La Baule, France, en période de coronavirus. © AFP

Des corridors à touristes et un passeport Covid-19? Oh le bel été…

Olivier Mouton
Olivier Mouton Journaliste

L’Europe tente de coordonner ses Etats-membres pour permettre certaines vacances à l’étranger. La Belgique pas forcément bien lotie. La principale piste demeure de rester au pays.

De nombreux Belges se résignent à passer l’été au pays en raison de la crise du coronavirus. Ce sera l’occasion de redécouvrir les merveilles de Gand et des Fagnes, la folie des cascades de Coo ou des parcs animaliers, le charme de Manneken Pis et de sa soeur Janneke, voire les plaisirs de la mer du Nord – enfin, si vous avez le précieux sésame qui pourrait y donner accès. Profitez-en : la Flandre, la Wallonie et Bruxelles s’offriront encore à vous sans contrôles douaniers.

Cette perspective vous chagrine. Vous rêvez de nouvelles découvertes européennes ou de retrouver vos amis en France, en Espagne ou en Italie ? La possibilité n’est pas encore tout à fait morte, même si les chances demeurent infimes. Les ministres européens du Tourisme se sont concertés par vidéoconférence, lundi, sous présidence croate, pour tenter d’esquisser des pistes pour cet été. L’enjeu dépasse nos rêves d’évasion : le secteur du tourisme emploie directement plus de vingt millions d’Européens, sans compter toute la richesse qu’il génère, et vaut pour près de 12% du PIB communautaire – bien plus dans certaines destinations privilégiées et fortement touchées par le virus comme l’Espagne ou l’Italie.

C’est aussi le cas de la Croatie. Voilà pourquoi ministre du Tourisme local Gari Cappelli, qui assume la présidence tournante du Conseil des ministres européens, déborde de créativité. Il a lancé l’idée de « corridors à touristes » pour permettre des séjours à l’étranger dans des pays ou régions où la situation sanitaire serait sous contrôle. Des voyages seraient possibles dans les pays limitrophes : la Croatie pense déjà à la possibilité d’accueillir des touristes tchèques, hongrois ou autrichiens. Même perspective en Autriche, premier pays à avoir entamé son déconfinement.

La situation sanitaire y était toutefois moins sérieuse qu’en Espagne, en Italie, en France… ou en Belgique. La ministre flamande du Tourisme, Zuhald Demir (N-VA), a provoqué une polémique en affirmant, la semaine dernière au parlement flamand, que le mode de comptabilité des décès chez nous risquait de faire passer notre pays pour une contrée à « haut risque ». C’est certes cynique et économiquement orienté, mais de ce point de vue, ce n’est pas forcément faux.

Un autre ministre du Tourisme, d’un pays qui a plutôt bien géré la crise, le Grec Harry Theocharis, a proposé l’instauration de « passeports santé Covid-19 ». L’idée consisterait à tester les voyageurs pour leur permettre de filer prendre le soleil ailleurs. Là encore, vu le niveau de tests en Belgique et la gestion désordonnée qui est la nôtre, cette perspective semble, à vrai dire, quelque peu irréaliste.

L’Union européenne tente de coordonner cette politique inédite d’échanges de touristes. La probabilité est toutefois grande que cela se termine par des accords bilatéraux brisant un peu plus encore la solidarité continentale. Et nos regards, alors, de se tourner vers nos voisins français où un quart des Belges ont l’habitude de passer leurs vacances…

La question est entre les mains d’un groupe d’experts au niveau européen. Elle ne sera pas tranchée avant la mi-mai, au mieux. En attendant, mieux vaut miser sur les cascades de Coo. Pensez-y, ce sera en outre une façon de relancer l’économie locale. Ce message d’encouragement, on risque de l’entendre ces prochaines semaines.

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