Nicolas De Decker

Islam, une certaine idée de la femme

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

Ceci est la fable de l’idiot et du croissant de lune. Ça parle d’idiots et d’un croissant de lune. Mais surtout de femmes.

La violence intrafamiliale cause plus de cent décès par an en Belgique. Chaque jour, cent plaintes sont déposées pour violence conjugale. Et encore, on estime à moins de 10 % la proportion de ses victimes qui se rendent à la police. Beaucoup n’osent pas franchir les portes du commissariat. L’accueil n’y est pas toujours des plus empathiques car les services de police sont notoirement submergés, et ces plaintes gonflent l’arriéré judiciaire : dans un tiers des cas, aucune action judiciaire n’est même lancée et malgré les circulaires  » tolérance zéro « , 70 % des plaintes sont classées sans suite.

Au cours des discussions préparant l’adoption du plan national de sécurité 2016-2019, qui série les priorités d’une politique criminelle en manque de moyens, des représentants de police locale suivis par la police fédérale avaient proposé d’enlever les violences conjugales du plan, de façon à pouvoir se consacrer à autre chose… – HEY ! ATTENTION LÀ-BAS, UN RAPPEUR CHANTE DES CHANSONS VULGAIRES SUR LES GRELUCHES ! IL EST NOIR ! POUR OU CONTRE LES PROPOS VIOLENTS DE CHANTEURS NOIRS ENVERS LES FEMMES ? IL FAUT CHOISIR SON CAMP ! ON A TROP LAISSÉ FAIRE ! (PARTAGEZ SI VOUS ÊTES D’ACCORD).

Ce traitement de la violence faite aux femmes n’est qu’un symptôme de la régression de notre pays sur les inégalités. Entre 2017 et 2016, le Forum économique mondial rétrogradait la Belgique dans son rapport sur l’égalité hommes-femmes. Sur l’accès à l’éducation, la participation économique, la santé et la représentation politique, la Belgique passait de la 24e à la 31e position sur 144 pays. Pour la représentation politique, les quotas sur les listes ont permis d’augmenter la proportion de femmes parlementaires. Mais ces proportions sont systématiquement faibles là où les quotas sont peu exigeants, notamment aux gouvernements. L’obligation, en Wallonie, de compter au moins un tiers de femmes dans les collèges communaux va dans le bon sens.

u0022Le progrès demande des décisions réfléchies et des constats objectifs, pas des déclarations tapageusesu0022 Journaliste du Vif/L’Express

Récemment, les députés Valerie Van Peel (N-VA) et Egbert Lachaert (Open-VLD), ainsi que les jeunes MR, se sont montrés défavorables à la poursuite de ces politiques. Ça aurait pour conséquence de réduire la proportion de femmes dans les parlements… – HEY ! REGARDEZ LÀ-BAS ! UNE PARLEMENTAIRE QUI PORTE LE FOULARD ! ELLE EST MUSULMANE ! QUELLE HONTE POUR LA CONDITION FÉMININE ! COMMENT OSENT-ILS ? (LIKEZ SI VOUS DÉFENDEZ NOS VALEURS CONTRE L’ISLAMISATION RAMPANTE).

Le progrès demande des décisions réfléchies et des constats objectifs, pas des déclarations tapageuses. C’est pourquoi la Belgique a installé en 2002 un Institut pour l’égalité des femmes et des hommes chargé d’élaborer et de mettre en oeuvre le cadre légal nécessaire à lutter contre ces injustices.

Depuis 2014, les moyens alloués à cette institution ont été réduits de 21 %, et la sixième réforme de l’Etat lui a fait perdre cinq temps pleins sur trente-cinq employés… – HEY ! MAIS REGARDEZ LÀ-BAS ! UN PARTI ISLAMISTE VEUT INTERDIRE AUX FEMMES DE MONTER DANS LE TRAM ! (VOTEZ POUR MOI SI VOUS TROUVEZ QU’ON N’EST PLUS CHEZ NOUS).

C’était la fable de l’idiot et du croissant de lune.

La moralité ?

Quand on lui montre un croissant de lune, l’idiot ne voit pas le bras tendu. Ni la femme.

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