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Frédéric Daerden :  » Le MR, c’est le parti des rentiers « 

François Brabant
François Brabant Journaliste politique au Vif/L'Express

Le député européen et bourgmestre socialiste de Herstal brosse le PTB dans le sens du poil. Et dénonce le manque de transparence de Tecteo.

Le Vif/L’Express : Si la direction du PS vous envoie sur la liste fédérale, c’est parce qu’elle vous considère comme la meilleure arme anti-PTB ?

Frédéric Daerden : Ce n’est pas la motivation première, mais c’est vrai que le PTB compte plusieurs élus à Herstal. Dès lors, je les côtoie, et j’ai peut-être une meilleure compréhension du phénomène. Au Parlement européen, je mène des combats assez à gauche. A plusieurs reprises, je me suis démarqué en défendant une position plus à gauche que le reste du groupe socialiste. Je viens encore de le faire avec le quatrième paquet ferroviaire, une étape de plus vers la libéralisation du rail. J’ai voté contre la proposition de la Commission, à l’inverse de presque tous les députés de mon groupe.

Vous voulez dire que vous êtes la personnalité idéale pour ramener au bercail socialiste les électeurs tentés par le PTB ?

En réalité, on partage les mêmes constats, le PTB et moi. Le fossé entre riches et pauvres se creuse. Il y a de plus en plus de précarité. La différence, c’est qu’au PS, nous pensons que pour changer les choses, il faut accepter de participer au pouvoir. Les dirigeants du PTB le disent eux-mêmes : ils ne veulent pas gouverner. Or si on est candidat aux élections, c’est pour être élu. Et si on est élu, c’est pour participer à la décision. Sinon, il y a une incohérence…

Olivier Maroy, ex-journaliste à la RTBF, justifie son passage au MR en disant qu’il rêve d’une Wallonie « qui tourne le dos à l’assistanat ».

Les libéraux se plaisent à véhiculer l’idée que le PS serait le parti des assistés, et ils veulent nous faire croire que le MR est le parti des travailleurs. C’est totalement faux ! Le MR n’est pas le parti des travailleurs, c’est le parti des rentiers. La vérité, c’est qu’il y a des travailleurs pauvres, des indépendants pauvres, des personnes qui vivent des situations sociales inadmissibles et qui ont besoin d’aide. Certains s’enrichissent en dormant, pendant que d’autres ne trouvent pas de travail, ça ne va pas.

Jean-Pascal Labille ne sera pas candidat le 25 mai. N’est-ce pas stupide, de la part du PS, de se priver d’une telle personnalité ?

Faut-il être sur une liste pour soutenir les valeurs socialistes ? Non. Jean-Pascal l’a dit lui-même. Il a aidé le parti avant d’être ministre, pendant qu’il l’était, il le fera après.

Le rachat de L’Avenir par Tecteo, c’est une opération que vous approuvez ?

Je suis un ardent défenseur de l’initiative industrielle publique. Mais un secteur n’est pas l’autre… Dans le cas de Tecteo, si cela se fait dans la transparence, pourquoi pas ?

On vous sent sceptique.

Je m’interroge. Cette opération a-t-elle été lancée dans une logique de rentabilité financière ? Si oui, j’attends qu’on me le démontre, car Herstal est actionnaire de Tecteo. L’objectif était-il de posséder son média ? Si on est attaché à la liberté de la presse, cela n’a pas de sens. On aboutit alors au véritable but : assurer une complémentarité entre les différents secteurs de l’intercommunale. Tecteo reste une belle entreprise, mais elle a besoin d’une stratégie claire et de transparence. Là-dessus, je reste sur ma faim.

L’intégralité de l’entretien dans Le Vif/L’Express de cette semaine

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