Hervé Bayingana Muhirwa © Belga/Jonathan De Cesare

Procès attentats de Bruxelles: le réseau d’amis d’Hervé Bayingana Muhirwa imprégné de radicalisme

L’accusé Hervé Bayingana Muhirwa, converti à l’islam en 2011, s’est peu à peu intéressé au radicalisme, est-il apparu lors de l’exposé des juges d’instruction et des enquêteurs mardi matin devant la cour d’assises chargée de juger les attentats commis à Bruxelles le 22 mars 2016. Il s’est ainsi engagé amicalement dans un réseau imprégné de radicalisme, et ce tant dans ses fréquentations passées qu’actuelles. De nombreux fichiers informatiques, dont de multiples « nasheeds », des chants religieux musulmans, lui appartenant sont également en lien avec Al-Qaïda,  au groupe Etat islamique et la propagande djihadiste.

Jusqu’à son arrestation le 8 avril 2016, Hervé Bayingana Muhirwa, né le 5 mai 1985, était judiciairement inconnu des autorités belges. Il n’avait en effet pas de casier judiciaire. Il était par contre signalé dans différents rapports administratifs pour avoir été contrôlé en compagnie de plusieurs personnes connues pour leur proximité avec le milieu djihadiste.

   Parmi ses amis de longue date figure d’ailleurs l’accusé Bilal El Makhoukhi. Dans son réseau de proches, certains ont par ailleurs tenté de passer en Syrie et, selon des notes de la Sécurité de l’Etat, d’autres connaissaient Najim Laachraoui, l’un des deux kamikazes de l’aéroport de Zaventem.

Le Belgo-Rwandais est issu d’une famille catholique pratiquante et a fini par se convertir en mars-avril 2011. A partir de 2014, il commence à montrer de l’intérêt pour le conflit syrien, et la propagande islamiste associée à Al-Qaida et au groupe terroriste l’Etat islamique (EI). Cependant, Hervé Bayingana Muhirwa affirme ne jamais avoir fait allégeance à cette organisation. Ce dont doutent les enquêteurs, cette affirmation étant notamment en contradiction avec des éléments retrouvés sur son ordinateur, son smartphone et sur une clé USB.

Les enquêteurs ont découvert notamment un nasheed provenant de l’EI en faveur du djihad armé et parlant d’allégeance. Des nasheeds, il en sera retrouvé de très nombreux dans différents appareils et clés USB appartenant à l’accusé. Certains classiques, d’autres, à caractère djihadiste, émanant de l’EI.

Sur ses GSM, clés ou ordinateur, les enquêteurs découvriront la présence d’une quantité élevée d’informations démontrant un intérêt « prononcé et évolutif » pour le djihad, l’EI, le conflit irako-syrien, la propagande islamiste ou des actes terroristes survenus en Europe dans les années précédant le 22 mars 2016.

Lors de ses 13 interrogatoires par la police, l’accusé a eu des déclarations fluctuantes sur certains membres de la cellule mais a, par contre, toujours maintenu qu’il n’était pas « Amine ». Il s’agit d’un surnom évoqué dans deux messages audio de Najim Laachraoui où il est fait mention d’un « frère » ayant rejoint la cellule terroriste par l’intermédiaire du co-accusé Bilal El Makhoukhi.

La présentation d’Hervé Bayingana Muhirwa se poursuivra mardi après-midi, avant que les enquêteurs ne passent au portrait d’Ibrahim Farisi, à qui l’on reproche d’avoir nettoyé, avec son frère Smail, l’appartement « conspiratif » de l’avenue des Casernes à Etterbeek. L’exposé concernant Sofien Ayari n’aura, lui, lieu que mercredi, a-t-il finalement été décidé. En début d’audience, la présidente de la cour avait par ailleurs annoncé une légère adaptation de l’horaire des témoignages.

Afin de ne plus repousser plusieurs fois encore les premiers témoignages de victimes et parties civiles, elle a déplacé ceux-ci d’office au lundi 6 mars. Une « semaine blanche » a été insérée après la coupure de Carnaval (la semaine du 20 au 24 février) avec des témoignages d’experts et de témoins de contexte dans le cas où la séance de questions-réponses aux juges d’instruction et enquêteurs devait déborder au-delà du jeudi 16 février.

A noter enfin que, malade, l’accusé Mohamed Abrini était absent à l’audience mardi et que, du côté des accusés détenus présents, Osama Krayem et Salah Abdeslam ont, comme d’habitude, demandé à retourner en cellulaire.

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