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Expo Milan: « J’ai été injustement sali », réagit Benoît Gersdorff

Responsable, à l’origine, du catering au pavillon belge de l’exposition internationale de Milan, le Namurois Benoît Gersdorff n’a pas pu mener à bien sa mission. Il s’estime  » injustement sali  » et tient à faire connaître sa version des faits.

Victime d’un burn-out, selon la version officielle, Benoît Gersdorff était rentré en Belgique, laissant tomber ses équipes selon certains. Ce n’est pas la vérité, tient-il aujourd’hui à faire savoir, dénonçant le travail de sape du commissaire général belge de l’Expo Leo Delcroix, dont le seul travail a été d’imposer la baraque à frites à l’avant du pavillon et de permettre aux diamantaires anversois d’investir les lieux, avec un comptoir et une douzaine de vitrines, ce qui n’était pas du tout prévu, et ne correspondait d’ailleurs nullement au thème de l’Expo « Nourrir la planète, énergie pour la vie ».

Aujourd’hui, Benoît Gersdorff réagit, pour laver son honneur. De nombreux artisans qui ont collaboré à faire du pavillon belge l’un des mieux réussis de l’Expo, de l’architecte-scénariste Patrick Genard aux sociétés responsables de la construction et des aménagements nous ont en tous cas affirmé que le Namurois en a été la véritable cheville ouvrière.

Les accusations de Gersdorff réfutées par le Commissariat

Le Commissariat général réfute pour sa part les accusations de Benoît Gersdorff, parlant d' »un amalgame inacceptable de propos mensongers et calomnieux, de références inexactes et de données volontairement truquées », selon une réaction diffusée également jeudi.

M. Gersdorff dénonce notamment l’absence de réunions « Bouwteam » permettant une concertation entre le maître de l’ouvrage, l’auteur de projet et l’entreprise générale de construction. « En premier lieu, ceci est complètement faux: ce type de réunion a eu lieu pratiquement tous les quinze jours à Bruxelles ou à Milan, voire de façon hebdomadaire lorsque cela s’avérait nécessaire en fonction des besoins », a réagi le Commissariat général soulignant qu’il n’appartenait pas « à M. Gersdorff de porter un jugement au sujet des modalités de suivi de la construction du pavillon ».

Invoquant une cellule administrative permanente très restreinte, le Commissariat stipule que la commissaire adjointe et la directrice du pavillon sont chargées du suivi et de répondre aux sollicitations des personnes impliquées dans le projet. « L’intéressé parle de ‘naufrage’ du pavillon belge alors que celui-ci connaît, de l’avis général, un grand succès (…) », ont rétorqué les responsables du Commissariat à l’adresse de M. Gersdorff, « lequel s’est d’ailleurs courageusement réfugié en Belgique sous le couvert d’un certificat médical et cela, dès le début de l’Exposition ».

Note de Benoît Gersdorff sur les problèmes rencontrés lors de l’Exposition universelle de Milan

Préambule

Cette note, qui n’est pas exhaustive, énonce les principaux manquements et dysfonctionnements constatés dans l’organisation et la gestion de l’Exposition universelle de Milan 2015 par le Commissariat général du gouvernement belge.

Depuis le début du projet, la présence du pavillon belge à l’exposition de Milan fut émaillée de problèmes et de dysfonctionnements en tous genres.

La révolte du personnel de catering dont la presse s’est largement fait l’écho à l’ouverture de l’exposition ne fut qu’une péripétie satellite de la situation sous-jacente catastrophique que fut la réalisation du pavillon de même que son organisation administrative.

L’absence d’un réel « référant » au nom du Commissariat a forcé chaque jour les intervenants privés présents en Belgique et sur site à prendre des dispositions concrètes de manière à éviter le naufrage et à rendre en dépit des circonstances l’ouverture possible avec le prestige et dans la sérénité qu’une telle circonstance impose.

Si la presse et le grand public n’ont rien eu à connaître d’une cacophonie et d’une désorganisation inconcevables avec l’ordre qui est supposé régner dans une manifestation où le pays se compare aux autres états de la planète, c’est parce que chacun des intervenants a préféré prendre sur lui plutôt que d’exposer l’image de la nation aux risques d’une décrédibilisation lourde de conséquences économiques et durables.

Mais aujourd’hui, force est de constater que les autorités politiques qui ont la tutelle sur le Commissariat refusent d’assumer la gestion erratique d’un pavillon que tous les observateurs considèrent néanmoins comme l’un des plus beaux de l’expo universelle constatant de la sorte le travail comme la compétence de ceux qui par leur abnégation et leurs propres interventions financières ont compensé les défauts d’organisation du Commissariat.

Depuis le lancement du projet, Monsieur Leo Delcroix, Commissaire général, est peu impliqué et peu présent au Commissariat et à certaines réunions importantes relatives au pavillon belge.

