Etienne Dujardin

Grève à la SNCB : les syndicats déraillent

Etienne Dujardin Juriste et élu conseiller communal MR à Woluwe-Saint-Pierre

Sauf surprise de dernière minute, les syndicats francophones à la SNCB feront grève mercredi. Cette décision est totalement irresponsable et ne servira pas leur cause.

Le citoyen en a marre des grèves à répétition et de cette prise d’otages infligée à tous. Que la grève se fasse ou non, un fossé abyssal est en train de se former entre les syndicats et le citoyen lambda.

Premièrement, on n’y comprend plus rien. Les syndicats avaient annoncé pas moins de 5 jours de grève en janvier. Excusez du peu ! Afin de ne pas pénaliser les étudiants, trois jours de grève de la fin janvier ont été reportés. Cependant, les grèves de ce mardi et mercredi sont maintenues. On expliquera difficilement pourquoi les étudiants qui ont examen cette semaine ont moins le droit d’avoir un train que ceux qui passent un examen à la fin du mois.

Deuxièmement, les syndicats flamands préfèrent laisser la chance à la concertation. Les francophones, eux, maintiennent les grèves et étalent les divisions au grand jour. C’est du pain-béni pour Bart De Wever : il pourra s’empresser d’affirmer que les mentalités en Flandre et Wallonie sont tellement éloignées qu’il n’y a plus de chemin commun ensemble possible.

Troisièmement, c’est surtout une vision archaïque du rôle des syndicats. La SNCB doit faire des efforts de productivité, tout le monde le sait, dire l’inverse serait mentir. Les déficits structurels augmentent de plus de 200 millions d’euros chaque année et la dette est de 5 milliards d’euros pour la SNCB et Infrabel. La situation financière est désastreuse et, sans plan solide de relance, un scénario à la Sabena n’est pas à exclure. On ne peut plus demander aux contribuables de supporter ce genre de situation. Il est plus que temps de prévoir un plan ambitieux pour que la Belgique puisse continuer à bénéficier d’une entreprise facilitant la mobilité de tous. Il sera aussi nécessaire de mettre fin à toute une série de privilèges d’un autre âge.

La semaine du cheminot est de 36h. Votre temps plein à vous est normalement de 38h ou plus. Ils gagnent donc 2h par semaine. Vous multipliez cela par les 34.000 travailleurs et cela équivaut à près de 1800 emplois à plein temps. C’est abyssal comme coût pour l’entreprise et au final pour la collectivité, soit vous et moi. Le membre de la SNCB a, en outre, 37 jours de congé par an, jours fériés compris. Ce n’est pas rien. Par ailleurs, certaines fonctions peuvent prendre leur pension à 55 ans. C’est beaucoup trop tôt, un métier moins pénible devrait pouvoir être proposé en interne si la personne s’estime fatiguée à 55 ans. Il faut revoir tout cela de manière sereine et empirique. Personne n’a osé toucher au dossier de la SNCB depuis des années, de peur de déclencher des grèves à répétition. En temps de crise, l’heure du courage a sonné.

Le gouvernement doit remettre sur la table le service minimum dans les transports en commun

Il est demandé par beaucoup et c’est un service vital pour tous ceux qui n’ont pas d’autres moyens de transport, notamment les plus faibles. Le gouvernement doit interdire les piquets de grève qui empêchent les travailleurs désireux de travailler en cas de grève. Il est inacceptable qu’une poignée de travailleurs arrivent à paralyser le réseau de l’ensemble du pays en bloquant simplement certaines voies à Bruxelles. Enfin, le gouvernement doit moderniser la SNCB, en augmentant la productivité par une série de mesures, et ce, sans aucun licenciement. On pense à la fin des privilèges, au non-remplacement de tous les départs à la retraite, mais aussi à une liberté plus grande dans le contrat de gestion. Il n’est notamment pas normal que la SNCB qui doit équilibrer son budget ne puisse pas avoir plus de libertés pour organiser la différente gamme de prix des services qu’elle propose.

En faisant des grèves à répétition, les syndicats se mettent à dos le public et leurs clients. Ils doivent se renouveler. Certes, ils ont permis d’améliorer les conditions de travail dans notre pays et nous devons tous leur en être reconnaissants. Mais aujourd’hui, on ne peut plus prendre la population en otage au moindre changement. Les syndicats se divisent, deviennent illisibles dans leurs actions et sont parfois tellement caricaturaux. Protéger les travailleurs, c’est aussi protéger leur travail. Pour cela, il faut s’adapter, il faut épouser son temps, il faut se moderniser. Sans cela, la SNCB sera en retard et laissera filer le train.

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