Olivier Mouton

La leçon donnée au PS, ce donneur de leçons

Olivier Mouton Journaliste

Boum! Voilà le retour de bâton. Les alliés du PS, CDH et FGTB, critiquent ses attitudes de donneur de leçons morales, son comportement autiste voire son manque de vision. Précisément ce que les socialistes reprochent au fédéral…

Alors que le PS jouait jusqu’ici les donneurs de leçons depuis les bancs de l’opposition fédérale, le voilà pris à son propre piège. Tour à tour, ses alliés naturels, le CDH et surtout la FGTB, ont donné de la voix pour le critiquer à son tour au niveau régional. Ce faisant, ils rappellent combien la situation du PS, entre deux chaises, est finalement inconfortable.

Peu à peu, le CDH Benoît Lutgen tente de faire réentendre sa voix et de marquer sa différence centriste pour se démarquer de l’image d’un parti « scotché » au PS. Il avait déjà laissé sa perplexité au sujet du ton de la campagne de communication menée par les socialistes pour dénoncer la rupture sociale « injuste » du gouvernement Michel. Lundi, il a cette fois dénoncé l’attitude de Paul Magnette, bourgmestre de Charleroi et ministre-président wallon, qui avait refusé d’inviter le ministre N-VA de l’Intérieur Jan Jambon à l’inauguration du nouvel hôtel de police de Charleroi. « Par respect des institutions, il aurait dû le faire », dit Benoît Lutgen, à nouveau habité par l’esprit du pacte belge après s’être égaré quelques semaines. Au CDH, on se replace…

Alors que le PS jouait jusqu’ici les donneurs de leçons depuis les bancs de l’opposition fédérale, le voilà pris à son propre piège

Pour le PS, toutefois, c’est la charge de la FGTB wallonne qui sera sans doute la plus difficile à avaler. Mardi matin, son patron Thierry Bodson s’est fendu d’une lettre à Sud-Presse pour dénoncer la manière « secrète » dont le gouvernement wallon de Paul Magnette a préparé son épure budgétaire. Or, ce « manque de concertation sociale » dont parle Thierry Bodson, c’est précisément l’un des principaux reproches faits par le PS au gouvernement Michel, qualifié d’ « autiste » face à la colère de la rue. Visiblement, ce n’est guère mieux en Wallonie…

Cela étant, la critique de la FGTB a une double portée de fond plus virulente encore pour le PS.

Premièrement, le PS n’a encore pas réussi à se repositionner et adopte des pratiques qui, sur le plan de la rigueur et de l’austérité, n’ont pas grand-chose à envier aux politiques menées au fédéral, même si l’intensité et l’idéologie de base ne sont pas les mêmes. Oui, le budget wallon fera mal aux classes moyennes et oui, il coûtera des emplois. Surtout, aucune « réponse progressiste nouvelle » n’est menée, notamment en matière de fiscalité.

Deuxièmement, le PS n’a tout simplement… pas pris la mesure de la sixième réforme de l’Etat qu’il a lui-même initiée au fédéral. Aucune réflexion de fond n’a été menée au sujet des compétences transférées (la fiscalité, la politique familiale…) et le gouvernement Magnette ne reprend dans ces matières que les politiques initiées avant lui au fédéral. Une impréparation coupable, dit Thierry Bodson : « Cela fait pourtant deux ans que nous attirons son attention sur la nécessité de se mettre en ordre de marche. Mais rien n’a été fait et ce budget en témoigne. » Un manque de vision et choix clair… reproché sur le même ton au fédéral.

Au même moment, les auditions des ministres fédéraux se poursuivent au fédéral. Le PS y dénonce la vision « idéologique et totalement déséquilibrée » de Marie-Christine Marghem, ministre MR de l’Energie. Laurette Onkelinx tire au bazooka sur le ministre de l’Emploi, Kris Peeters (CD&) : « Travailler plus pour gagner moins, c’est un rêve de masochiste, et les travailleurs ne le sont pas. » Le patron de la FGTB wallonne précise, il est vrai : « Ce qui se passe au fédéral est encore plus grave. On donne un tour de vis supplémentaire qui risque de détruire la sécurité sociale. »

Attention pour le PS, cependant : par-delà les postures morales, la schizophrénie n’est pas loin. Quant au citoyen, il doit perdre à la fois son latin et ses espoirs à la vue de tous ces acteurs qui se tirent dans les pattes… et de ces chefs de gouvernement, MR ou PS, visiblement murés dans leur tour d’ivoire.

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