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Inondations: « rien ne peut dire qu’une autre action aurait réduit le désastre »

« Nous avons été confrontés à des pluies exceptionnelles. Rien ne peut dire qu’une autre action de notre part aurait pu réduire l’étendue du désastre », a affirmé Etienne Willame, le directeur général du Service public de Wallonie Mobilité et Infrastructures (SPW MI), vendredi, lors de son audition devant la commission d’enquête parlementaire sur les inondations qui ont frappé la Wallonie en juillet.

« Nos procédures ont fonctionné mais elles n’ont pas pu faire face entièrement au caractère exceptionnel du phénomène qui nous a touchés. Juguler la nature est impossible. Il nous revient de nous y adapter », a-t-il ajouté après avoir détaillé l’enchaînement des événements du 12 au 16 juillet.

Pour l’administration wallonne, les premières alertes sérieuses remontent au 13 juillet. Ce jour-là, l’IRM émet deux avertissements – un jaune suivi d’un orange. S’y ajoutent deux alertes formelles du système européen EFAS concernant notamment l’Ourthe. « En 24 heures, nous avons publié 3 avertissements, mentionnant clairement le risque de ‘conséquences significatives sur de nombreux cours d’eau' », a détaillé le responsable du SPW MI.

Le lendemain, « une alerte Vesdre est lancée dès 6h00 », avant l’alerte rouge de l’IRM qui tombera quelques heures plus tard. Les barrages de la Vesdre et de la Gileppe sont monitorés; des scénarios de restitution sont étudiés. Un accord sur ce dernier point intervient en soirée et il est mis en oeuvre progressivement.

« Il est très difficile pour nous d’entendre que la perception de la population, c’est que les dommages ont été causés par les barrages. Des quantités astronomiques d’eau ont été retenues. Le mercredi, la crue a été rapide et soudaine. Les barrages d’Eupen et de la Vesdre ont permis de l’atténuer », a défendu Etienne Willame en soulignant que « les 3/4 de l’eau qui tombe dans la vallée de la Vesdre n’est de toute façon pas captée par les barrages ».

Selon le directeur du SPW MI, les barrages d’Eupen et de la Gileppe servent surtout de réservoirs d’eau potable, un rôle indispensable alors que les épisodes de sécheresse risquent de se multiplier. « Il existe toutefois un antagonisme entre cette fonction et la capacité d’écrétage des crues », a-t-il estimé.

« Toute infrastructure, tout système a ses limites et peut être amélioré. Vos recommandations seront notre feuille de route », a encore assuré Etienne Willame aux députés régionaux, sans pour autant faire taire les questions acerbes.

« Vous nous évoquez une administration vivante. Je remarque quand même que dans votre organigramme, il y a 12 directions qui sont concernées par l’hydrologie. Se sont-elles réunies entre le 10 et le 14juillet? », s’est ainsi interrogé Philippe Dodrimont (MR).

Les relations entre l’EFAS et la Wallonie ont également été pointées du doigt, tant par le PTB que par le cdH. « Vous nous dites que vous n’avez pas la convention entre la Région et l’EFAS. Vous ne connaissiez pas cet instrument avant les événements. Vous avez pourtant la dent très dure contre ce système alors que ses prévisions se sont réalisées », a de son côté remarqué le chef de groupe des humanistes au parlement wallon, François Desquesnes.

« L’EFAS est un outil complémentaire aux outils nationaux », lui a répondu le directeur du SPW MI. Parmi les pistes d’amélioration avancées lors de son audition, ce dernier a d’ailleurs évoqué « la poursuite du développement » avec ce système afin d’obtenir « le maillage le plus fin possible ».

Les partenariats avec l’IRM devront également être renforcés, « notamment pour les bassins versants les plus réactifs », tout comme les capacités de prévisions hydrologiques, a enfin admis le responsable.

Vendredi après-midi, la commission parlementaire poursuivra son travail avec les auditions techniques de Christophe Vanmuysen, inspecteur général du Département Expertises Hydraulique et Environnement du SPW MI, et de Thibaut Mouzelard, inspecteur général f.f. du Département des Voies hydrauliques de Liège et des Barrages-réservoirs de l’administration régionale.

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