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Déjà des cas d’exploitation de réfugiées ukrainiennes en Belgique

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Obligés de fuir la guerre dans leur pays, certains réfugiés ukrainiens se font exploiter dès leur arrivée en Belgique. Face à cette situation intolérable, le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne, a décidé de prendre une série d’initiatives.

Actuellement, deux cas sont recensés, signalait mercredi le ministre en commission de la Justice. Le premier est une tentative d’exploitation sexuelle, le deuxième portait sur l’exploitation économique de trois femmes ukrainiennes.

Payoke, une ONG qui lutte contre la traite des êtres humains, a ainsi été alertée par une Ukrainienne réfugiée en Roumanie, écrit le quotidien De Morgen. Elle a été contactée par un Flamand qui lui proposait de séjourner chez lui en échange de prestations sexuelles. Le nom et l’adresse de l’homme ont été transmis à la police.

« Ces postes frontières sont des endroits de rêve pour les trafiquants d’êtres humains », déclare Klaas Vanhoutte. « Vous êtes là, en tant que femme, avec vos enfants, vous n’avez pas dormi depuis quatre nuits et vous espérez surtout partir. Tout ce que vous voulez, c’est du repos, de la sécurité et de la nourriture. C’est tentant de répondre à une offre venant de la Belgique. Surtout si quelqu’un vous promet que pour 1 000 euros, il vous emmènera en Belgique et vous garantira également un emploi et un logement », explique Klaus Vanhoutte, le directeur de Payoke au Morgen.

A Anvers, l’inspection du travail et la police sont tombées sur trois Ukrainiennes qui travaillaient dans une boucherie juive. Cachées à l’étage supérieur, elles coupaient des fruits et légumes pour sept euros de l’heure, selon leurs déclarations. L’une d’entre elles était arrivée le 4 mars en Belgique accompagnée de sept enfants : les siens et ceux de sa soeur. Toujours selon De Morgen, les femmes n’étaient pas inscrites à l’ONSS et n’avaient pas de permis de travail. Si les faits sont prouvés, le gérant de la boucherie risque un amende et même une peine de prison.

Prostitution

Selon Klaas Vanhoutte, ces cas ne sont qu’un début de ce qui va suivre. « Ce que nous vivons actuellement n’est qu’un précurseur de l’énorme afflux qui va se produire. Dans trois ou quatre semaines, nous pourrons vraiment capter les signaux », déclare-t-il. Dans d’autres pays d’Europe, tels que la Roumanie, il est déjà question de traite d’humains qui plonge des femmes ukrainiennes dans la prostitution.

Une task force a été mise sur pied pour repérer des cas de traite des êtres humains et informer les victimes potentielles. Plusieurs acteurs sont impliqués: centres d’accueil, parquet fédéral, police fédérale, etc.

Les autorités fédérales prendront des initiatives pour éviter l’exploitation de réfugiés ukrainiens, a indiqué jeudi le ministre de la Justice, Vincent Van Quickenborne. Un message sera ainsi diffusé sur les réseaux sociaux les plus utilisés par ces réfugiés -Facebook, Telegram et WhatsApp- qui les met en garde contre les risques qu’ils courent.

Les Ukrainiens qui demandent la protection en Belgique recevront une brochure d’information de Fedasil dans laquelle l’information de base sur la traite des êtres humains et les points de contact existants sont renseignés. Tout cas d’exploitation potentiel pourra être signalé auprès des trois centres spécialisés dans l’accueil des victimes (Pag-Asa à Bruxelles, Sürya à Liège et Payoke à Anvers).

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