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Eric Van Rompuy appelle le parlement à la rébellion budgétaire

Le président de la commission des Finances, le CD&V Eric Van Rompuy, invite les députés à se mesurer au gouvernement qu’il accuse de considérer le parlement comme une vulgaire « boîte aux lettres ». Il n’est pas certain que le budget puisse être voté d’ici aux vacances de Noël, met-il en garde.

Eric Van Rompuy observe sur son blog que la commission des Finances ne devrait recevoir les documents budgétaires que mercredi, soit cinq semaines après le délai habituel du 15 octobre. Les ministres des Finances et du Budget, Johan Van Overtveldt et Sophie Wilmès viendront ensuite les présenter en commission le vendredi 25 novembre. Le 29 novembre, la Commission européenne viendra formuler ses observations avant que la Cour des comptes remette son avis le 6 décembre. Or, si le parlement veut avoir voté le budget avant les vacances de Noël, il devra l’avoir fait en commission d’ici au mercredi 14 décembre, un délai pratiquement intenable aux yeux de son président. « Si le gouvernement pense que le parlement est une boîte aux lettres pour ses documents budgétaires, il pourrait bien se tromper cette année. Il faudra s’attendre à de sérieux débats durant lesquels le calendrier sera tributaire du contenu des échanges », avertit-il.

Car, tonne le bouillonnant député de la majorité, le budget « ne tient clairement pas la route ». Eric van Rompuy s’en prend directement au Premier ministre Charles Michel qui, dans la presse du week-end, qualifie « la Belgique de bon élève, ce que reconnait la Commission européenne ». Selon le chef du gouvernement, « sans vouloir faire de triomphalisme, nous sommes dans les rails ». Evoquant « les remarques et les questions très critiques » de la Commission européenne, le président de la commission des Finances s’étonne que le premier ministre les écarte d’un revers de la main. « Le Premier ministre considère-t-il les parlementaires comme un groupe d’analphabètes qui ne savent pas lire? », s’interroge-t-il. « Nous ne sommes clairement pas sur les rails. Sorry premier, madame la Marquise: ‘tout ne va pas très bien' », écrit-il, en français dans le texte.

Et le député CD&V d’énumérer les manquements: des recettes qui restent en retrait des prévisions, un taxshift sous-financé, des recettes en provenance des revenus du capital nettement en retrait des prévisions, notamment la taxe Caïman, la régularisation fiscale, autant de mesures N-VA. M. Van Rompuy observe également que les comptes n’y sont pas non plus en termes d’assainissement: une détérioration du déficit structurel de 0,1% du PIB en 2016 au lieu d’une amélioration de 0,6%; un effort d’assainissement estimé à 0,7% par la Commission européenne en 2017 au lieu de la diminution annoncée du déficit structurel d’1,4%. Le ratio de la dette repart quant à lui à la hausse, de 105,8% en 2015 à 107% en 2016 et 107,1% en 2017. « La boule de neige est de retour en Belgique; incapable de dégager des surplus primaires », conclut le député.

Ce dernier enjoint « le gouvernement à venir expliquer ces mauvais chiffres ». Il appelle le parlement à retrouver sa fonction de contrôle du gouvernement, se demandant si la Belgique ne file pas tout droit vers la procédure de déficit excessif. Il souhaite également savoir ce qu’il adviendra des charges d’intérêt de la dette si les taux repartent à la hausse, comme on a pu l’observer ces derniers jours. « J’invite les députés de la Chambre à démontrer au gouvernement, durant les prochaines semaines, qui a raison. »

Evoquant le « cadeau d’anniversaire » que semble vouloir lui offrir mercredi le gouvernement en lui transmettant les documents budgétaires, il prévient qu’à l’âge de 67 ans, dont 33 années passées au parlement, ce dernier « n’aura aucune prise » sur lui. « Et je suis trois ans plus jeune que Trump qui a prouvé qu’on pouvait encore devenir président des Etats-Unis à 70 ans », ironise-t-il en guise de conclusion.

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