Olivier Mouton

La Flandre très à droite mine la Belgique

Olivier Mouton Journaliste

La marée brune au Nord du pays est l’événement majeur du triple scrutin de ce 26 mai. Avec la N-VA qui se maintient, cela risque de bloquer l’Etat fédéral. A moins d’une formule audacieuse.

Le dernier sondage d’avant-élections, la semaine passée, annonçait une forte progression du Vlaams Belang en Flandre : il ne s’est pas trompé. L’extrême droite s’envole partout au Nord du pays et atteint des scores, autour de 18%, qui pourraient être supérieurs à ses succès précédents. Cette marée brune est d’autant plus préoccupante qu’elle se conjugue à une baisse somme toute modérée de la N-VA autour des 25%.

La Flandre vire donc à droite toute, davantage encore que ce que l’on pouvait imaginer. Car le Vlaams Belang, en menant campagne auprès des jeunes – en surfant sur une législature marquée par la question migratoire et en profitant sans doute du drame du meurtre de Julie Van Espen à Anvers – gagne surtout des voix sur des partis traditionnels à la peine : CD&V, Open VLD et SP.A baissent.

La coupure est nette et le pays fracturé en deux. « Le confédéralisme est déjà là », dit l’historien Hervé » Hasquin (MR) sur la RTBF. L’heure est déjà aux responsabilités : les partis d’opposition francophones la rejettent avant tout sur le gouvernement précédent, d’autres évoquent l’aveuglement du Sud du pays face aux évolutions de la société flamande.

Ce virage très à droite de la Flandre est une bombe pour la Belgique. En l’état, il paraît de plus en plus vraisemblable que la N-VA sera incontournable. Certaines voix s’élèvent déjà en faveur d’un éclatement du cordon sanitaire : il serait temps de mettre le Vlaams Belang face à ses responsabilités ? C’est évidemment prématuré, mais la tension va monter en ce sens.

Les francophones déplorent cette évolution. Forcément. Alors que le dépouillement est plus lent au Sud du pays, certaines tendances sont déjà perceptibles. Vague verte il y a, mais moins avec une croissance moins forte qu’attendu. Le PS resterait premier selon les sondages à la sortie des urnes, mais avec des réalités différentes et, apparemment, d’étonnantes pertes dans la capitale. Le MR ferait mieux qu’attendu. Plusieurs formules seraient possibles en Wallonie et à Bruxelles.

Que se passera-t-il au niveau fédéral ? Cela sera compliqué, c’est un euphémisme de la dire. Les partis francophones, MR mis à part, ont exclu toute collaboration avec la N-VA. L’impasse ? Si la Suédoise sortante ne peut pas être reconduite, ce qui est plus que probable, seule une vaste coalition risque de s’imposer à l’issue d’une crise qui risque d’être longue. A moins que le confédéralisme ne s’impose rapidement au menu. Via une coalition à deux têtes ou une nouvelle réforme de l’Etat.

Les Régions vont sans doute s’imposer, d’ici là, comme le pôle de stabilité du pays. Avec des majorités qui pourraient, là, être composées avant la mi-juillet. Le reste risque d’avoir un parfum de chaos.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire