Khalid El Bakraoui © belga

Procès des attentats de Bruxelles: la famille d’Ibrahim El Bakraoui avait noté des signes de sa radicalisation

Une enquêtrice de la section antiterroriste de la police judiciaire fédérale (DR3) est revenue lundi après-midi, devant la cour d’assises de Bruxelles, sur le rôle joué par Ibrahim El Bakraoui dans la préparation et la mise en œuvre des attentats du 22 mars 2016 à la station de métro Maelbeek et à l’aéroport de Zaventem, où il s’est fait exploser aux côtés de Najim Laachraoui. La policière a notamment évoqué les déclarations des parents du kamikaze concernant son changement de comportement après sa sortie de prison en 2014.

Avant 2010, Ibrahim El Bakraoui (né à Bruxelles le 9 octobre 1986) est décrit par son père comme un homme qui aimait sortir, aller dans les cafés avec ses amis et qui ne priait pas. Mais, lorsqu’il est libéré sous condition en 2014 après un séjour en prison pour des braquages, le fils aîné de la famille a changé de visage.

Son père est face à un homme qui a désormais banni les sorties, prie avec assiduité, se rend à la mosquée et porte des tenues traditionnelles. Un comportement que le patriarche associera aux visites reçues par son fils lorsqu’il était incarcéré, notamment celles de son cousin Oussama Atar, considéré comme étant à l’origine de sa radicalisation, et d’un imam.

   La sœur d’Ibrahim El Bakraoui explique qu’une fois sorti de prison, son grand frère se met à lui faire des remarques à propos de ses tenues, sur le port du voile ou encore le maquillage. Quant à la mère du kamikaze, elle regrette la perte du lien fort qu’elle entretenait avec son fils. Ce dernier s’éloigne considérablement d’elle à partir de 2014, déplore-t-elle.

   L’enquêtrice a ensuite rappelé plusieurs éléments déjà évoqués devant la cour dans les présentations précédentes, notamment le rôle présumé d’Ibrahim El Bakraoui en qualité de leader et de logisticien de la cellule terroriste de Bruxelles. Elle a également narré une nouvelle fois la double tentative avortée du futur kamikaze de partir en Syrie, avec l’aide de son ami l’accusé Ali El Haddad Asufi.

   La présentation s’est ensuite arrêtée sur le passage d’Ibrahim El Bakraoui dans l’appartement de l’avenue des Casernes à Etterbeek. Les allées et venues du chef de la cellule ont été une nouvelle fois passées au crible, la juge d’instruction Berta Bernardo Mendez attirant l’attention du jury sur le fait que le terroriste change régulièrement de vêtements et accessoires (chapeaux, sacs, etc.), jusqu’à plusieurs fois par jour, durant cette période (entre octobre 2015 et février 2016).

   La policière s’est ensuite intéressée à la location de l’appartement de la rue Max Roos, à Schaerbeek, par Ibrahim El Bakraoui sous le nom de Miguel Dos Santos. Elle a abordé son emménagement dans ce logement à partir du 29 février et, dès le lendemain, le début de ses achats pour la confection des bombes. La juge d’instruction Bernardo Mendez en a profité pour expliquer que le futur kamikaze disposait vraisemblablement de « liquidités très importantes, de liasses de billets » lui permettant de régler tous les paiements en cash.

   Les divers fichiers hébergés sur le PC découvert dans une poubelle de la rue Max Roos et sur la clé USB retrouvée chez Ali El Haddad Asufi ont aussi été mentionnés, notamment les audios « pour ma mère » et « Abou Souleyman pour les frères », enregistrés par Ibrahim El Bakraoui, ou encore les photos des kamikazes et de l’accusé Mohamed Abrini posant, armes à la main, devant un drapeau artisanal de l’État islamique. Les éléments concernant le terroriste qui furent récupérés lors de la perquisition dans l’appartement schaerbeekois, comme sa fausse carte d’identité, une perruque et des munitions, ont ensuite été rappelés.

   Pour finir, l’enquêtrice est revenue sur la journée du 22 mars. Elle a expliqué que le chauffeur de taxi ayant emmené Ibrahim El Bakraoui, Najim Laachraoui et Mohamed Abrini à Zaventem avait précisé que « le gros avait payé ». Le gros désignant Ibrahim El Bakraoui. « Encore une fois, c’est lui qui paye, c’est lui qui a l’argent, c’est le leader », a commenté l’enquêtrice, avant de remontrer les images de l’aéroport et de remémorer au jury les premières constatations des enquêteurs.

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