Deux millions d’euros ont été dégagés pour aider les écoles à lutter contre le harcèlement. © getty images

Harcèlement scolaire: pourquoi les solutions structurelles font cruellement défaut

Ludivine Ponciau
Ludivine Ponciau Journaliste au Vif

Seules des mesures structurelles et une approche coordonnée permettent de lutter efficacement contre le harcèlement.

Qui doit s’emparer du problème du harcèlement scolaire? Qui doit intervenir? L’école, les parents ou des intermédiaires tels que les centres PMS? Jusqu’ici, peu de solutions structurelles ont été apportées, chacun se renvoyant la balle ou ne sachant pas très bien s’il est compétent pour intervenir.

En l’absence de réglementation, les écoles qui souhaitent s’outiller et former leurs enseignants doivent en faire la demande auprès d’associations engagées dans la lutte contre le harcèlement, ou d’acteurs de terrain spécialisés. Sans cadre ni évaluation, difficile de savoir si un atelier proposé est adapté au public visé ou si les intervenants sont suffisamment formés.

L’asbl «Les mots de Tom» fait partie des associations qui mènent des actions de sensibilisation dans les établissements scolaires. Zara Chiarolini a rejoint Les mots de Tom après le suicide de sa fille, Maëlle, harcelée dans son centre scolaire. Elle dénonce le manque de moyens déployés pour mettre fin aux situations de harcèlement. «Nous sommes sollicités quotidiennement par des parents, des enseignants, des directions d’école de Liège, de Bruxelles, de Namur… de partout. Si bien que nous nous demandons, en tant que parents endeuillés, s’il est normal que toutes ces requêtes nous parviennent. Cela prouve que sur le terrain, il y a un manque de moyens pour y répondre.»

En septembre 2020, la Fédération Wallonie-Bruxelles, pouvoir organisateur, a été condamnée par la justice pour son inaction dans un cas de harcèlement d’une jeune fille qui avait tenté de mettre fin à ses jours. Ses parents avaient averti l’école de la situation mais aucune mesure n’avait été prise.

Juste avant la crise sanitaire, une application avait été lancée par Child Focus, en collaboration avec l’université et la Ville de Mons, ainsi que la Computer Crime Unit de la police fédérale. Cyber Help permet à un jeune d’activer, depuis son smartphone, une alerte dès la première agression. Ce signal doit en principe déclencher une prise en charge… sauf que, déplore le psychopédagogue de l’UMons qui a participé au projet, Bruno Humbeeck, l’application n’est d’aucune utilité si le dispositif de prise en charge est insuffisant et que les écoles ne sont pas assez outillées. A ce jour, il n’existe aucune ligne d’écoute téléphonique à disposition des jeunes ou de leurs parents.

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Les choses sont toutefois sur le point de changer. Dans le cadre du Pacte d’excellence, plus de deux millions d’euros ont été dégagés pour aider les écoles à mener des actions coordonnées, structurelles et durables et améliorer le climat scolaire. En cours d’adoption, le décret devrait entrer en vigueur dès la rentrée 2023-2024. Il prévoit la création d’un Observatoire du climat scolaire, chargé de collecter les données scientifiques sur le phénomène et d’alimenter les écoles en ressources, ainsi qu’un accompagnement des établissements scolaires durant la première année par des opérateurs professionnels externes pour la mise en œuvre des mesures telles que le signalement de cas, la création d’espaces de dialogue ou la formation des enseignants. Environ deux cents écoles pourraient déjà bénéficier de ces nouveaux moyens à la rentrée.

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