Pierre Havaux

Et la Flandre dans tout ça? Faire classe à la maison, c’est tendance (chronique)

Pierre Havaux Journaliste au Vif

La scolarité pratiquée en milieu familial séduit petit à petit en Flandre. Des parents auraient pris goût à l’enseignement dispensé à distance pendant le confinement. Mais enseignement à distance ne veut pas dire école à la maison, une nuance qui n’échappe pas au Ministre de l’Ensignement flamand, Ben Weyts (N-VA).

Enseignement obligatoire ne veut pas dire école obligatoire. La nuance échappe à de moins en moins de parents en Flandre, où la scolarité pratiquée en milieu familial séduit petit à petit. 1.448 élèves s’y frotteront durant cette année scolaire 2020-2021, soit 33% de plus que la saison précédente, laquelle avait déjà enregistré une augmentation de fréquentation de 11% par rapport à la cuvée 2018-2019.

La nouvelle ne réjouit pas franchement Ben Weyts (N-VA). Non pas que le ministre de l’Enseignement flamand ait à redouter la concurrence alors que 99,87% des 1.175.538 Flamands de 5 à 18 ans continuent d’emprunter classiquement le chemin de l’école pour s’instruire. Mais cet intérêt croissant pour faire classe dans les chaumières cache visiblement quelque chose. Quoi de neuf qui puisse l’expliquer? La piste de l’abaissement de 6 à 5 ans de l’âge minimum de la scolarité obligatoire, effectif depuis le 1er septembre, est à écarter. La saga du corona serait bel et bien en train de passer par là, soupçonne Ben Weyts. Des parents auraient pris à ce point goût à l’enseignement dispensé à distance durant le lockdown qu’ils se seraient découvert une vocation de prof et se sentiraient parfaitement aptes à faire aussi bien progresser leur progéniture sur une table de salle à manger que sur un banc d’école. Cette crise sanitaire inciterait au repli vers le cocon familial jugé plus sécurisant pour apprendre, à l’abri des risques de contamination, des contraintes des gestes barrières ou, plus largement, du harcèlement à l’école.

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Ben Weyts sait se montrer compréhensif à l’égard de la démarche, pour autant qu’elle reste passagère et qu’elle ne s’envisage que comme une solution dictée par les circonstances. Car enseignement à distance ne veut pas forcément dire école à la maison. La nuance n’échappe pas à Ben Weyts. Loin de lui l’idée de contester le droit constitutionnel à être instruit à domicile mais le ministre ne poussera pas à la consommation: on n’aurait encore rien inventé de mieux qu’une présence en classe et le savoir-faire d’un enseignant pour forger des têtes bien faites et bien pleines. Vivement donc un retour rapide à la normale et aux bonnes vieilles habitudes, cela vaudra mieux pour tout le monde, y compris pour les parents, lesquels sous-estimeraient la charge réelle que représente l’acte d’enseigner. Franchir le pas n’est pas une décision à prendre à la légère, insistent les spécialistes de cette filière qui disent être de plus en plus contactés par des parents attirés par la formule. Il faut pouvoir l’assumer sur la durée, se soumettre aux exigences de contenu, au contrôle de l’inspection scolaire, à la certification par voie d’examens.

Dirk Van Damme, monsieur enseignement auprès de l’OCDE, a tout de même confié au Standaard ses doutes quant à un revirement d’attitude post-corona. Selon lui, de plus en plus d’élèves n’accrochent plus au schéma classique de l’école et de plus en plus de parents cherchent des alternatives pour leur enfant en souffrance ou en décrochage scolaire. Il se pourrait que la crise sanitaire ne fasse qu’accélérer la tentation de préférer l’atmosphère d’un salon à l’ambiance d’une classe en guise de cadre scolaire. N’en déplaise à Ben Weyts.

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