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De plus en plus de bénéficiaires des CPAS et de moins en moins de personnel pour les gérer

Le nombre de bénéficiaires du revenu d’intégration en Wallonie a augmenté de 56% en onze ans, atteignant 48.509 personnes, tandis que le personnel des CPAS a diminué de 23% sur la même période.

Ricardo Cherenti, conseiller de la Fédération des CPAS a présenté mardi la radioscopie 2015 des politiques d’insertion (chiffres 2014) à Namur. Le différentiel entre les deux est de 79% en 2013, contre 36% en 2008. « Alors qu’on devrait augmenter les moyens, parce qu’arrivent sans cesse chez nous des gens de l’Onem et des personnes de plus en plus précarisées, les transferts de charge du fédéral ont des conséquences sur les politiques qu’on mène », souligne le président Claude Emonts. Les CPAS en appellent ainsi aux gouvernements et disent avoir besoin de respect, de reconnaissances, de moyens et de simplifications à tous niveaux.

« Nous sommes bien conscients que le moment n’est pas idéal pour réclamer des moyens nouveaux, mais il n’est pas possible d’augmenter nos capacités avec les moyens actuels », ajoute Claude Emonts. « Nous sommes le dernier filet. Nous ne pouvons pas renvoyer ces personnes vers d’autres instances », poursuit la directrice générale Malvina Govaert. Le nombre de bénéficiaires a augmenté de 6,4% ces deux dernières années, avec 2.932 bénéficiaires supplémentaires. « Le public augmente avec des problèmes diversifiés et de plus en plus aigus », ajoute Ricardo Cherenti. Les 25-44 ans représentent 40,7% des bénéficiaires. Le conseiller constate une hausse significative (+2,1%) des plus de 65 ans. « C’est généralement un public que l’on n’a pas dans les CPAS étant donné l’existence de la Grapa (Garantie de revenus aux personnes âgées). Cette hausse est due au regroupement familial.

Des personnes âgées arrivent en Belgique après l’installation de leurs enfants qui ne les prennent plus en charge au bout de quelques années. » Les isolés (40,8%) représentent la plus grande catégorie, viennent ensuite les cohabitants (30,7%) et les personnes avec familles à charge (28,5%). Ricardo Cherenti remarque une légère augmentation (+1%) des familles, contre une baisse des cohabitants. « Il s’agit probablement de la croissance des familles monoparentales. » La répartition hommes (45%) – femmes (55%) reste stable au fil du temps.

Au total, 37,1% du public total des CPAS est remis dans une forme active d’insertion: 16,9% à l’emploi, 13,9% aux études, 6,3% en formation. L’insertion par l’emploi est en légère diminution. En valeur relative, la mise à l’emploi avec le CPAS pour employeur juridique (article 60) connaît une diminution de plus en plus forte au fil du temps. « C’est une particularité wallonne assez inquiétante. On n’arrive plus à résorber l’afflux des personnes », précise Malvina Govaert. La mise à l’emploi avec un employeur tiers ou privé (article 61) est en augmentation faible et continue depuis 2010. « On peut s’en réjouir parce que ce système est particulièrement efficace. Dans 68% des cas, les personnes sont toujours à l’emploi trois ans plus tard, contre 42% pour l’article 60 », explique le conseiller. La mise aux études est en forte et constante progression (+4% par rapport à 2012). « Idéalement, cette compétence relève de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Mais quand on voit l’efficacité du travail du CPAS dans la réussite des études pour un public très fragilisé, on est heureux de le faire, même si cet effort coûte », souligne le président de la Fédération des CPAS. 47,3% des bénéficiaires de plus de 18 ans étudient aux niveaux secondaires supérieur et inférieur, contre 47,6% pour les études supérieures universitaires et non-universitaires.

La mise en formation est « une catastrophe » et connaît une chute de 40% en quatre ans due à un contrôle accru des chômeurs et à la diminution des subsides des opérateurs. « Cette crainte de la sanction pousse les chômeurs à suivre des formations qui ne s’inscrivent pas spécialement dans leur parcours, ce qui sature les places de stage chez les différents opérateurs de l’insertion », analyse Ricardo Cherenti. La Fédération demande ainsi un traitement identique entre chômeurs et bénéficiaires du CPAS « pour que l’ensemble des formations puisse être accessible à l’ensemble des publics ».

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