Pieter De Crem. © Belga

De Crem, le ministre le plus inutile de Belgique

Pierre Havaux
Pierre Havaux Journaliste au Vif

Il fallait l’inventer, le CD&V l’a osé : créer un secrétaire d’Etat fédéral au Commerce extérieur régionalisé. A quoi Pieter De Crem, recyclé en commis voyageur de luxe, peut-il bien occuper ses journées ?

Nom : De Crem. Prénom : Pieter. Age : 52 ans. Chapelle : CD&V. Emploi actuel : secrétaire d’Etat fédéral au Commerce extérieur. Profil de fonction : à ce stade, tout se complique et s’embrouille. Pour de plus amples renseignements, prière de s’adresser d’abord aux guichets régionaux. Là où siègent les vrais ministres du Commerce extérieur, ceux qui ont les pleins pouvoirs. Du flamand Geert Bourgeois (N-VA) au wallon Jean-Claude Marcourt (PS) en passant par la bruxelloise Cécile Jodogne (FDF), l’organigramme affichait complet. Michel Ier est parvenu à y caser Pieter De Crem. Bienvenue au club ? L’accueil a été plutôt réservé. Jean-Claude Marcourt a même eu des mots très durs pour le nouveau venu : ceci, a-t-il dénoncé, n’est qu' »un faux secrétaire d’Etat au Commerce extérieur », investi « d’une compétence totalement régionalisée. »

« L’intrus » n’a pas bronché sous l’affront. Pieter De Crem sait faire bonne figure dans l’adversité. Dégringoler sans transition du rang de vice-Premier ministre et ministre de la Défense sous Di Rupo, pour se recevoir sur un obscur strapontin gratifié d’une compétence usurpée sous Michel : la dégradation est terrible. « Geen commentaar. » Le secrétaire d’Etat au Commerce extérieur décline l’invitation à s’exprimer. « Le ministre est encore en phase de rodage », plaide son porte-parole. Pieter De Crem peaufine sa montée en puissance. Pas pressé de convaincre l’opinion de son utilité. Un vrai défi.

Un secrétaire d’Etat au Commerce extérieur, dans la Belgique de 2015, risque peu de se tuer à la tâche. Quatre mois après son entrée en fonction, Pieter De Crem affiche le rapport d’activités de loin le moins épais du gouvernement fédéral. A sa décharge, les parlementaires lui laissent une paix royale. Un bonheur que ne connaissent pas les autres secrétaires d’Etat, Theo Francken, Bart Tommelein et Elke Sleurs.

En 24 séances plénières de la Chambre, Pieter De Crem est le seul membre de la suédoise à ne pas encore avoir eu l’opportunité de desserrer une seule fois les dents. Aucun élu, pas même de son propre parti, ne s’avise de lui chercher des poux sur la tête ou de lui demander son avis, ne fût-ce que pour entretenir l’illusion. Un seul député, Open VLD, s’est jusqu’ici dévoué en commission des Relations extérieures pour le sonder sur l’état des relations commerciales belgo-malaisiennes.

Le dossier dans Le Vif/L’Express de cette semaine. Avec :

« Nous avons hésité à lui offrir un club de golf. C’aurait été trop vache . »

– « J’ai rarement vu un poste ministériel aussi creux et aussi inconsistant. »

– « Toute initiative qui sert les investissements belges à l’étranger peut compter sur moi. »

– « Reynders tolère De Crem dans ses bagages, pour peu qu’il reste à sa place. A l’arrière. »

– Un cabinet à 1,5 millions d’euros.

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