Luc Van Der Kelen

La Flandre a déjà donné

Luc Van Der Kelen Conseiller politique pour BPlus

APRÈS LA CONCLUSION D’UN ÉVENTUEL ACCORD communautaire, le formateur Di Rupo voudrait bien dresser un budget fédéral double, pour les années 2012-2013. Cela devrait être la réponse à la suspicion des marchés financiers sur la capacité de notre pays à rembourser sa dette publique ou, à tout le moins, de la réduire.

Luc Van der Kelen, editorialiste au Laatste Nieuws

La clé se trouve surtout dans les mains du gouvernement flamand, chez Kris Peeters donc. Un inconditionnel et un homme très puissant au sein du CD&V. Et évidemment la N-VA, son partenaire au sein de du gouvernement flamand, n’est pas en reste.

Dès sa mise en orbite, le gouvernement flamand a immédiatement suivi sa propre voie. Il a choisi de débarrasser au plus vite son budget d’un déficit s’élevant à 2 milliards d’euros, une somme considérable. Pour atteindre cet objectif, la Flandre a dû jouer sur deux budgets, ceux de 2010 et 2011. La Flandre dispose désormais d’une bonne marge pour investir.

Les gouvernements francophones ont opté pour le chemin inverse : investir d’abord pour conjurer la crise, mettre fin ensuite au déficit aux alentours de 2015, voire 2014, s’il y a moyen. Cette année, la Wallonie et la Communauté française – il faut leur rendre justice – ont mieux fait que les prévisions du planning.

Sous peu, le fédéral fera appel aux entités fédérées pour qu’elles apportent leur contribution à l’assainissement de la dette publique. La réponse de la Flandre ne manque pas de clarté : « Nous avons déjà donné. » Cela correspond exactement à la réalité : grâce aux économies réalisées par l’exécutif flamand, la Belgique a atteint ses objectifs budgétaires sans avoir dû recourir à des mesures pénibles. Mais ceux qui savent compter – recettes, transferts et dépenses – voient que le fédéral ne sera plus en mesure d’établir le budget 2012-2013. Il ne reste que 37 milliards d’euros au fédéral avec lesquels il lui faudra payer les pensions et les intérêts sur la dette, et combler le déficit énorme de la sécurité sociale. Puis il n’y aura plus un seul centime pour les importants ministères de la Justice et de l’Intérieur, pour ne nommer que ces deux-là, dont il serait difficile d’assurer la continuité en leur réservant moins de moyens. Et où trouvera-t-on les 461 millions d’euros pour Bruxelles ?

Inévitablement, nous assisterons à un clash entre les négociateurs fédéraux et « Monsieur Non », Kris Peeters, ministre-président du gouvernement flamand, obstinément soutenu par ses partenaires de la N-VA. En fait, la Flandre ne se satisfera d’un accord sur une nouvelle loi de financement que si elle lui trouve de très grands mérites, sinon rien ne se fera.

Bien naïfs sont ceux qui croient que, sans la N-VA, les Flamands goberont n’importe quoi. Si grand que soit le tapage fait à propos des symboles, la vraie discussion portera sur l’argent.

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