Olivier Mouton
La faiblesse de Vanackere est celle de l’aile gauche du CD&V
Steven Vanackere a craqué. Le ministre CD&V des Finances, porte-drapeau de la démocratie chrétienne au gouvernement fédéral, a présenté sa démission ce mardi matin et l’a justifiée lors d’une conférence de presse.
Non, dit-il, il n’a rien à se reprocher dans le cadre de l’affaire Belfius/ACW qui secoue le Landerneau depuis une dizaine de jours. Il était simplement las des « insinuations incorrectes et des allégations » portées à son égard. Las, surtout, de se battre dans un climat politique flamand extrêmement violent dans la perspective des législatives de 2014. Alors qu’il n’avait tout simplement pas la carrure, ni l’envie…
Si Steven Vanackere est finalement parti du fédéral, c’est parce qu’il était fatigué de se battre, avant tout. Depuis le début, pratiquement, tant sa présence au fédéral était tout sauf une évidence. L’homme se voyait plutôt poursuivre une carrière tranquille au poste de gouverneur de Flandre occidentale. Il a été propulsé homme fort du CD&V dans l’équipe Di Rupo, pratiquement par défaut. Et en raison des circonstances. Il portait une vision fédérale belge mise à mal par la pression nationaliste de la N-VA. Et il incarnait l’aile gauche du CD&V dans un contexte extrêmement difficile en raison de la prééminence de l’aile droite de son parti, incarnée par le ministre-président Kris Peeters – propulsé depuis figure de proue pour le scrutin majeur de 2014.
La précipitation des événements, ces derniers jours, a eu raison de lui, concentrant peu à peu le tir politique sur l’aile gauche du CD&V. Il y a eu tout d’abord les accusations de la N-VA à l’encontre du mouvement ouvrier chrétien (ACW) : abus de biens sociaux, faux et fraude fiscale. Du lourd, potentiellement. Puis sont venues les révélations concernant les circonstances du rachat des parts bénéficiaires que l’ACW détenait dans Belfius Assurances et Belfius Banque. Avant que l’on n’apprenne ce week-end qu’un administrateur de Belfius travaillait au sein de son cabinet. Une succession intenable, surtout que le ministre restait sans cesse à la traîne en terme de communication.
Trop faible, Vanackere n’a pas eu les épaules assez solides pour faire face à un climat politique flamand qui s’apparente plus que jamais à un « Règlement de comptes à OK Corral ». On spécule déjà sur son remplacement. Les noms d’un certain… Yves Leterme ou de Stefaan De Clerck circulent, mais aussi celui de la jeune Caroline Ven, qui fut chef de cabinet d’Yves Leterme et d’Herman Van Rompuy. Au-delà des questions de casting, son départ est un coup dur – le coup de grâce ? – pour une aile gauche du CD&V déjà très fragilisée par les départs peu glorieux des anciens poids lourds Jean-Luc Dehaene et Yves Leterme, tous deux emportés par les crises communautaire et financière.
Sa démission est, aussi et surtout, une plume au chapeau d’une N-VA plus conquérante que jamais. Ce n’est pas un hasard si le parti nationaliste a été à la source des premières révélations concernant l’ACW. Il devrait logiquement tirer les marrons du feu alors que les derniers sondages le donnent déjà à près de 40% en Flandre. Du pain béni pour le parti de Bart De Wever : potentiellement incontournable en 2014, il vient peut-être de jeter les bases d’une réconciliation avec le CD&V de Kris Peeters. Pour rappel : à Anvers, les chrétiens-démocrates ont finalement lâché le SP-A de Patrick Janssens pour permettre à De Wever de devenir bourgmestre.
Olivier Mouton
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