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Élections 2019 : voici les acteurs et les enjeux belges du scrutin européen

Olivier Rogeau
Olivier Rogeau Journaliste au Vif

Trois listes tirées par des ex-présidents de parti, des candidats atypiques aux « places de combat », pas de femme tête de liste côté francophone… Voici tout ce que vous devez savoir sur les enjeux belges des élections européennes avant de mettre votre bulletin dans l’urne.

QUI GAGNE ? QUI PERD ?

Le 26 mai, la Belgique élira 21 eurodéputés, dont 12 Flamands, 8 francophones et 1 germanophone. D’après les projections publiées par le Parlement européen et le site Politico, Ecolo gagnerait un siège aux dépens des socialistes, tandis que le PTB (extrême gauche) pourrait obtenir un premier député européen, pris aux libéraux. Le futur contingent d’élus francophones serait, dans ce cas de figure, composé de 2 Ecolo (+1), 2 MR (-1), 2 PS (-1), 1 PTB (+1) et 1 CDH (=). Du côté flamand, la N-VA réussirait à conserver ses 4 sièges, tandis que Groen (+1), le CD&V (=) et le Vlaams Belang (+1) en auraient chacun deux. Le SP.A garderait son unique siège tandis que l’Open VLD n’en aurait plus que un (-1). La projection n’a pas pris en compte la Communauté germanophone (son eurodéputé sortant, Pascal Arimont, est social-chrétien).

Élections 2019 : voici les acteurs et les enjeux belges du scrutin européen
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PLACES DE COMBAT à des CANDIDATS ATYPIQUES

Dans les rangs francophones, trois nouveaux candidats, placés à des  » places de combat « , ont des profils singuliers. Le Français Nicolas Barnier, 3e sur la liste MR, est le fils de Michel Barnier (Les Républicains), négociateur en chef de l’Union européenne pour le Brexit. Olivier De Schutter, 3e sur la liste Ecolo, est l’ancien rapporteur spécial des Nations unies sur l’alimentation et un défenseur des circuits courts entre producteurs et consommateurs. Benoît Cassart, tête de liste DéFI, est éleveur bovin en province de Namur et fondateur d’une société spécialisée dans la génétique bovine.

UNE DÉROGATION POUR REMPILER

Philippe Lamberts, coprésident des Verts/ALE, qui s’est fait remarquer à plusieurs reprises dans l’hémicycle européen – critiques virulentes à l’égard d’Emmanuel Macron, de Charles Michel… -, a obtenu une dérogation d’Ecolo pour se présenter une troisième fois aux élections européennes. S’il est élu, ce qui ne fait pas l’ombre d’un doute (il est tête de liste), il espère poursuivre à la tête du groupe. En revanche, quatre autres eurodéputés francophones quittent le Parlement européen : les MR Louis Michel et Gérard Deprez, pour qui la retraite parlementaire a sonné, et le CDH Claude Rolin et le PS Hugues Bayet.

Paul Magnette.
Paul Magnette.© Jean-Marc Quinet/belgaimage

OÙ SONT LES FEMMES ?

Le départ de ces quatre élus masculins ne se traduit pas par un rééquilibrage hommes-femmes dans les débats entre têtes de liste francophones : PS, MR, CDH, Ecolo, DéFI et PTB ont tous désigné un homme comme chef de file. La seule liste francophone tirée par une femme est celle du Parti populaire de Mischaël Modrikamen. Mais cette désignation n’est pas exempte de népotisme : la tête de liste n’est autre que Yasmine Modrikamen-Dehaene, l’épouse du président-fondateur de la formation populiste.

LE COMBAT DES CHEFS

Philippe Lamberts.
Philippe Lamberts.© Jean-Marc Quinet/belgaimage

Le rendez-vous électoral européen est marqué, du côté belge francophone, par un  » combat des chefs  » entre trois ex-présidents de parti, qui tirent la liste de leur formation : Paul Magnette (PS), Olivier Chastel (MR) et Benoît Lutgen (CDH). Parmi eux, le seul europhile convaincu et spécialiste des matières européennes (il y a consacré sa thèse) est Paul Magnette. Le Carolo a même a acquis une renommée médiatique internationale en octobre 2016 en tant que héraut de la lutte contre le traité de libre-échange avec le Canada (Ceta).

Et pourtant, Magnette est le seul des trois ex-présidents qui, s’il est élu le 26 mai, ne siégera pas au Parlement européen. Le socialiste a annoncé qu’il préférait rester bourgmestre de Charleroi, laissant ainsi son siège à son suppléant, l’eurodéputé sortant Marc Tarabella. Pourquoi, dès lors, se présenter à l’Europe, se demandera l’électeur ? Personnalité politique préférée des Wallons (3e à Bruxelles), Magnette est tête liste aux européennes avec, pour objectif, de faire un score et de tester sa popularité. Un carton électoral serait un atout s’il se décide à briguer la présidence du PS ou si son parti est appelé à intégrer la nouvelle majorité fédérale.

Benoît Lutgen.
Benoît Lutgen.© Jean-Marc Quinet/belgaimage

Parlementaire européen, une préretraite dorée ?

En revanche, pour Olivier Chastel, Benoît Lutgen, le ministre fédéral de l’Emploi Kris Peeters (CD&V) et le ministre-président flamand Geert Bourgeois (N-VA), tous têtes de liste aux élections européennes, l’Europe apparaît plutôt comme une confortable fin de parcours politique. Les mauvaises langues parlent de  » cimetière des éléphants « . Pour Chastel, Lutgen et Peeters, c’est aussi un refuge, après une période d’exposition politico-médiatique et de frustrations sur la scène nationale. Kris Peeters, qui a défié Bart De Wever pour le mayorat d’Anvers aux élections du 14 octobre, a subi une lourde défaite. En mars dernier, dans l’émission Alloo Bij de VTM, le leader des nationalistes flamands n’a pas hésité à se moquer de Peeters :  » Triste fin pour un vice-Premier ministre. Tout le monde le sait : (eurodéputé), c’est la pension en réalité. Les Romains auraient dit : « Rentrez chez vous, faites-vous couler un bain et ouvrez-vous les veines, car vous ne servez plus à rien ».  » Propos qualifiés par le président du CD&V Wouter Beke de  » dégoûtants « .

Marc Botenga.
Marc Botenga.© Michel Houet/belgaimage

Pas de réactions aussi méprisantes du côté francophone après la désignation d’Olivier Chastel, ex-secrétaire aux Affaires européennes, comme tête de liste des libéraux. A l’époque où il était président du MR, le Carolo ne prenait aucune décision majeure sans l’aval de Charles Michel, ce qui a érodé sa crédibilité politique. Chastel ne s’est pas fait prier, en février dernier, pour céder sa place au Premier ministre. De même, Lutgen serait, dit-on, lassé de la politique belge. Non seulement l’ex-président du CDH n’est pas parvenu à enrayer le lent déclin du parti humaniste, mais il est la cible de la vindicte socialiste pour avoir, le 19 juin 2017,  » retiré la prise  » du gouvernement wallon afin d’en éjecter le PS (Paul Magnette n’a pas digéré cette  » trahison « ). En janvier dernier, l’Ardennais a cédé la présidence du parti au Namurois Maxime Prévot, qui, lui, entretient toujours de bonnes relations avec Magnette. Si Lutgen se retrouve tête de liste, c’est pour tenter de sauver le seul siège européen du CDH. Il a prévenu que, s’il est élu, il cumulera le job d’eurodéputé et celui de bourgmestre de Bastogne. Et jure que l’Europe est pour lui  » un choix de passion, pas de pension « .

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