parler » mais ce serait « un cauchemar », a averti Philippe Moureaux.

Le cdH n’en veut pas : « Privilégions le bon sens ! », a lancé Melchior Wathelet. Ecolo rejette également l’idée d’un plan B : « Certains l’ont utilisé tactiquement ; la seule stratégie possible, c’est le plan A ! », a dit Marcel Cheron.

Pour Armand De Decker (MR), le seul plan B envisageable, « c’est la Belgique », notamment parce que la population ne veut pas autre chose. Et avant d’aller aux élections, il faut tenter toutes les formules possibles, a-t-il répété.

Le plan B est difficile à mesurer d’un point de vue socioéconomique. Chercheur à l’UCL, Michel Quévit est d’avis qu’en cas de plan B, on passerait d’un « fédéralisme de coopération » à un « fédéralisme concurrentiel ». Mais la Wallonie et Bruxelles, ensemble, constitueraient une entité « viable », avec un même niveau de création de richesse que la Flandre, estime-t-il.

Egalement professeur à l’UCL, l’économiste Etienne de Callataÿ pense qu’en cas de scission, Wallons et Bruxellois seraient victimes d’une perte de 15 % à 20 % de leur pouvoir d’achat, de nombreuses entreprises flamandes quittant alors la Région-Capitale.

Elément moteur de la N-VA, la coupole du patronat flamand Voka a appelé lundi à arrêter de parler d’un plan B et à former un gouvernement, une prise de position que certains observateurs réunis sur le plateau de la RTBF lundi ont perçu comme un possible tournant dans la crise actuelle.

91 % des Belges francophones refusent de nouvelles élections

Selon un sondage réalisé par la RTBF auprès de 10.400 francophones, 91 % des personnes interrogées sont opposées à l’organisation d’élections, 71 % opposées à des négociations portant sur la séparation et 71 % des sondés pensent que la Wallonie et Bruxelles seraient viables en cas de scission.

Belgique, où vas-tu ?, émission de reportages didactiques sur l’état du pays commentés en direct par des personnalités du monde politique, socioéconomique et académique, a été diffusée lundi soir, quatre ans après le docufiction Bye Bye Belgium, un scénario imaginant la scission du pays qui suscita beaucoup d’émotion dans l’opinion publique et le monde politique. Belgique, où vas-tu ? succède à l’émission Plan B diffusée voici une semaine sur la VRT.

LeVif.be, avec Belga

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