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Procès des attentats de Bruxelles: Najim Laachraoui a été membre d’une brigade de « forces spéciales » de l’État islamique

Lors de son départ en Syrie, Najim Laachraoui a rejoint la brigade Liwa as Saddiq, considérée comme les « forces spéciales » de l’État islamique. Cette cellule est chargée notamment de missions d’appui, de la gestion des otages, d’exécutions et d’opérations extérieure, a expliqué mardi un enquêteur de la section antiterroriste de la police judiciaire fédérale (DR3) devant la cour d’assises de Bruxelles, qui juge les attentats à Zaventem et dans la station de métro Maelbeek.

Son voyage en Syrie et son implication dans les attentats à Paris et Bruxelles constituent le point d’orgue d’un parcours de radicalisation qui commence vraisemblablement en 2009. À cette époque, le père du futur kamikaze de l’aéroport note les premiers changements de comportement de Najim, âgé de 18 ans. Son fils fréquente alors une mosquée à Evere et prend des cours avec un prêcheur connu pour son radicalisme.

Le père de Najim Laachraoui mentionne aussi une autre mosquée à Molenbeek-Saint-Jean et des cours privés. Il explique qu’après 2011, les contacts avec son fils deviennent tendus. Il le note plus agressif et moins tolérant à la mixité. À partir de 2012, le terroriste prend part à plusieurs manifestations qui réunit des membres de l’organisation djihadiste belge Sharia4Belgium. Le jeune homme fait une première tentative de départ en Syrie à la fin du mois de janvier 2013 mais son père le convainc de rebrousser chemin.

Il part pour de bon à la mi-février via la Turquie. Une fois en Syrie, il rejoint le groupe Majlis Shura Mujahidin, constitué de nombreux combattant étrangers, notamment néerlandophones et francophones, et spécialisé dans les prises d’otages. L’organisation est totalement absorbée par l’État islamique en 2014. Najim Laachraoui combat aux côtés de l’accusé Bilal El Makhoukhi et rejoint la brigade Liwa as Saddiq, qui sera chargée de mener des actions sur le sol européen.

Le timing de son retour en Belgique est peu clair. Le futur kamikaze est contrôlé une première fois en Serbie, fin août 2015, sous une fausse identité. Il l’est une seconde fois, en Autriche, alors qu’il se trouve en voiture avec Mohamed Belkaïd et Salah Abdeslam, parti les récupérer à Budapest en Hongrie.

À son retour sur le territoire belge, Najim Laachraoui loge à la rue Henri Bergé à Schaerbeek, puis à Auvelais (Sambreville), d’où partiront les terroristes de Paris. Il revient ensuite à Bruxelles et fréquentera notamment l’avenue de l’Exposition à Jette, la planque de la rue du Dries à Forest et, enfin, l’appartement de la rue Max Roos. C’est du logement schaerbeekois qu’il partira le 22 mars 2016, en compagnie d’Ibrahim El Bakraoui et Mohamed Abrini, en direction de Brussels Airport où il se fera exploser à 07h58.

Plusieurs fausses identités

Connus sous plusieurs « kounias » (surnoms de guerre qui permettent de protéger l’identité du djihadiste) et fausses identités, Najim Laachraoui a été repéré sous l’alias « Soufiane Kayal » peu après les attentats de Paris. Le 4 décembre, un avis de recherche avec sa photo et celle de Mohamed Belkaïd (mort lors de la fusillade avec les forces de l’ordre rue du Dries, à Forest) est ainsi diffusé dans la presse. Les deux hommes sont présentés comme coordinateurs probables des attentats à Paris et sont alors connus seulement sous leurs faux noms, Soufiane Kayal et Samir Bouzid.

Le véritable nom de Najim Laachraoui n’est exposé que le 21 mars 2016, dans un nouvel avis de recherche lancé par la police fédérale en lien avec le dossier des attentats de Paris.

L’artificier, logisticien et finalement kamikaze de la cellule des attentats de Bruxelles se fait appeler « Abou Idriss » et « Abou Ikrima(h) » dans les milieux djihadistes. Il arborera également plusieurs fausses identités. Outre celle de Soufiane Kayal découverte durant l’enquête sur les attentats de Paris, il utilisera les pseudonymes de « David Olive Serra » (entre autres pour commander le taxi qui le mènera, lui, l’autre kamikaze Ibrahim El Bakraoui et l’accusé Mohamed Abrini, à l’aéroport de Zaventem) et de « Taqmaq Mhdfawzi ». C’est sous ce dernier alias qu’il sera enregistré le 29 août 2015 en Serbie, dans le centre d’accueil de Preshevo, alors qu’il revient de Syrie. Ses empreintes y sont relevées. Une correspondance sera établie par l’enquête avec deux doigts retrouvés à proximité du corps du kamikaze à Zaventem, mais aussi avec des empreintes retrouvées sur des livres, faux documents d’identité et divers objets retrouvés dans la planque de Forest, rue Max Roos à Schaerbeek et rue du Tivoli.

Le décès de Najim Laachraoui n’est officialisé que le 10 juin 2016, lorsqu’il est formellement identifié comme étant le second kamikaze de Zaventem. Faute d’empreintes ou d’ADN disponibles avant les attentats, les enquêteurs ont en effet dû procéder à des comparaisons. Ils ont ainsi prélevé l’ADN des parents de Najim Laachraoui pour établir la filiation et confronté les dossiers dentaires ante et post-mortem du terroriste.

Né le 18 mai 1991 à Ajdir, au Maroc, le jeune homme obtient la nationalité belge le 6 août 2001. Il est scolarisé dans une école communale de Schaerbeek, puis dans l’enseignement catholique en secondaire. Dans le supérieur, il tente une première année d’ingénieur à l’Université libre de Bruxelles (ULB) mais échoue. Il en sera de même pour son année en électro-mécanique à l’Institut Cardinal Mercier. Il travaillera comme étudiant à la commune de Forest et à l’aéroport, notamment.

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