Gérald Papy

Explosions à Boston : une attaque contre l’Amérique d’Obama

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Deux hypothèses principales après le double attentat du marathon de Boston : l’extrême droite américaine ou la filière islamiste internationale. Dans les deux cas, c’est Barack Obama et sa figure symbolique qui sont visés.

Douze ans après le 11-Septembre, l’Amérique replonge dans l’horreur terroriste. Mais la nature de l’attaque dont ont été victimes les participants et les spectateurs du marathon de Boston n’est pas nécessairement la même.

Deux hypothèses principales peuvent être avancées pour identifier les auteurs des deux explosions qui ont fait, selon un bilan provisoire, trois morts et une centaine de blessés lundi sur la côte est des États-Unis. Une piste intérieure liée à un groupe ou un individu d’extrême droite, une piste extérieure orchestrée par Al-Qaeda ou une de ses filiales.

L’attentat d’Oklahoma City en 1995 contre un établissement de l’administration fédérale américaine reste l’illustration la plus meurtrière (168 décès) d’un activisme d’extrême droite présent aux États unis depuis des décennies et qui se traduit, à l’occasion, par des passages à l’acte violents. L’attentat attribué à Timothy McVeigh fut perpétré un… 19 avril. La cible (la ville de Boston, cosmopolite et « européenne »), le matériel utilisé (des explosifs apparemment de fabrication artisanale) tendraient à accréditer cette thèse. Tandis que le mobile pourrait être trouvé dans la réélection récente pour un second mandat de Barack Obama, ce premier président noir des États-Unis dont la figure symbolique est honnie par certains Américains.

Dans l’attente d’éléments d’enquête plus précis et probants, une seconde hypothèse reste plausible, celle d’un acte terroriste d’inspiration islamiste. Le cadre (une manifestation grand public et médiatisée), le modus operandi (des explosions quasi simultanées dans un même lieu ; à cet égard, il serait utile de savoir si d’autres engins devaient exploser) donneraient du crédit à cette thèse. En revanche, la relative « faiblesse » des explosifs inclinerait à la rejeter. Les mobiles ne manqueraient en tout cas pas pour appuyer la piste islamiste : de la proximité avec le dixième anniversaire de l’invasion de l’Irak (mars-avril 2003) à celle du deuxième anniversaire de la mort d’Oussama Ben Laden (2 mai 2011) en passant par la très actuelle politique américaine d’élimination de terroristes présumés au moyen de drones dans la zone afghano-pakistanaise et au Yémen.

Dans les heures à venir, un élément devrait trancher en faveur d’un scénario ou l’autre : y aura-t-il revendication ou non ? Si les auteurs sont islamistes, ils ne manqueront pas de revendiquer l’attaque de Boston. S’il n’y a pas de revendication, il faudra privilégier la piste intérieure.

Dans les deux hypothèses, le double attentat de Boston est une attaque ouverte contre Barack Obama, sa politique et ce qu’elle représente. La prudence avec laquelle le président américain a réagi au drame lundi soir suggère en tout cas que les États-Unis seront préservés, au sommet, des amalgames qui ont accompagné les attentats du 11-Septembre sous l’ère de George Bush. Barack Obama devra veiller à ce que cela n’apparaisse pas comme un aveu de faiblesse alors que déjà, l’efficacité de ses services de renseignements sera questionnée…

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