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J’étais à la conférence de Jan Jambon au MR ucclois, et tout est vrai

Nicolas De Decker
Nicolas De Decker Journaliste au Vif

On est à Uccle, le premier policier qu’on voit fume un gros cigare et ce n’est pas une blague. Dix mètres plus loin, derrière la grande grille de fer du Wolvendael, douze bonhommes crient que « Jambon facho, MR collabo ».

Le facho et les collabos sont entrés par l’arrière du centre culturel, où le ministre N-VA de l’Intérieur et de la Sécurité vient parler, devant la locale MR d’Uccle, de l’Intérieur et de la Sécurité, ce 15 mai, en soirée. Les douze continuent à crier que Jambon facho, MR collabo quand même, alors l’échevin Boris Dilliès explique à la salle qu’Uccle c’est au sud, et donc que c’est toujours un peu chaud, et remercie la ligue d’improvisation amateurs qui nous a accueillis et puis fait une blague sur le hockey qu’on n’a pas bien comprise où Uccle gagne tout le temps contre l’équipe du ministre, et tout le monde rit pendant que dehors, derrière la grille, Jambon est toujours un facho et le MR est toujours collabo et, après ça, Jan Jambon commence à parler et est triste de n’avoir pas pu parler aux vrais démocrates,  » qui décident de qui a le droit de parler ou pas « .

Il est 19 h 44 quand il commence, au fait, et Didier Reynders qui était à côté de lui jusqu’à 19 h 44 se lève à 19 h 46 et s’en va doucement en faisant de petites révérences et de petits signes polis à ceux qui remarquent qu’il s’en va, et puis, derrière, douze vrais démocrates le voient et hurlent que Reynders facho Reynders collabo, et alors c’est beaucoup moins discret comme sortie de scène. Et alors Jan Jambon finit son discours, et c’est le moment des questions et dehors ça crie encore que Jambon facho, MR collabo. Et il y a alors plein de gens du MR, d’Uccle ou des deux qui posent des questions.

J'étais à la conférence de Jan Jambon au MR ucclois, et tout est vrai
© Nicolas De Decker

Et alors qu’on entend encore mais moins que Jambon facho, MR collabo, et il y a cette dame qui trouve triste qu’on se fasse contrôler dans le train à Paris-Nord et pas à Bruxelles-Midi et alors le ministre qui lui dit que ça ne sert à rien non plus de contrôler partout tout le monde et tout le temps. Et alors il y a une dame avec des bottes très drôles de toutes les couleurs qui est propriétaire d’une grande salle dans le genre du Bataclan et qui voudrait que ses vigiles puissent s’équiper comme les terroristes qui ont des bombes et des mitraillettes alors que ses vigiles n’ont que leurs mains nues, et alors le ministre lui dit qu’il n’y a que la police et l’armée madame qui ont le droit de porter des armes. Et alors encore il y a un monsieur avec un pantalon violet qui demande si les mosquées sont bien contrôlées, et alors le ministre lui dit que oui mais que de toute façon ça ne sert pas à grand-chose parce que tout ça se fait hors des mosquées. Et alors il y a un sénateur qui vient d’Ixelles qui se plaint que la ministre précédente trouvait que ceux qui partaient en Syrie étaient des victimes et pas des coupables, et alors le ministre de maintenant lui dit qu’ils sont peut-être parfois des coupables mais aussi souvent des victimes. Et alors enfin il y a un monsieur chauve qui veut savoir pourquoi le ministre veut que les gens gentils dénoncent les gens méchants, et alors le ministre lui dit que lui il préférerait crever que d’encourager les gens à dénoncer les autres gens, gentils ou méchants.

Et alors dehors plus personne ne crie que Jambon facho, MR collabo même s’ils n’ont rien écouté.

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