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Devant la commission Buizingen, Etienne Schouppe minimise les errements de la SNCB

Etienne Schouppe était encore une fois appelé à s’expliquer devant la commission Buizingen, en tant qu’ancien administrateur général de la SNCB. Selon lui, il y avait de bonnes raisons de ne pas investir dans le système de freinage automatique TBL1+.

« Au moment où j’ai quitté la SNCB, j’étais convaincu que toutes les décisions avaient été prises concernant la formation des conducteurs, le calendrier, le choix des techniques, les budgets », etc, pour assurer la sécurité du rail, a affirmé lundi le secrétaire d’Etat Etienne Schouppe, qui revenait devant la commission « Buizingen » pour expliquer son action entre 1988 et 2002, lorsqu’il fut successivment directeur général et administrateur délégué de l’entreprise ferroviaire.

M. Schouppe a présenté à la commission spéciale un long exposé technique sur près de 15 ans de gestion de la sécurité à la SNCB, soulignant le lourd héritage du passé (sous-investissement dans le réseau dans les années 1980), le contexte budgétaire difficile ainsi que la complexité pour l’industrie de développer des systèmes de freinage d’urgence de pointe et interopérables.

Il a ainsi affirmé que le choix fin des années 1980 d’un « moratoire » sur le développement du système TBL1 (freinage d’urgence après le franchissement d’un feu rouge) était justifié, selon les experts, par les limites de ce système et la possibilité d’effectuer un « bond en avant » en optant pour une nouvelle version TBL2-3 (freinage automatique avant même le feu rouge).

Certains commissaires n’ont pas été satisfaits de cette réponse, relevant que le TBL1 aurait sans doute déjà permis d’empêcher une catastrophe comme celle de Pécrot en 2001.

Etienne Schouppe a souligné que la signalisation n’était pas tout, et qu’il fallait aussi voir les efforts consentis dans la sécurisation des passages à niveau, la modernisation des cabines de signalisation, la formation et l’équipement des conducteurs de train. « La signalisation est peut-être le seul aspect que l’on a étalé dans le temps », a-t-il relativisé. Certes, le TBL1 aurait permis une « légère » amélioration, mais l’investissement dans ce système doit être mis en balance avec, par exemple, la sécurisation et la suppression des passages à niveau, qui faisaient à l’époque plus de tués, a-t-il ajouté.

Les rapports d’expertise avaient pour leur part souligné que les tergiversations de la fin des années 1980 et des années 1990 concernant les investissements dans un système de sécurité étaient en partie responsables du retard accumulé par la Belgique en la matière sur ses voisins.

Président du conseil d’administration de la SNCB de 1991 à 2002, Michel Damar a confirmé l’effort porté prioritairement sur la sécurisation des passages à niveau. « Jusqu’en 1998, époque où les franchissements de feu rouge ont commencé à augmenter, on n’avait pas la perception d’une urgence de travailler sur un système de sécurité, vu l’état du réseau à l’époque », a-t-il dit. « Notre logique était plutôt d’attendre le développement du système de sécurité pour les lignes à grande vitesse, et l’appliquer par la suite au trafic intérieur. Le TGV, c’était là l’urgence », a-t-il rappelé.

Le choix en 1999 d’opter pour un nouveau système de sécurité, le très performant ETCS (un choix sur lequel la SNCB reviendra encore quelques années plus tard pour encourager le système actuel TBL1+), était sans doute teinté d’idéalisme mais faisait preuve aussi de volontarisme, a justifié Michel Damar. L’Europe aussi a fait preuve d’idéalisme puisqu’elle a tardé à délivrer ses spécifications, a-t-il ajouté. « Nous n’avons pas réussi à mettre en place un système de contrôle de la marche des trains dans les années 1990. Au-delà de la SNCB, tout le secteur public était en retard. Il n’y a d’ailleurs actuellement, dans le secteur public, toujours aucune généralisation d’une approche du risque sur base d’une méthodologie commune », a conclu Michel Damar.

LeVif.be, avec Belga

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