Elio Di Rupo. © Twitter

« La montée du Vlaams Belang, c’est aussi la faute du PS »

Marie Gathon
Marie Gathon Journaliste Levif.be

La montée de l’extrême-droite au nord du pays, ce n’est pas seulement la faute de la N-VA, selon Sammy Mahdi, le président des jeunes CD&V en Flandre.

Le Vlaams Belang a gagné 15 sièges à la Chambre, passant ainsi de trois à 18 sièges. Une progression attendue par les sondages, mais pas dans de telles proportions. De part et d’autre de la frontière linguistique, on cherche une explication. Interrogé par La Première, Sammy Mahdi, président des jeunes du CD&V, avance que les socialistes francophones ont une part de responsabilité.

Sammy Mahdi, président des jeunes du CD&V.
Sammy Mahdi, président des jeunes du CD&V.© Twitter

Durant cette campagne, le Vlaams Belang s’est racheté une image avec à l’arrivée à sa tête d’un jeune Tom Van Griecken. Ils ont revu leur communication, s’inspirant des autres partis extrémistes en Europe. « Le grand rêve de Tom Van Griecken est de couper le cordon sanitaire et d’essayer de gouverner », affirme le jeune CD&V, comme d’autres partis y sont parvenus notamment en Italie et en Hongrie.

La faute à la N-VA ?

Sammy Mahdi reconnait que la N-VA a tenu un rôle dans la montée de l’extrême-droite au nord du pays. Selon lui, le fait que certains hommes politiques N-VA ont tenu des propos déplorables sur la migration a fait qu’une certaine parole s’est libérée. Ce qui a donné de l’eau au moulin du Vlaams Belang.

Une déception de la politique

Au nord, comme au sud du pays, une partie de la population est frustrée. Une frange de la population ne croit plus que la politique est capable de résoudre les problèmes. Les votes aux extrêmes (à droite ou à gauche) seraient selon lui, un vote antipolitique. « Ce n’est pas un choix pour une certaine vision politique, mais contre l’establishment », affirme-t-il. Contre tous les partis traditionnels, N-VA y compris.

« Tous les partis traditionnels doivent faire un grand mea culpa », ajoute-t-il, reconnaissant la part de responsabilité de son propre parti. « Une partie de la population est déçue de la politique de manière générale. Elle ne voit pas non plus de solution du côté de l’opposition, sinon il y aurait eu une augmentation spectaculaire du sp.a ou de Groen !, ce qui n’a pas été le cas », explique Sammy Mahdi.

L’immigration, pas un sujet majeur en Flandre

Selon Sammy Mahdi, le thème de l’immigration n’a pas joué un rôle majeur lors de la campagne en Flandre, un thème qui n’aurait été que peu abordé par le Vlaams Belang, ou de manière détournée (contrairement à la N-VA).

Le Vlaams Belang aurait plutôt appuyé son côté social : pension à 1500 euros et à 65 ans, rabaissement de la TVA sur l’électricité, etc. Dans le même temps, ils ont opposé cette problématique à celle des réfugiés qui arriveraient en Belgique et auraient, soi-disant, tous les droits directement. D’où leur slogan « Eerst onze mensen » (« Nous d’abord », traduction libre).

La faute à la gauche francophone

La gauche francophone aurait aussi une grosse responsabilité de la montée de l’extrême-droite flamande, selon Sammy Mahdi. Le nord du pays vote plutôt à droite, voire très à droite, tandis que le sud vote plutôt à gauche, voire très à gauche.

Selon le CD&V, certains partis politiques essayent d’utiliser les clichés véhiculés de chaque côté de la frontière linguistique. Ainsi, les Flamands imaginent que les francophones pensent qu’ils sont tous racistes. Ils se retranchent donc et pensent « faire leur truc de leur côté » et votent alors pour des partis séparatistes, analyse-t-il.

Durant la campagne aussi, Elio Di Rupo a commis la faute de parler d’une modification de la loi de financement, dans une période budgétaire délicate. « Les Flamands veulent bien être solidaires, mais il y a des limites à tout », affirme Sammy Mahdi.

Cerise sur la gâteau, après les élections Elio Di Rupo est déjà prêt à nier le vote de près de la moitié des Flamands en affirmant haut fort dans les médias qu’il essaye de créer un gouvernement sans la N-VA et le Vlaams Belang. Un gouvernement qui ne serait donc pas majoritaire en Flandre. « En disant ça, Elio Di Rupo fâche une grande partie des Flamands », souligne le CD&V. Le PS et la N-VA, qui sont les deux plus gros partis aujourd’hui, doivent prendre leur responsabilité et essayer de former un gouvernement. « Mais il faut aussi tenir compte d’une grosse partie de la Flandre qui a voté pour des partis de droite », conclut-il.

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