Carte blanche

La Flandre quitte Unia : « les personnes discriminées devront d’abord trouver où se rendre avant de commencer à recevoir de l’aide »

Selon les présidents d’Unia, la décision de créer une institution flamande séparée pour lutter contre les discriminations ne repose pas sur une recherche d’efficacité. On n’y trouve ni motivation fondée ni examen objectif. Ils s’indignent également des propos du ministre-président flamand qui a mis en doute le professionnalisme du personnel d’Unia. Ces insinuations n’ont été corroborées par aucune recherche ou évaluation.

Les Nations Unies ont confiance en Unia. Elles soutiennent l’alliance internationale des instituts qui défendent les droits humains GANHRI. Et GANHRI reconnait Unia comme une institution nationale de protection des droits humains de statut B. La communauté internationale voit donc dans Unia, un service accessible à tous pour combattre les discriminations. Unia garantit la protection et la promotion des droits humains.

Des applaudissements retentissent donc à l’international, mais aussi en Flandre. Au cours de l’année écoulée, la direction d’Unia est venue à trois reprises donner des explications devant une commission du parlement flamand. Les recommandations, les conclusions et l’expertise d’Unia ont été reconnues par les parlementaires.

Un labyrinthe flamand

Aujourd’hui, Unia est interfédéral. Cela signifie que tout le monde peut venir y demander de l’aide, quelle que soit la région où habite ou travaille une personne. Nous craignons que les citoyens soient victimes d’un labyrinthe administratif si plusieurs institutions coexistent.

Ils se retrouveront dans des situations alambiquées. Ils devront contacter une telle organisation s’ils sont victimes de discrimination basée sur l’orientation sexuelle, mais une autre organisation s’ils sont victimes de violences homophobes. Les Flamands homosexuels discriminés pour trouver un logement devront se rendre dans une autre institution que ceux qui ont été agressés physiquement.

Autrement dit: un labyrinthe flamand risque de voir le jour. Les personnes discriminées devront d’abord trouver où se rendre avant de commencer à recevoir de l’aide. Plus l’aide est difficile à trouver, plus les discriminations restent impunies et plus les plaies des victimes sont douloureuses. Jusqu’à ce que notre société s’aigrisse.

Une politique efficace?

De plus, les voyants budgétaires vont clignoter. La création d’une nouvelle institution coûtera plus cher au contribuable. Il est important de mentionner qu’en 2018, plus de la moitié des signalements reçus par Unia étaient en néerlandais, alors que la Flandre ne contribue qu’à hauteur de 10% à notre budget.

Nous lisons par ailleurs dans l’accord de gouvernement que la Flandre veut mettre sur pied une institution de défense des droits humains de statut A. Cela signifie qu’Unia et cette nouvelle institution devront collaborer de manière rapprochée. La création d’une institution séparée et l’engagement de personnel pour faciliter cette collaboration est tout sauf une bonne gestion de l’argent public.

Unia demande une évaluation de son travail. Le parlement flamand peut le réclamer. Sur base de cette évaluation, la discussion devrait se poursuivre. En tant que présidents du conseil d’administration d’Unia, nous saluons le personnel engagé d’Unia qui travaille avec passion, connaissance, expérience et expertise.

Quoi qu’il arrive, Unia insiste pour que les personnes discriminées soient aidées le plus efficacement possible. Et pour que les institutions de défense des droits humains comme Unia et d’autres puissent travailler de manière indépendante.

Bernadette Renauld et Fahim De Leerer, co-présidents d’Unia.

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