Gérald Papy

France : Hollande piégé par Hollande

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Débâcle aux municipales et échec de la réduction du déficit : le pouvoir socialiste est dans la mouise. Comment le président français peut-il répondre aux électeurs et opérer un virage politique alors qu’il en a déjà initié un, social-libéral, en janvier ?

La droite UMP premier parti de France, une septantaine de grandes villes ravies à la gauche, la progression du Front national traduite dans la conquête de 11 municipalités, un taux d’abstention qui interroge la santé démocratique de l’Hexagone : le scénario des élections municipales pouvait difficilement être plus mauvais pour le pouvoir socialiste. Une bérézina que les victoires de Paris, Lyon et Strasbourg ne parviennent même pas à atténuer. Le désaveu pour la gauche est cinglant. C’est aussi la politique du gouvernement, son inefficacité et son incohérence présumées, que le peuple de France a sanctionnée en votant pour la droite ou en s’abstenant.

Le message est clair. Pour autant, la solution ne l’est pas pour François Hollande. Pourquoi ?

Le mécontentement des électeurs de gauche face à la progression inexorable du chômage et face au trop-plein d’impôts appellerait un virage en faveur de la France d’en bas. Mais c’est un tournant social-libéral que François Hollande a imprimé à sa politique depuis janvier en lançant son « pacte de responsabilité » qui octroie 30 milliards de diminution de charges pour les entreprises avec l’espoir non garanti d’une relance du marché de l’emploi. Vincent Placé, dirigeant d’une Europe Ecologie Les Verts qui a réussi à tirer son épingle du jeu du scrutin, a demandé son arrêt. François Hollande peut-il se permettre ce nouveau revirement ?

De même, c’est Manuel Valls, l’actuel ministre de l’Intérieur, qui est le plus souvent cité pour remplacer Jean-Marc Ayrault au poste de Premier ministre et pour provoquer l’électrochoc psychologique qu’impose la débâcle électoral. Mais l’homme est clairement classé à la droite du PS et hérisse, par ses accents sarkozystes, les écologistes et les militants de la gauche de la gauche. François Hollande peut-il se permettre de choisir une personnalité plus consensuelle au risque de moins marquer la rupture avec l’équipe précédente ?

Enfin, les chiffres du déficit public, annoncés lundi (4,3%), non seulement consacrent l’échec de la politique menée mais réduisent fortement la marge de manoeuvre du président. La France a tardé à réformer structurellement espérant le salut par une reprise rapide de la croissance. Le nouveau Premier ministre français ne pourra bénéficier des acquis engrangés par son prédécesseur pour, comme a pu le faire son homologue italien Matteo Renzi, insuffler un vrai programme de relance. Sauf à repousser les limites des contraintes européennes, ce qui est illusoire vu l’orthodoxie prônée par l’Allemagne.

Bref, François Hollande est confronté à un solide sac de noeuds. Et il y a peu de chances que l’orientation qu’il préconisera lui permettra de sortir de l’impasse.

G.P.

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