Nicolas De Decker

Jan Jambon, une certaine idée de la gentillesse

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

L’avez-vous déjà remarqué ? Jan Jambon porte le nom et les traits d’un personnage de Willy Vandersteen ou de Marc Sleen. Souvent, comme dans les scénarios un peu bâclés de ces maîtres du comic flamand, le héros de Brasschaat se trouve pris dans d’invraisemblables mésaventures.

Et souvent, on ne passe ces fautes de raccord au scénariste de ces mauvais rebondissements que par sympathie pour son personnage, dessiné d’une ligne claire parfois un peu tremblante. Jan Jambon, depuis son accession au ministère de l’Intérieur dans le gouvernement de Charles Michel, endosse le rôle du gentil nationaliste. Francken, Demir, De Wever, nationalistes bagarreurs, tapent. Van Overtveldt et Vandeput, nationalistes transparents, faisaient nombre. Lui, le gentil nationaliste, subit. Le gentil nationaliste, le sourcil relevé, le cerne sombre, ne sourit jamais que tristement. Quand son président de parti provoque, il hausse les épaules. Quand son secrétaire d’Etat à la Migration dérape, il le prend dans ses bras. Quand on se plaint, il dit  » allez, allez  » et puis c’est bon comme ça. Il est le gentil nationaliste et c’est pour ça qu’on l’aime. Surtout Charles Michel.

Pourtant, on sait que Jan Jambon est nationaliste, mais personne ne sait vraiment s’il est gentil.

Il est un nationaliste qui veut que la Belgique disparaisse et, pourtant, il était vice-Premier ministre du gouvernement d’un pays qu’il veut voir disparaître, et ce n’est pas vraiment gentil quand on y réfléchit bien.

Il est un nationaliste qui trouve que les Flamands qui ont collaboré avec les nazis avaient leurs raisons, et ce n’est pas fort gentil quand on y réfléchit bien.

Il est un nationaliste qui ne s’est jamais expliqué sur le fait qu’il ait fondé la section du Vlaams Blok dans le patelin dont il est aujourd’hui le bourgmestre, et ce n’est pas très gentil quand on y réfléchit bien.

Il est un nationaliste qui n’a jamais démissionné après avoir dit qu’il avait voulu démissionner, dans les jours qui suivirent les attentats du 22 mars 2016, et surtout après avoir menti en accusant injustement un fonctionnaire qui n’avait absolument rien fait de mal, et ce n’est pas gentil du tout quand on y réfléchit bien.

Il est un nationaliste qui dit que son parti a apporté du sérieux au gouvernement fédéral, et pourtant son parti a fait sauter le gouvernement fédéral après avoir perdu des voix, parties à l’extrême droite, et avant d’avoir perdu l’honneur, parti avec les achats de visas humanitaires au cabinet de Theo Francken, et ce n’est pas gentil quand on y réfléchit bien.

Il est un nationaliste qui dit qu’il est fort copain avec Charles Michel, et pourtant il a dit que celui avec qui il dit être fort copain avait fait un  » travail de chien « , et ce n’est pas gentil non plus quand on y réfléchit bien, surtout pour Charles Michel.

Il est un nationaliste qui veut que la Belgique disparaisse et, pourtant, il fait croire qu’il veut devenir le Premier ministre du gouvernement d’un pays qu’il veut voir disparaître, et ce n’est pas vraiment gentil quand on y réfléchit bien, surtout pour Charles Michel.

Mais ce n’est pas seulement que ce n’est pas gentil quand on y réfléchit bien. C’est surtout que c’est aussi sensé que Bob et Bobette en soucoupe volante au-dessus d’un château fort du Moyen Age quand Willy Vandersteen n’y avait pas bien réfléchi.

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