A la demande de Monsieur Delcroix, il n’y a jamais eu de réunions « Bouwteam » permettant notamment une concertation entre le maître de l’ouvrage, l’auteur de projet et l’entreprise générale de construction, ni de suivi du Commissariat général et de la Régie des bâtiments durant la phase de demande du permis de bâtir.

A – Monsieur Benoît Gersdorff (Fondation NE5T et S.A. L’Essentiel Group)

Lorsque la société momentanée Besix-Van Hout a présenté au Commissariat général des suppléments très élevés avant le début du chantier, le Commissariat général a finalement pris conscience de la gravité de son inaction dans le suivi de la demande de permis de bâtir. Ce supplément de budget a eu un impact catastrophique sur le travail d’organisation du mandat de Monsieur Gersdorff et de la convention relative à la mise en oeuvre et à l’exploitation des espaces du pavillon belge durant l’Exposition. En effet, le Commissariat général s’est alors immiscé, sur le tard, dans la gestion de la construction du pavillon belge et de ce fait ne trouvait pas le temps de répondre aux correspondances concernant les sponsors et le projet.

Ci-dessous figure une liste des principaux dysfonctionnements imputables au Commissariat général qui ont porté préjudice à Monsieur Gersdorff et qui nuisent au pavillon belge dans son ensemble et à l’image de la Belgique :

a) Durant tout le projet, le Commissariat général n’a, malgré les demandes répétées de Monsieur Gersdorff, prévu aucune personne de contact permettant d’assurer le suivi et de répondre aux sollicitations des personnes impliquées dans ce projet. Il y a dès lors eu un manque total de suivi, de communication et d’information de la part du Commissariat général, lequel n’apportait d’ailleurs pratiquement aucune réponse aux courriers électroniques qui lui étaient adressés ;

b) En ce qui concerne le profil des membres du personnel à engager dans le cadre du pavillon belge, aucune « job description » n’a jamais été établie et le Commissariat général n’a jamais formulé de demandes précises quant au profil des personnes à engager ;

c) Malgré de nombreuses demandes en ce sens, le Commissariat général n’a jamais mis en place une cellule administrative afin d’assurer la gestion et le suivi administratif du projet. A cet égard, il convient de relever qu’un organigramme a été communiqué le 25 mars 2015, soit environ un mois seulement avant l’ouverture de l’Exposition universelle. En outre, cet organigramme n’a pas été précédé ni suivi d’aucune réunion de présentation des nouveaux arrivants et de la répartition claire des tâches ;

d) Il existe une vive tension entre le Commissaire général, Monsieur Delcroix, et le Commissaire général adjoint, Madame Marie-Noëlle Higny, ce qui rend les contacts et les prises de décisions particulièrement compliqués et dégrade fortement l’ambiance ;

e) A quatre mois de l’ouverture, la scénographie du pavillon est affublé et dénaturé par une présentation de diamants et un magasin de vente de diamants dans la géode. Cette modification inattendue engorge les réunions du « Bouwteam » alors que bien d’autres sujets en accord avec le thème du projet et de l’Exposition devaient encore être abordés et restaient sans réponse ;

f) Depuis plusieurs semaines, le Commissariat général manipule les dossiers du logement du staff du pavillon belge et des rémunérations des équipes.

Le Commissariat a ainsi indiqué aux hôtels milanais qui hébergent le staff du pavillon belge que les prochaines factures ne seraient pas payées. Une convention a pourtant été signée entre la S.A. L’Essentiel Group, représentée par Monsieur Gersdorff, et ces hôtels afin que 28 chambres soient réservées pour l’équipe du pavillon belge entre le 1er avril et le 31 octobre 2015. Cette convention a été conclue par la S.A. L’Essentiel Group au nom du Commissariat.

Concernant la rémunération des équipes, Monsieur Gersdorff a dû personnellement remplir les documents de l’équipe « catering » et les a transmis au Commissariat général le 7 avril 2015. Le 26 avril 2015, ces contrats n’étaient toujours pas signés et Monsieur Gersdorff a dès lors légitimement demandé à Madame Higny quand ces contrats seraient signés. Cette situation a évidemment irrité l’équipe qui, arrivée le 15 avril 2015, travaillait toujours sans contrat après plus de dix jours d’activité. Cette situation a finalement conduit au départ d’une grande partie de l’équipe qui n’acceptait plus les nouvelles conditions salariales finalement proposés le 10 mai, le manque de rigueur, de considération et de suivi administratif du Commissariat général.

