Pieter De Crem, ici dans un C-130 "Hercules" en 2009. © BELGA/Herwig Vergult

De Crem veut accélérer le remplacement des F-16 et préfère les F-35

Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pieter De Crem, a brisé lundi une lance en faveur d’une accélération du programme de remplacement des avions de combat F-16, laissant poindre la préférence qu’il avait déjà exprimée en faveur du F-35 américain lorsqu’il était auparavant ministre de la Défense, mais sans impressionner son successeur, Steven Vandeput.

Cet achat d’un tel avion, à capacité nucléaire, permettra à la Belgique de rester « un petit partenaire fiable » au sein de l’Otan et de l’Union européenne, a-t-il indiqué lors d’une intervention devant les « journées diplomatiques » qui rassemblent annuellement les chefs des postes diplomatiques belges au Palais d’Egmont à Bruxelles.

Le gouvernement doit veiller à maintenir cette crédibilité au sein de l’Alliance atlantique. « Et le dossier de la succession du F-16 joue un rôle particulièrement important », a ajouté M. De Crem (CD&V) en présence de M. Vandeput qui était l’orateur suivant au programme.

Il a rappelé devant les diplomates qu’il avait été à l’origine du lancement de la procédure de remplacement des F-16 vieillissants en autorisant comme ministre la Défense à adresser en juin dernier une demande d’informations à cinq agences étatiques – deux américaines et trois européennes – susceptibles de fournir un successeur au F-16 au cours de la prochaine décennie.

La décision d’achat est actuellement envisagée pour 2018, M. De Crem évoquant une nouvelle fois le chiffre d’une « quarantaine d’appareils » capables de participer à la dissuasion nucléaire dans le cadre de l’Otan.

Mais, selon M. De Crem, il serait préférable que le gouvernement « hâte le processus ».

Tout en se disant favorable au respect des procédures en matière de concurrence, l’ancien ministre a toutefois laissé à nouveau poindre sa préférence en faveur du F-35 Lightning II du groupe américain Lockheed Martin, alias JSF (« Joint Strike Fighter »).

« Il est déjà maintenant évident que l’un des candidats dispose d’un avion de combat d’une génération technologique plus récente et supérieure (BIEN: supérieure) » que celle de ses concurrents (le Rafale Français, le F/A-18 Super Hornet américain, le Gripen suédois et l’Eurofighter européen, ndlr), a souligné M. De Crem en mentionnant explicitement le F-35, considéré un chasseur « furtif » de cinquième génération.

L’actuel ministre de la Défense, Steven Vandeput (N-VA), ne s’est toutefois pas laissé démonter, soulignant qu’il n’avait encore fait « aucun choix » et que « toutes les options restaient ouvertes » entre les cinq appareils après la phase de prospection du marché entamée lorsque M. De Crem était encore en poste à la Défense.

« Chacun est libre d’exprimer ses opinions », a-t-il souligné en notant que M. De Crem s’était exprimé en tant qu’ex-ministre de la Défense et actuel secrétaire d’Etat au Commerce extérieur.

M. De Crem a aussi prévenu des conséquences qu’aurait pour la Belgique le non-respect des engagements pris lors du dernier sommet de l’Otan, au Pays de Galles, en septembre dernier, notamment en matière de dépenses de défense. L’Alliance réclame de ses membres qu’ils mettent fin à la réduction des budgets militaires et qu’ils les portent d’ici 2014 à 2% de leur Produit intérieur brut (PIB), là où la Belgique risque de tomber à 0,5% en termes réels à la fin de la législature à la suite des économies imposées à la Défense.

« Cela aurait des conséquences involontaires pour notre crédibilité au sein de l’Otan mais aussi de l’Union européenne », a-t-il dit alors que la Belgique a l’ambition de jouer un rôle important sur la scène mondiale.

Il a souligné que la candidature de la Belgique comme membre non permanent du Conseil de sécurité de l’ONU pour la période 2019-2020 pourrait aussi être hypothéquée par une défense « qui ne soit pas assez fiable » pour ses partenaires.

