Anne-Sophie Bailly

« La colère des Belges s’est apaisée » (édito)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Mieux vaut agir que discourir. C’est l’un des principaux enseignements de notre grande enquête « Les Belges et le corona ». Ou plutôt de la comparaison entre nos deux sondages réalisés à un an d’intervalle.

La colère des Belges s’est apaisée. Un peu. La méfiance n’a pas disparu, car le nombre d’insatisfaits par la gestion de la crise sanitaire dépasse globalement toujours celui des satisfaits. Mais elle s’avère moins exacerbée. Comme si l’avis de tempête annoncé sur le pays en juin 2020 avait régressé d’un cran douze mois plus tard. Moins dirigée aussi vers le monde politique qui bénéficie d’un léger regain de crédit, au contraire de la sphère scientifique, malmenée et désormais mal-aimée.

C’est l’un des principaux enseignements des élections régionales françaises du 20 juin. Ou plutôt de la comparaison entre les prédictions et les résultats. Les abstentionnistes que l’on pressentait nombreux ont été pléthoriques, plus de deux Français sur trois ne se sont pas rendus aux urnes. Emmanuel Macron se retrouve dépourvu d’un parti digne de ce nom et le Rassemblement national de Marine Le Pen, que l’on attendait renforcé à l’issue de ce premier tour, se heurte à un double plafond de verre.

Entre ces deux expressions citoyennes, un fil rouge : celui du plébiscite de l’action.

Si les résultats de notre sondage prouvent clairement une chose, c’est qu’à pratiquement tous les niveaux de pouvoir en Belgique – à l’exception du gouvernement flamand -, les citoyens ont validé la concrétisation des intentions et se sont montrés moins sévères dans leur jugement dès lors que l’action est devenue visible. Qu’elle soit locale avec les décisions de première ligne prises par les bourgmestres, régionale pour l’organisation de la campagne de vaccination ou fédérale pour l’achat de stocks de vaccins et leur distribution gratuite.

Même constat dans l’Hexagone avec en filigrane des résultats du scrutin une prime aux sortants validant une action au service des administrés.

A contrario, les prises de position parfois hésitantes ou opposées et logiquement évolutives du monde scientifique et particulièrement de sa dimension médicale ont, par leur omniprésence médiatique, brouillé la différence entre le savoir et l’opinion et relégué l’action – la mise au point d’un vaccin en un temps record – au second plan.

Et si la leçon à retenir était celle-ci ? Qu’en dépit des pétitions, des actions en justice, des manifestations de ras-le-bol, l’action au service du citoyen reste validée. Qu’il vaut mieux agir que discourir. Ce serait plutôt une bonne nouvelle.

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