Claude Moniquet

Koen Geens: mission impossible?

Claude Moniquet Expert en sûreté, chef d'entreprise et auteur, président national du LiDem (Libéraux Démocrates)

Claude Moniquet, président des Libéraux démocrates, estime que « si l’on croit encore à la possibilité de faire exister la Belgique, il est urgent de voir émerger, à Bruxelles et en Wallonie, une droite démocratique de gouvernement à côté du MR.

Koen Geens, vice-Premier ministre et ministre de la justice CD&V a donc été chargé par le roi d’une mission décrite par beaucoup de commentateurs comme étant celle de la « dernière chance » avant un éventuel retour aux urnes. Tout tourne, on le sait autour d’une question simple : est-il possible d’inclure la NVA, premier parti de Flandre (et, accessoirement, du pays) dans un gouvernement ?

Le CD&V et d’autres partis flamands le souhaitent et on les comprend : outre le respect du choix des électeurs – une notion qui à tous les niveaux de pouvoirs, a toujours été à géométrie variable en Belgique – il serait sans aucun doute suicidaire pour eux de « monter » au fédéral sans la branche « fréquentable » des nationalistes du nord. Du côté francophone, le MR y est favorable, mais le PS, lui, s’y oppose farouchement ce qui ne laisserait comme seule possibilité aux partis flamands que les socialistes francophones jugent « fréquentables », qu’une large alliance entre le CD&V les libéraux les socialistes et les verts.

Problème : cette formule mettrait l’aile flamande de la majorité en… minorité dans son propre groupe linguistique, d’autant que la participation du VLD (qui ne souhaite pas entrer dans une coalition penchant trop à gauche) n’a rien d’acquis : une situation peu confortable.

Si Koen Geens échoue dans sa mission, on voit assez mal quel lapin le roi pourra tirer de son chapeau pour éviter le retour aux urnes. Or, tous s’accordent à le dire, de nouvelles élections se solderaient sans doute par un tassement des partis « traditionnels » au profit des nationalistes au nord (et en premier lieu, sans doute, du Vlaams Belang) ce qui rendrait le pays encore plus ingouvernable.

Cela bien entendu, au siège du PS, boulevard de l’Empereur, on le sait parfaitement.

Dès lors il est permis de se demander si ce que souhaite secrètement la direction socialiste qui a, évidemment observé à la loupe le glissement à droite de la Flandre et se voit, sur ses propres terres, talonné par l’extrême-gauche PTBiste, ce n’est pas, précisément, ces nouvelles élections qui pourraient aboutir à un nouvel effritement de la Belgique, voire, à terme, à une séparation nette entre le sud et le nord. Une séparation qui lui permettrait, peut-être, libéré de l’obligation de cohabiter avec la droite flamande, de durcir son discours pour tenter de récupérer les voix qu’il a perdu sur sa gauche ?

En tout état de cause, si l’on croit encore à la possibilité de faire exister la Belgique, il est urgent de voir émerger, à Bruxelles et en Wallonie, aux côtés du MR – qui a parfois trop tendance à glisser vers le centre – une droite démocratique de gouvernement, une droite qui proposerait des mesures fiscales et économiques viables et réalistes et s’attaquerait au chômage à la racine, c’est çà dire, entre autres, au niveau de l’enseignement afin que celui-ci renoue avec la performance et forme des jeunes « employables » ; une droite qui s’adresserait sans faiblesse, mais avec intelligence et humanité aux problèmes de l’immigration, de l’intégration et de la sécurité, une droite qui se battrait pour que l’Etat retrouve son efficacité, libère et encourage les énergies et joue son rôle d’arbitre au lieu de se complaire dans le « micro-management » qui, trop souvent le caractérise.

Ceci passe, évidemment, par un vigoureux débat d’idée et une « recomposition » de la droite et de centre-droit francophones.

L’existence de ce débat et, à terme, de ce courant montrerait à la NVA et, au-delà, à l’électorat flamand, qu’il n’existe aucune fatalité qui placerait la Flandre à droite et la Wallonie et Bruxelles définitivement « à gauche » et rendrait la Belgique de moins en moins gouvernable.

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