Vincent Genot

La loi, la liberté, et puis le roi

Vincent Genot Rédacteur en chef adjoint Newsroom

Albert II abdique pour laisser le trône à son fils, le prince Philippe. Sans vouloir vexer personne, la chose tient plus de la démonstration folklorique que de l’acte politique.

D’aucuns objecteront que le Palais a fait preuve d’un grand sens stratégique et choisit le moment idéal pour contrer les velléités séparatistes des nationalistes flamands. D’autres expliqueront que le roi est le ciment nécessaire de la nation et que sans lui le pays en serait encore à chercher un gouvernement. Mieux, il risquerait de partir à vau-l’eau. A cela, on peut rétorquer que la dramatisation qui s’empare des politiques francophones à chaque fois que les séparatistes bronchent est inversement proportionnelle à l’intérêt que suscite la question de la scission dans la population. Sauf pour une minorité qui rame à contre-courant, personne ne croit vraiment à la dislocation de la Belgique. On joue juste à se faire peur, comme quand on voulait conjurer le monstre imaginaire qui était tapi sous notre lit d’enfant. En revanche, au nord comme au sud, tout le monde s’inquiète pour l’avenir de son portefeuille et de sa progéniture. Ce que la Flandre veut, ce n’est pas l’éclatement du pays, c’est un avenir stable et la préservation de son pouvoir d’achat. Un peu pingre et égoïste sans doute, elle n’est assurément pas cette entité machiavélique qui ne jure que par la mise à mort de la Belgique.

Que l’on cesse de nous vendre ce 21 juillet comme une journée historique. En quoi a-t-il la moindre importance dans la vie du péquin moyen ? « Nous nous réveillerons avec un roi et nous nous endormirons avec un autre roi » a résumé un politique…C’est un peu léger pour espérer trouver une place dans les livres d’histoire. Ford Genk, Arcelor, Caterpillar, Duferco, Saint-Gobain Sekurit… Dans 150 ans, on parlera probablement plus de cette époque comme du moment où les grands groupes industriels – piégés dans un modèle économique sans avenir – ont définitivement lâché la vieille Europe pour tenter d’ultimes profits dans les pays émergents.

Ce weekend de fête nationale sera probablement une belle occasion de s’amuser. La Belgique va pleinement profiter du soleil estival ainsi que des différentes manifestations organisées aux quatre coins du pays pour rechercher cette légèreté nécessaire en ces périodes de vacances. On sera même content pour Philippe. Il va enfin pouvoir clouer le bec à ses détracteurs et montrer qu’il a les épaules pour cette fonction de représentation de la nation. Mais après les réjouissances, il ne faudra pas oublier de s’attaquer aux vrais problèmes de notre société. Et dans la foulée, ne pourrait-on pas remettre la Brabançonne aux goûts du jour ? Simple question de priorité. En lieu et place du sempiternel  » Le roi, la loi, la liberté « , ne pourrions-nous pas chanter La loi – base de toute vie en société-, la liberté – oh combien nécessaire pour s’épanouir – et puis le roi… ou toute autre entité politique pourvue que sa priorité soit toujours la préservation et l’amélioration de la qualité de vie de la majorité des citoyens du pays.

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