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Covid : Trois vagues de surmortalité, une seule d’anormalité

Mailys Chavagne
Mailys Chavagne Journaliste Web

En 2020, la Belgique a été marquée par trois périodes de surmortalité, principalement due au covid. Pour autant, la pandémie n’est pas l’unique responsable de cette augmentation des décès.

Ces dix dernières années, le nombre de décès quotidiens a relativement peu varié en Belgique, oscillant autour de 300 décès par jour. Une tendance qui a pourtant été chamboulée trois fois en 2020. L’impact du covid s’est révélé important sur le nombre total de morts en Belgique. Selon Sciensano, le covid aurait tué environ 19 644 Belges en 2020. S’il s’avère que la première vague a été particulièrement marquante, le covid n’est certainement pas le seul meurtrier en Belgique. Explications.

Bilan de la 1ere vague : une surmortalité de 64,7%

La première vague du virus a été particulièrement virulente, et le nombre de cas a connu une rapide progression entre mars et mai. Quatre semaines après le début du verrouillage, le 8 avril, le pic de mortalité par covid a été atteint avec un total quotidien de 321 décès. Deux jours plus tard, un pic de mortalité toutes causes confondues a été observé (674 décès). À la date du 10 avril 2020, le nombre de morts a donc été deux fois supérieur à la moyenne quotidienne hors covid.

Le bilan de cette première vague est lourd : sur les 20 159 décès toutes causes observés entre le 20 mars et le 28 avril, Be-MOMO (NDLR : outil pour effectuer le suivi de la mortalité en Belgique) a estimé un excédent de 7917 décès, soit 64,7% de surmortalité.

La surmortalité a été la plus élevée chez les personnes de plus de 85 ans, avec un pic de 357 décès sur les 674 enregistrés le 10 avril. Le deuxième groupe le plus touché lors de cette première vague est le groupe des 75-84 ans, avec un pic de 198 décès enregistrés le 10 avril.

Surmortalité covid lors de la 1ère vague en Belgique - On remarque qu'à partir de mi-mars, et ce, jusqu'au 4 mai, le taux de décès réel excède le taux de décès attendu selon les prévisions, avec un excès de mortalité de près de 100% le 6 avril 2020, au moment où la première vague atteint son pic de cas de covid (8 avril).
Surmortalité covid lors de la 1ère vague en Belgique – On remarque qu’à partir de mi-mars, et ce, jusqu’au 4 mai, le taux de décès réel excède le taux de décès attendu selon les prévisions, avec un excès de mortalité de près de 100% le 6 avril 2020, au moment où la première vague atteint son pic de cas de covid (8 avril).© Sciensano

La canicule, responsable d’une vaguelette de décès

Du 5 au 20 août inclus, Sciensano a observé une seconde période de surmortalité importante dans tous les groupes d’âge de la population belge, mais principalement dans le groupe des personnes âgées de plus de 65 ans.

En temps normal (hors pandémie), la Belgique a un profil de mortalité saisonnière avec une moyenne de 270 décès par jour en été (semaines 20 à 40). En 2019 par exemple, une vague de chaleur a entraîné une période de surmortalité fin juillet, avec un pic le 26 juillet (427 décès). En 2020, cette vague de chaleur a été enregistrée en août, et la surmortalité a atteint un pic le 13 août (490 décès).

On peut donc en conclure que cette seconde vague de surmortalité a été causée, non pas par le covid, mais bien par la canicule.

Du 5 au 20 août inclus, on observe une période de surmortalité en Belgique, en raison d'une augmentation des températures et des niveaux d'ozone.
Du 5 au 20 août inclus, on observe une période de surmortalité en Belgique, en raison d’une augmentation des températures et des niveaux d’ozone.© Sciensano

Covid vs grippe : une 3e vague un peu floue

Fin octobre, la Belgique a de nouveau basculé en état de surmortalité significative, avec un nombre de décès nettement supérieur à la normale. Le nombre de décès a commencé à sortir de la « norme » depuis la semaine du 19, où 2 570 décès « toutes causes confondues » ont été recensés, pour une moyenne de 2 026 lors des années précédentes. La deuxième vague de covid a ainsi enregistré un pic de mortalité le 7 novembre 2020, avec 558 décès contre 283 décès enregistrés en 2019, à la même date.

On remarque néanmoins qu’en décembre, les courbes de mortalité de 2017 à aujourd’hui se stabilisent et se rejoignent. Le 6 décembre, le nombre total de décès en Belgique est même plus bas en 2020 (341 morts recensés) qu’en 2019 (371 morts recensés).

En décembre, les courbes de mortalité de 2017 à aujourd'hui se stabilisent et se rejoignent.
En décembre, les courbes de mortalité de 2017 à aujourd’hui se stabilisent et se rejoignent.© Statbel

Et pour cause, hors covid, la Belgique doit déjà faire face à une autre épidémie hivernale : la grippe. « 500 000 personnes en moyenne sont touchées chaque année en Belgique par le syndrome grippal, soit environ 2 à 8 % de la population », explique Sciensano.

Avec une moyenne de 321 décès par jour à cette période de l’année, la Belgique a déjà le profil de « malade saisonnière », et une vague de décès hivernal ne lui est donc pas étrangère. Bien au contraire. Entre 2015 et 2019, «  le plus grand nombre de décès quotidiens au cours de cette période a été enregistré le 7 mars 2018, à 465 décès, coïncidant avec le pic de l’épidémie de grippe en cours », selon une analyse de la mortalité en Belgique.

Si cette année, les gestes barrières mis en place pour lutter contre le covid et la place occupée par le virus ont freiné la circulation de la grippe au sein de la population belge , une épidémie de grippe n’est pas à écarter complètement. Et surtout, rien n’indique que le covid est le seul responsable des morts recensés lors de cette troisième vague…

En conclusion, le covid a bel et bien entraîné une surmortalité en Belgique en 2020 – avec un taux de décès qui n’a plus été enregistré depuis la Seconde Guerre mondiale -, mais c’est finalement la première vague qui a été la plus meurtrière, toutes causes de mortalité confondues.

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