Nicolas De Decker

La certaine idée de Nicolas De Decker | Georges-Louis Bouchez, le cordon sanitaire et le papier qu’il a signé

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Georges-Louis Bouchez, qui ne respecte pas le cordon sanitaire, qui relaie la parole d’extrémistes, qui débat avec l’extrême droite, est-il fasciste ?

Un débat absurde s’est emparé ces derniers jours de Twitter, le réseau social où se croisent les plus brillantes raisons pensantes et les bonnes fois les plus chevaleresques, et où Georges-Louis Bouchez s’illustre par les deux.

Ce débat, porté notablement par un microbiologiste et politologue tel qu’Emmanuel André, ferait de Georges-Louis Bouchez rien moins qu’un fasciste. «Son président promeut ouvertement le fascisme», a ainsi déclaré Monsieur André au sujet du MR, dans un tweet très largement aimé, partagé et commenté, et beaucoup de grands esprits font du président du MR l’agent d’un virage de son parti vers l’extrême droite.

Or, Georges-Louis Bouchez n’est pas fasciste du tout, et il ne promeut pas l’extrême droite du tout.

C’est ignominieux de dire des choses pareilles, même sur Twitter.

Ce qu’il y a, c’est que Georges-Louis Bouchez ne respecte pas le cordon sanitaire.

Il ne l’a pas respecté en débattant avec le président du Vlaams Belang, Tom Van Grieken, ni en disant encore tout récemment à la RTBF qu’il avait eu raison de l’avoir fait, ni en retweetant une publication du fondateur de Génération Identitaire, ni en retweetant une publication de fdesouche.com.

Ce n’est pas du fascisme, ça.

Ce n’est même pas de la promotion du fascisme non plus.

C’est le mouvement d’un président traumatisé par l’élection de 2019 et par son siège à la Chambre, que lui firent perdre, pour quelques centaines de voix, les Parti populaire et autres Listes Destexhe, qui trouvaient que le MR n’était pas assez à droite.

C’est le choix d’un président fasciné par l’exemple du Nicolas Sarkozy de l’identité nationale et inspiré par le Bart De Wever des années triomphales, qui dégonflèrent leurs rivaux d’extrême droite en inspirant quelques-uns de ses combats.

C’est le calcul d’un président qui, pourtant, au contraire de ses deux modèles, ne souffre plus de l’existence d’un concurrent d’extrême droite à dégonfler.

Il ne respecte pas le cordon sanitaire, Georges-Louis Bouchez, mais ne pas respecter le cordon sanitaire n’est pas une preuve de fascisme.

Mais Georges-Louis Bouchez avait signé un papier en mai dernier.

Ce papier s’appelle «Code de bonne conduite entre partis démocratiques à l’encontre des formations ou partis qui manifestement portent des idéologies ou des propositions susceptibles d’attenter aux principes démocratiques qui fondent notre système politique», et Georges-Louis Bouchez l’avait signé le 8 mai avec les présidents du PS, d’Ecolo, des Engagés et de DéFI, après qu’il avait enfreint le cordon sanitaire en débattant avec Tom Van Grieken.

Dans ce papier, il promettait, Georges-Louis Bouchez, de «ne pas adopter un comportement ni tenir ou répercuter des propos, dans la presse ou sur les réseaux sociaux, aboutissant à banaliser, à donner de la visibilité ou à amplifier des propos à caractère discriminatoire, xénophobe, raciste ou antisémite ou des propos tenus par des personnes, vivant en Belgique ou à l’étranger, qui promeuvent manifestement des idées d’extrême droite ou de même nature ou des idéologies ou propositions susceptibles d’attenter aux principes démocratiques qui fondent notre système politique».

Ce papier qu’il a signé, il ne le respecte pas, et il ne respecte donc pas le cordon sanitaire. Ça, ça pourrait plaire, qui sait, à certains vrais fascistes.

Mais il ne respecte pas non plus sa propre parole.

Et ça, même aux fascistes, ça pourrait déplaire.

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