Maxime Prévot © Belga

Huit mois après la défaite, le cdH lance la co-construction d’un nouveau mouvement

« Plus encore qu’une refondation, c’est une main tendue aux citoyens intéressés pour co-construire ensemble un nouveau mouvement politique ». En résumant ainsi sur Twitter sa mission, le pilote du processus de refondation du cdH, Laurent de Briey, ne cache pas la nécessité de transformer l’un des plus anciens partis de Belgique par le biais d’un grand exercice participatif.

C’est ce samedi que le Centre démocrate humaniste (cdH) se réunit en congrès à Namur pour lancer ce processus existentiel, dont le nom et le fonctionnement n’ont pas encore été dévoilés.

Son président, Maxime Prévot, s’est donné un an et demi pour une refondation. Il en a confié l’organisation au professeur de philosophie politique Laurent de Briey (UNamur, UCLouvain), ancien chef de cabinet ministériel et co-initiateur du groupe de réflexion « e-change » qui se propose de transcender les clivages politiques.

Au cours du dernier demi-siècle, la formation orange, héritière du Parti catholique puis du Parti social chrétien (PSC), a vu ses résultats électoraux régresser de façon quasi-constante. La transformation du PSC en cdH en 2002, autour de Joëlle Milquet, n’aura permis qu’une amélioration de courte durée. Aux scrutins de 2018 et 2019, le parti a enregistré les moins bons scores de son histoire en Wallonie: 12,8% aux élections provinciales de 2018, et respectivement 11% et 10,7% aux scrutins régional et fédéral de 2019. En Région bruxelloise, il n’a décroché que 6,4% au scrutin régional et 5,9% au scrutin fédéral, enregistrant là aussi ses minima historiques. Les résultats ont été quelque peu meilleurs au niveau communal.

Son rôle de parti-pivot ne lui a pas vraiment réussi sous la dernière législature, quand son président Benoît Lutgen a lâché le PS pour le MR en Wallonie sans réussir à faire de même à Bruxelles et en Fédération, ni à tirer profit de l’opposition au Fédéral.

Dès lors, à l’issue du méga-scrutin de mai dernier, le cdH désormais emmené par le député-bourgmestre de Namur Maxime Prévot a décidé de se ressourcer dans l’opposition, ne laissant la porte entr’ouverte que si une crise menaçait l’État fédéral. Sa faiblesse attise la convoitise. Pas plus tard qu’en novembre dernier, il a fait l’objet d’une proposition de rapprochement avec le MR de la part du futur président de ce parti, Georges-Louis Bouchez, aussitôt balayée par M. Prévot.

« L’objectif n’est pas de se faire avaler par un autre parti mais bien de nous réinventer pour nous-mêmes et de proposer un projet centriste fort et porteur de solutions aux citoyens », avait expliqué cet été le président des humanistes dans une lettre aux militants.

Samedi, le cdH dévoilera comment il entend se transformer en profondeur, à travers un processus participatif avec les citoyens. L’invité-vedette de son « congrès de lancement du processus de refondation » sera le philosophe français Luc Ferry, ancien ministre de l’Éducation sous Jacques Chirac. Il parlera de la nécessaire réinvention du lien entre citoyens et élus.

Indices d’une volonté de dépasser les clivages traditionnels, la porte-parole de Greenpeace Belgique, Juliette Boulet, ancienne députée Ecolo, interviendra-t-elle aussi, de même qu’une figure emblématique de la gauche associative, Christine Mahy, secrétaire générale du Réseau wallon de lutte contre la pauvreté. Le côté entrepreneurial sera incarné par Eric Domb, fondateur et président du parc animalier à succès Pairi Daiza.

Au coeur des préoccupations figurera la qualité de vie, avec un mot d’ordre – « moins de plus, plus de mieux » – qui, sans prôner la décroissance, défend une croissance qualitative.

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