Ecolo « effaré » par les propos de M. De Crem en faveur du F-35 va demander des explications

Les écologistes se sont déclarés lundi « effarés » par la sortie du secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pieter De Crem, qui a préconisé de hâter l’achat d’un nouvel avion de combat pour succéder aux F-16 en affichant ouvertement sa préférence pour le F-35 américain.

« Nous sommes effarés par une telle sortie. Le ministre de la Défense (actuel, Steven Vandeput) répète à longueur de commission parlementaire que la procédure d’achat des remplaçants du F-16 sera transparente et +que rien n’est encore fait+ mais un autre membre du gouvernement marque très clairement sa préférence pour l’un des constructeurs concurrents », a affirmé le député Benoit Hellings dans une déclaration à l’agence BELGA.

Selon lui, cette sortie « inadmissible » de M. De Crem (CD&V), un ex-ministre de la Défense, « intervient alors qu’une procédure de marché public en est à ses débuts et que surtout, un débat parlementaire se tient en ce moment à la Chambre sur l’avenir de l’armée ».

« On craint depuis le début que les dés ne soient pipés », a ajouté M. Hellings, en énumérant le « preparation survey » lancé par la Défense et « orienté » selon lui, les préférences reconnues de la composante Air, la présence du lobbyiste du F-35 sur les bancs parlementaires lors de la dernière réunion de la commission mercredi dernier.

« Mais ici, on a l’intervention publique et sans nuance d’un membre du gouvernement fédéral en faveur du F-35 », a poursuivi le député écologiste.

Il a appelé le Premier ministre Charles Michel à expliquer si M. De Crem s’est prononcé au nom du gouvernement ou de son parti … ou de lui-même, qualifiant les propos de l’ex-ministre de « maladroits » et d' »inacceptables ».

Les écologistes demanderont des explications lors de la prochaine commission de la Défense à l’actuel ministre, M. Vandeput (N-VA).

M. De Crem a brisé lundi une lance en faveur d’une accélération du programme de remplacement des F-16, affichant clairement la préférence déjà exprimée en faveur du F-35 Lightning II du groupe américain Lockheed Martin lorsqu’il était auparavant ministre de la Défense.

Flahaut s’étonne de la préférence pour le F-35 affichée par M. De Crem

Le ministre du Budget de la Fédération Wallonie-Bruxelles et ex-ministre fédéral de la Défense, André Flahaut (PS), s’est lui aussi étonné lundi des propos tenus par le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, Pieter De Crem, qui a préconisé de hâter l’achat d’un nouvel avion de combat pour succéder aux F-16 en affichant ouvertement sa préférence pour le F-35 américain.

« Manifestement p (Pieter) decrem (De Crem) a oublie que st (Steven) Vandeput était ministre de la Défense », a-t-il posté sur son compte Twitter.

« Ou roule-t-il pour lui (M. Vandeput) et le F-35? », s’est interrogé M. Flahaut, dont le parti est désormais dans l’opposition au fédéral.

M. Flahaut, qui fut ministre de la Défense de juillet 1999 à décembre 2007, a toujours eu des relations orageuses avec M. De Crem qui ne l’avait pas ménagé lorsqu’il était chef de groupe du CD&V à la Chambre, avant de lui succéder.

Au lendemain du passage de témoin à la tête de la Défense, le 23 décembre 2207, il n’avait hésité à traiter M. De Crem de « con » pour avoir proposé d’instaurer un service militaire sur base volontaire alors que le Service volontaire d’utilité collective (SUC) existait déjà.

Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur a brisé lundi une lance en faveur d’une accélération du programme de remplacement des F-16, affichant clairement la préférence déjà exprimée en faveur du F-35 Lightning II du groupe américain Lockheed Martin lorsqu’il était auparavant ministre de la Défense.

Lorsqu’il était ministre, M. Flahaut s’était opposé à l’adhésion de la Belgique au programme d’avion de combat américain « Joint Strike Fighter » (JSF), qui a donné le jour au F-35 Lightning II du groupe Lockheed Martin.

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