Anne-Sophie Bailly

« En Belgique, il y a unanimité sur au moins une chose: le montant de la dette. Trop élevé! » (édito)

Anne-Sophie Bailly Rédactrice en chef

Dans dix ans, notre pays fêtera ses 200 ans. […] Ce rendez-vous de 2030, préparons-le ensemble.  » Ces quelques mots prononcés par le roi Philippe en janvier dernier lors de la réception annuelle des corps constitués avaient été reçus par quelques sourires sceptiques de l’assemblée.

C’est que penser en 2020 à préparer un bicentenaire, tous ensemble et main dans la main, semblait plus tenir du voeu pieu que d’une réelle perspective d’avenir. Et le souverain d’en appeler au sens de la responsabilité de chacun pour construire des ponts et trouver un terrain d’entente pour sortir de l’ornière politique.

Six mois plus tard, le scepticisme reste de mise et le discours royal, aussi volontariste qu’il ait voulu être, n’a toujours pas trouvé de concrétisation. Pire, la Belgique semble divisée comme jamais.

Politiquement d’abord, entre le Nord qui vote très, très à droite et le Sud qui vote de plus en plus à gauche, entre les confédéralistes, les séparatistes et les unionistes, la recherche du fameux compromis à la belge qui permettrait de constituer un gouvernement fédéral semble hors de portée . Jusqu’ici, quels que soient la configuration, le nom ou l’esquisse de contenu qu’on ait voulu lui donner, aucune majorité n’est clairement sur les rails.

Ethiquement ensuite. Le pays s’écharpe maintenant (ou plutôt toujours) sur la question de l’avortement. Avec, d’un côté, ceux qui se battent pour la défense des droits de la femme, leur droit à l’autodétermination et la dépénalisation du personnel médical qui vient en aide à ces femmes désemparées. Et de l’autre, ceux qui se disent que, finalement, douze semaines c’est bien assez pour décider d’une IVG. Et qu’après, tant pis, il faudra bien assumer le bébé et tout ce qui va avec.

Même sur la gestion de la crise sanitaire, personne ne parle d’une seule voix. On a par exemple eu ceux qui voulaient rouvrir les écoles et ceux qui trouvaient que quelques zooms par semaine c’était bien suffisant. Ceux qui faisaient passer l’économie avant l’humain (et le contraire aussi d’ailleurs). Ceux qui ont inondé les réseaux sociaux pour expliquer aux autres pourquoi porter un masque était absolument indispensable. Et ceux qui n’ont eu de cesse de dire qu’ils n’étaient pas des moutons et qu’ils défendraient chèrement leur liberté individuelle.

On pourrait multiplier les exemples, mais pointons plutôt une chose qui continue à rassembler tout ce beau monde : le montant de la dette. Trop élevé ! Là-dessus, il y a unanimité. Et la crise sanitaire actuelle ne fait qu’en accentuer grandement le poids. Alors on le souligne une nouvelle fois, forçons le compromis, autour de l’urgence socio-économique, de l’impératif qu’il y a à élaborer un plan de relance, un budget, un accord de gouvernement. Pour éviter que le pays tout entier, Nord comme Sud, progressistes comme conservateurs, confédéralistes comme régionalistes, ne sombre dans une profonde déprime économique. Main dans la main et tous ensemble.

Après seulement, on pourra commencer à parler d’un gâteau avec 200 bougies, et ouvrir les débats pour savoir si les fraises qui le garniront viendront de Wépion ou d’Hoogstraten.

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