Monsieur GERSDORFF présente dès lors plusieurs revendications :

– La réparation de son image et de celles des sociétés mises en doute dans la presse. En 35 ans de carrière, c’est la première fois que son nom est sali dans la presse par des propos totalement calomnieux et diffamatoires ;

– Compte tenu de l’ignorance totale des accords de retour de visibilité pour la Fondation NE5T – comme pour la plupart des autres sponsors/partenaires -, il sollicite le remboursement intégral des montants qui ont été investi dans le pavillon par la Fondation NE5T ;

– Le versement, par le Commissariat général à la S.A. L’Essentiel Group, de la deuxième tranche du montant relatif à la réservation des 28 chambres du staff du pavillon. En refusant de procéder au paiement du solde de ce montant, la S.A. L’Essentiel Group se trouve en défaut de paiement vis-à-vis de ces hôtels dans la mesure où c’est la S.A. L’Essentiel Group qui, mandaté par le Commissariat général, a signé une convention avec les hôtels. Ce refus de paiement a également un impact négatif et considérable sur les investissements privés de la Fondation dans la mesure où Monsieur Gersdorff a des engagements privés avec les mêmes hôtels pour l’organisation de voyages à Milan.

B- Influence sur l’ouverture du pavillon belge

Il n’y a à ce moment aucune prise en compte mais plutôt une démolition systématique et agressive par la nouvelle direction du pavillon des contacts, des accords et de l’expérience accumulés pendant des mois dans le cadre de ce projet.

Dès lors, suite au départ de la majorité des membres du personnel « catering » du pavillon belge, le Commissariat général a procédé à l’engagement d’une équipe composée de ressortissants pakistanais dès le 1er mai 2015. Ces personnes n’étaient pas déclarées et n’étaient pas non-plus formées aux obligations des lois italiennes en matière d’hygiène. Le pavillon belge a ainsi déjà fait l’objet de plusieurs rapports négatifs des autorités sanitaires italiennes.

Il convient également de mettre en exergue les pressions et le manque élémentaire de politesse dont la nouvelle direction fait preuve à l’égard de l’équipe « catering » et tout le staff en général. Lors de l’ouverture chaotique du 1er mai 2015, le pavillon belge n’était absolument pas terminé et opérationnel en raison, entre autres, des retards des travaux et de l’inexpérience d’une équipe administrative qui n’a jamais eu à gérer un projet de cette nature.

A l’ouverture, l’on constate dès lors que :

– l’ambiance générale est détestable ;

– le personnel ne dispose pas de contrat de travail ;

– les marchandises belges demandées n’ont pas été livrées alors qu’elles étaient pourtant disponibles sur place en Italie.

– le restaurant, le VIP room et les bureaux administratifs ne contiennent aucun mobilier (tables, chaises…) ;

– il y a de nombreux travaux inachevés ;

– il n’y a pas de moteur placé pour alimenter en froid les frigos du bar ;

– il y a de nombreuses entrés d’eau dans le pavillon ;

– l’espace « take-away » est toujours en chantier et inaccessible et il n’y a, de toute façon, pas d’arrivée de courant sur le lot 7 ;

– des inondations (entrée VIP et scénographie de la cave) sont constatées le 1er mai 2015 en raison d’évacuations bouchées ;

– il n’y a pas de monte-charges, ni d’ascenseurs en état de fonctionnement

– etc.

C- Entreprises sponsors/partenaires insatisfaites

Le Commissariat général n’a jamais été à l’écoute des sponsors/partenaires en ne répondant pas à leurs interpellations et en ignorant totalement leurs demandes légitimes visant à obtenir une certaine visibilité sur le pavillon belge compte tenu des importants investissements réalisés. Plusieurs sponsors et partenaires sont ainsi scandalisés par l’attitude du Commissariat général qui n’assure aucune ou très peu de visibilité pour ces sponsors alors qu’ils ont investis plusieurs dizaines voire centaines de milliers d’euros dans le pavillon belge.

Exemples concrets :

a) VDV ferronnerie www.vdv-ferronnerie.be

« La société VDV-Ferronnerie SPRL est très honorée d’avoir eu la chance de participer à l’élaboration du pavillon Belge de Milan. Dans ces circonstances exceptionnelles de l’exposition universelle, nous avons fait une remise conséquente dans le but de pouvoir bénéficier d’un écho marketing important. Malheureusement pour le moment, nous n’avons pas encore eu de retour. »

b) Fairwind www.fairwind.be

« La société Fairwind était très honorée d’apprendre sa sélection à participer et à installer son éolienne à axe vertical sur le pavillon belge de l’Expo Milano 2015.

Cependant, Fairwind en tant que Sponsor Platinium déplore l’attitude ainsi que le manque d’information et de relation avec le Commissariat Général ».

c) eQode www.eqode.be

« La SPRL eQode est une TPE active dans le domaine informatique. Participer à l’Expo Milano 2015 est une véritable aubaine. Le matériel, le temps de travail et les séjours sur place sont investis sur fonds propres. La contrepartie attendue était à tout le moins une opération marketing, la communication sur les services et produits mis en avant, ce qui, à ce jour n’a pas été mis en place par le Commissariat Général. A noter également qu’aucune convention concernant le matériel installé et les services fournis n’a été signée entre le C.G et eQode, pouvant causer un préjudice au niveau comptable.

d) …Et bien d’autres qui aujourd’hui ne désirent pas être cités pour des raisons que nous respectons

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