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La guerre des diplomates continue : la Russie expulse un diplomate belge

Stavros Kelepouris
Stavros Kelepouris Journaliste pour Knack.be

Notre pays avait expulsé un diplomate russe suite à la tentative d’assassinat de l’ex-espion Sergei Skripal et de sa fille. La réponse ne s’est pas fait attendre: la Russie vient à son tour de renvoyer un diplomate belge.

Sergueï Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, avait prévenu que la Russie prendrait des mesures appropriées contre les pays qui expulsent les diplomates. Or il se trouve que notre pays avait initié le mouvement en expulsant, dans la foulée de l’affaire Skripal, un diplomate russe.

C’est donc sans réelle surprise que l’ambassadeur de Belgique à Moscou a été convoqué ce matin au ministère russe des Affaires étrangères. On a stipulé au chef de mission adjoint à Moscou, en l’absence de l’ambassadeur, Jean-Arthur Régibeau, qu’une personne devrait retourner en Belgique. Il ne s’agirait cependant pas de l’ambassadeur lui-même. Une information confirmée par le cabinet du Premier ministre Charles Michel. Une demi-douzaine de diplomates sont en poste auprès de l’ambassade de Belgique à Moscou sans compter le personnel affecté à des tâches consulaires, les représentants des entités fédérées, un officier de liaison de la police fédérale et un autre pour la douane. Le ministère de la Défense n’a pour sa part actuellement plus d’attaché militaire en poste à Moscou – un officier habituellement porteur du grade de général -, selon un de ses responsables.

Des Occidentaux en rang serré

La Russie est mise en cause par des Occidentaux en rang serré dans la tentative d’assassinat contre l’ex-espion et sa fille Ioulia à l’aide d’un agent innervant le 4 mars en Angleterre. Moscou, qui clame son innocence depuis le début, a convoqué une réunion de l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC) à La Haye mercredi pour exiger des réponses sur les accusations la visant. Le président Vladimir Poutine, qui a dénoncé une « campagne antirusse », a dit espérer que cette rencontre mettra « le point final » à cette affaire qui a porté la confrontation Est-Ouest à son pire niveau depuis la Guerre froide et abouti à une vague historique d’expulsions réciproques de diplomates.

A la veille de cette réunion, le laboratoire britannique qui a analysé la substance utilisée contre Sergueï Skripal et sa fille a reconnu mardi ne pas être en mesure de déterminer sa provenance, qu’elle a cependant identifiée comme du Novitchok, un agent innervant de type militaire dont l’origine serait un laboratoire soviétique. Le laboratoire a cependant relevé que la fabrication de la substance nécessitait « des méthodes extrêmement complexes » qui ne pouvait être à disposition que d’un « acteur étatique ».

– ‘Tactique de diversion’ –

Faute d’excuses, Moscou espère donc des éclaircissements sur les accusations britanniques lors de la réunion des 41 membres de l’OIAC. « Cette initiative russe est une nouvelle tactique de diversion, destinée à saper le travail de l’OIAC » dans son enquête, a réagi le ministère britannique des Affaires étrangères dans un communiqué. Une source diplomatique occidentale interrogée par l’AFP a qualifié la réunion de manière pour Moscou de « poser plein de questions pour détourner l’attention », prévoyant « un étalage de mauvaise foi ».

Sergueï Skripal, 66 ans, et sa fille Ioulia, 33 ans, étaient toujours hospitalisés mardi. L’état de santé de cette dernière « s’améliore rapidement », elle « n’est plus dans un état critique », contrairement à son père, qui est dans un état « stable », selon l’hôpital. Ancien colonel du service de renseignement de l’armée russe (GRU), Sergueï Skripal avait été condamné par Moscou pour « haute trahison » en 2006 avant de faire l’objet d’un échange d’espions en 2010. Il s’était alors installé en Angleterre.

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