Luc Delfosse

De Wever et Lutgen unis comme cul et chemise

Luc Delfosse Auteur, journaliste

Il parait que ce 11 mars est la Journée internationale de la plomberie. Ah bon? Après avoir lu l’interview de Benoît Lutgen dans « Le Soir » ce lundi matin, on aurait plutôt parié sur la Semaine mondiale de la myopie et de l’incontinence.

Que dit en effet le président du CDH ? « La NVA, c’est Hynkel (le pastiche d’Hitler par Chaplin) qui se prend pour Gandhi. » Bart De Wever, dictateur nazi putatif déguisé en blanche colombe? Disant cela comme cela à trac, sans démontage, sans décryptage, sans analyse, bref sans aller au marché quotidien des mensonges et des à peu près, le président du CDH fonce comme un enfant écervelé dans le jeu sordide de BDW qui va évidemment en rissoler d’aise et dénoncer le procès en sorcellerie – si ce n’est le « contrat »… – dont il serait l’objet du côté francophone. Et, croyez-le ou non, c’est toute la Flandre qui se sentira humiliée, grondera de colère et s’alignera un peu plus encore sur De Wever.

Oh ! c’est entendu : le leader populiste flamand assénait l’autre jour devant les patrons francophones, manifestement vampés, que le CDH, c’était « des socialistes qui allaient à la messe. » Quelques minutes plus tôt, le bourgmestre d’Anvers donnait le baiser de la mort au MR en désignant les libéraux francophones comme les alliés rêvés des nationalistes flamands. Et passons sur l’assourdissant silence qui avait accompagné sa tirade, extraordinairement révélatrice, sur les « deux démocraties » qui coexisteraient dans ce pays en voie d’implosion.

Mais Benoît Lutgen aurait pu, aurait dû, nous épargner la surenchère grotesque en dépeignant à son tour un royaume divisé au fond entre une démocratie et, si l’on n’y prend garde, la plus infâme des dictatures. Car voilà le prétendu défenseur de la Belgique de papa et le soi-disant fossoyeur du Royaume-Uni comme cul et chemise. De parfaits alliés objectifs.

À 450 jours des législatives, alors que la crise cogne, tue et désespère, nous voila déjà totalement englués, du Nord au Sud, dans ce que la liturgie électorale a de plus imbécile et de plus dangereux : l’excommunication, l’exécration, la disqualification, l’imprécation et le racolage éhonté. Et quand il n’y aura plus de mots assez durs ? Oh il ne restera plus qu’à s’en mettre pour de bon sur la tronche.

Quoique « Staline clarical » et « Pol Pot anversois » soient encore libres de droits.

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