© Valentin Bianchi

Grève féministe du 8 mars: « Tant que l’égalité ne sera pas atteinte, nous ne lâcherons rien »

Pour la cinquième année consécutive, les femmes et minorités de genre sont appelées à se croiser les bras le 8 mars, à l’occasion de la Journée internationale de lutte pour les droits des femmes. Le but ? Montrer que « lorsque les femmes s’arrêtent, le monde s’arrête ».

En 2019, le Collecti.e.f 8 maars lançait un appel inédit en Belgique à la grève féministe pour la Journée de lutte pour les droits des femmes, qui consiste pour les femmes et minorités de genre à faire la grève du travail rémunéré, du soin aux autres, de la consommation et du travail étudiant. L’objectif était de mettre en lumière toutes les tâches assumées par les femmes, souvent invisibles car considérées comme normales.

Depuis, chaque 8 mars est synonyme de grève féministe. « Tant que l’égalité ne sera pas atteinte, nous ne lâcherons rien », prévient le collectif dans son appel de 2023.

Cette année, les récentes crises – pandémie, guerre en Ukraine, hausse des prix de l’énergie, inflation… – sont au cœur des demandes du collectif, qui souligne qu’elles « touchent particulièrement les femmes, la classe travailleuse avec et sans emploi, les personnes migrantes et/ou racisées et les minorités de genre« .

La précarisation des femmes doit prendre fin

La précarisation des femmes doit prendre fin, avance le Collecti.e.f 8 maars qui exige des « salaires, conditions de travail et pensions qui permettent de vivre dignement ». Les femmes risquent davantage d’être précarisées que les hommes, alors qu’elles sont surreprésentées dans des professions peu rémunérées – mais essentielles – telles que les soins, le non marchand, les crèches… « Elles sont d’autant plus exploitées si elles sont en séjour précaire, sans permis de travail. »

Un écart salarial subsiste également alors que selon les dernières données de l’Institut pour l’égalité des femmes et des hommes, il s’élevait en 2020 en Belgique à 8,5% lorsqu’il est corrigé pour la durée de travail et à 21,6% sans cette correction. Le dernier chiffre met en lumière la répartition inégale de la durée de travail, les femmes étant plus souvent à temps partiel que les hommes. Les temps partiels des femmes sont plus souvent dédiés à la prise en charge des enfants et ne constituent dès lors pas un choix de carrière. Aussi, « de nombreux métiers exercés par beaucoup de femmes sont organisés ‘dans le sens’ du travail à temps partiel, par exemple dans le secteur de la distribution ou du nettoyage », ajoute l’IEFH.

Inégalités de revenus

Ces inégalités « se répercutent sur les revenus de remplacement et s’accumulent au moment de la pension: la pension moyenne des femmes en Belgique est inférieure à 1.000 euros/mois », dénonce le collectif, qui décrie également la réforme fédérale de la pension minimale qui « augmentera encore les inégalités ».

La grève féministe revendique également un meilleur investissement dans les crèches et les solutions collectives « pour lutter contre la double journée de travail des femmes ». Selon le collectif, les femmes assument deux tiers des tâches domestiques et familiales – et l’entièreté en cas de famille monoparentale. Investir davantage dans les solutions d’accueil permettrait en outre « de soutenir les travailleuses de ces secteurs, en manque de personnel et de moyens ».

Violences

Lorsqu’il est question des droits des femmes, la question des violences de genre n’est jamais loin alors qu’en 2022, au moins 24 femmes ont été assassinées en raison de leur genre. « 94% des femmes déclarent avoir subi du sexisme au travail. 20 plaintes sont déposées chaque jour pour violences conjugales », liste le collectif dans son appel. « Mais c’est sans garantie de protection ni de réparation, étant donné le manque de moyens des services d’accompagnement et l’incapacité persistante de la police et de la justice à intervenir de manière adéquate dans la plupart des cas auprès des victimes et des auteurs. »

Les instigatrices de la grève féministe revendiquent des « moyens financiers structurels » et des « plans ambitieux de lutte contre les violences faites aux femmes » et aux minorités de genre, avec une focalisation sur la prévention.

Dernière revendication de la grève féministe: la lutte contre l’extrême droite et les politiques conservatrices, qui « gagnent du terrain » et dont le programme « vise à nuire aux droits fondamentaux des femmes et des minorités », selon le collectif. La grève est couverte par un préavis déposé par la CSC et la FGTB. Elle prend d’ailleurs place dans une semaine d’actions de protestation menée dans les services publics.

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