Doxing : publier des informations personnelles dans le but de nuire

Muriel Lefevre

Le doxing, soit la mise au pilori sur les réseaux sociaux, gagne du terrain. On le constate encore avec l’affaire du viol suivi du suicide d’une jeune fille en Flandre qui illustre les deux aspects de ce phénomène. D’un côté on a publié les identités des différents suspects et de l’autre la même technique a servi à harceler la jeune fille.

Le doxing, soit le fait de publier des informations et détails sur l’identité de certaines personnes sur les réseaux sociaux dans le but de leur nuire est en réalité un concept relativement large et surtout malheureusement fréquent. L’idée derrière le doxing est de lâcher la meute sur une personne bien précise. Ce n’est rien d’autre qu’une condamnation sans procès, un procédé digne du Moyen-âge, mais avec des moyens modernes. Loin d’être anodin, le harcèlement peut être tel que la vie de cette personne se transforme en enfer. Au point qu’elle doive changer de numéro de téléphone, déménager et, dans les cas les plus graves, même changer d’identité.

Le plus surprenant c’est qu’a priori le doxing n’est pas systématiquement punissable. Divulguer de telles données ne constitue pas une infraction pénale en soi. Si dans les médias le code de déontologie régit ce qui peut être divulgué ou non, il n’est pas de vigueur pour les particuliers qui postent des infos sur leur profil.

Publier des données n’est donc pas stricto-senso interdit. Il existe néanmoins quelques limites. On ne peut ainsi pas briser le secret de l’enquête. Une personne qui a accès au dossier ou un témoin ne peut pas publier tout ce qu’il sait sur les réseaux. On ne peut pas non publier l’identité de mineurs ayant commis un crime. On ne peut pas non plus menacer la personne, mais c’est au tribunal de juger ce qui peut être estimé menaçant ou non.

Par ailleurs, si la personne qui porte plainte parvient à démontrer qu’il s’agit de harcèlement électronique dans le but de nuire (par exemple lorsque les données sont accompagnées d’une incitation à appeler), la publication de ces informations devient un délit passible d’une amende pouvant aller jusqu’à 300 euros et de deux ans de prison. Pour se protéger du doxing on peut faire appel aux mesures relatives à la vie privée, mais encore faut-il déposer plainte, ce que peu de victimes font. On pourrait aussi porter plainte pour calomnie ou diffamation, mais faut-il encore que ce qui est écrit soit faux.

Les groupes d’exhibition

Sur les fils des médias sociaux tels que Telegram et Snapchat, les groupes dits « d’expo » sont de plus en plus populaires, précise la VRT. Les groupes d’exhibition sont des groupes de discussion où les gens partagent des photos et des vidéos nues d’autres personnes pour les humilier. Un phénomène qui s’est encore amplifié ces derniers mois. Depuis le début de la pandémie, le nombre de dossiers concernant des images en ligne d’abus sexuels a en effet augmenté de plus de 60 %.

Il s’agit souvent d’images de nus de jeunes filles mineures, mais aussi d’images où des filles sont victimes d’abus sexuels. Des informations privées telles que les numéros de téléphone sont également partagées. Ici aussi le doxing est quasiment systématique. D’après les messages, « on peut déduire que les membres sont souvent des adolescents et certains cherchent à se venger parce qu’ils ont été largués récemment ou encore qu’ils n’ont tout simplement pas obtenu les faveurs de la fille « , explique la journaliste Helen Goedgebeur dans « Het journaal ».

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