Bruxelles © Belga

Edito en Flandre : « La démonstration de force sans plus est une arme impuissante »

Rejet et indignation dominent les éditoriaux flamands mercredi qui s’accordent à penser que les attentats survenus à Bruxelles étaient prévisibles. Les éditorialistes évoquent de nombreuses pistes de mesures à mettre en place pour lutter contre le terrorisme.

Pour Isabel Albers du quoditien De Tijd, le 22 mars s’inscrit comme « le début d’une nouvelle ère, avec le sentiment de n’être en sécurité nulle part ». « Les mesures de sécurité en tant que telles ne sont pas suffisantes. La démonstration de force sans plus est une arme impuissante », écrit Mme Albers. « Les jeunes qui sympathisent avec ‘les héros syriens’, ces Abdeslam et autres terroristes aux allures de stars, sont un immense problème de société. Nous ne réduirons le terrorisme qui si toute la société, musulmans inclus, soutient la même approche. Avec la polarisation, nous ne progressons pas. »

Pour Bart Sturtewagen du Standaard, cette date du 22 mars est aussi un moment charnière. « Plus rien ne sera pareil. Après Paris et le ‘lockdown’ de Bruxelles, nous avions pu petit à petit reprendre nos habitudes d’avant. Ce n’est plus possible », affirme M. Sturtewagen. « Nos vies vont indéniablement se dérouler encore plus à l’ombre des mesures de sécurité et à celle des restrictions à notre vie privée et à nos libertés de mouvements. En temps de guerre, les lois ne sont plus les mêmes et ceci est une guerre. » « Une guerre au au sein de laquelle nos adversaires ne reconnaissent aucune règle », observe-t-il encore.

De Morgen constate que la Belgique est entrée dans une nouvelle réalité avec ces nouveaux attentats d’une grande ampleur. Il s’interroge s’il ne faut pas maintenant vivre « juste un peu différemment ». « La question est cruciale de savoir comment nous allons inscrire notre changement de vie dans nos normes et nos valeurs d’une société libre, ouverte et égalitaire. »

Il estime en outre que le flux de jeunes qui envisagent de marcher dans les pas de personnages comme Abaaoud ou Abdeslam ne pourra être stoppé que si une offre alternative leur est offerte, autre que sentiment de déracinement et d’aliénation.

Pour Jan Segers dans Het Laatste Nieuws, cette date funeste sera inscrite comme « le jour le plus sombre de ce début de siècle ». « L’effroi a choqué la Belgique au réveil avec les explosions à Zaventem et dans le métro bruxellois. La tentation est grande de vouloir se réveiller aujourd’hui dans un autre pays, dans lequel rien ne serait plus jamais pareil. Il en est ainsi pour les proches des victimes, les blessés et tous ceux qui ont été témoin du bain de sang. Mais il ne fallait pas être hier à Zaventem ou rue de la Loi pour en sentir le choc. »

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