. © Getty Images

Covid: plusieurs inconnues demeurent pour la vaccination des moins de 12 ans

Soraya Ghali
Soraya Ghali Journaliste au Vif

Les autorités belges ont annoncé, lors du dernier Codeco, qu’elles envisageaient une vaccination des enfants dès 12 ans. Les laboratoires Pfizer-BioNtech et Moderna prévoient par ailleurs de demander une autorisation urgente de mise sur le marché de leur vaccin pour les 5-11 ans. Plusieurs inconnues demeurent toutefois.

L’Agence européenne des médicaments (EMA) a reçu un courrier de Pfizer-BioNtech le 18 octobre, concernant une autorisation urgente de mise sur le marché de son vaccun pour les moins de 12 ans. Depuis, elle analyse les données (il faudra attendre au moins quelques semaines), c’est-à-dire qu’elle évalue le rapport bénéfices-risques de ces vaccins chez les 5-11 ans. La Belgique attend les résultats de ce rapport pour décider de la vaccination des enfants. Les vacciner est-il judicieux?

Il y aurait, d’abord, des bénéfices collectifs. Ouvrir la vaccination aux moins de 12 ans se justifie d’autant plus que le profil des personnes contaminées tend à rajeunir. Depuis plusieurs semaines, les contaminations chez les 7-12 ans restent élevées: elles sont deux fois plus nombreuses que chez les 12-18 ans. Une estimation sous-évaluée, puisqu’ils sont peu testés et souvent asymptomatiques. Rien d’anormal pour autant. Cette tranche d’âge est la dernière au sein de laquelle, hors masques et gestes barrières, le virus se propage sans entrave. « Si on ne vaccine pas, il y aura des poches de population non vaccinées dans lesquelles le virus pourra continuer de circuler et réinfectera des adultes, parce qu’aucun vaccin n’est efficace à 100%, celui-là pas plus que les autres. Donc il y a une vraie justification », relève Pedro Facon, commissaire fédéral au coronavirus, par ailleurs sur la même ligne que son ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke.

Inconnue de la contagiosité

Mais des incertitudes demeurent. L’une d’elles concerne l’efficacité des vaccins contre la transmission du virus. On sait que, contrairement aux espoirs initiaux, ils n’abaissent pas à zéro la contagiosité, bien qu’ils la réduisent. Qu’en est-il chez les enfants? A ce stade, c’est l’inconnue. Or, cet élément pèse lourd dans le calcul des bénéfices-risques. On sait aussi que la capacité à s’infecter et à transmettre le virus augmente avec l’âge des enfants et des ados. Désormais, les connaissances actuelles et la dynamique épidémique permettent, en tout cas, de battre en brèche le discours selon lequel les enfants sont peu contaminants et peu contaminés.

En clair, vacciner les moins de 12 ans reste une piste pour étendre la couverture vaccinale et supprimer l’un des derniers réservoirs de circulation du virus.

Bénéfices individuels?

Les bénéfices individuels, en revanche, sont peu nombreux. Malgré la plus grande transmissibilité du variant Delta, les enfants ont été jusqu’ici épargnés par les formes graves de la maladie, comme souvent dans les cas d’infections respiratoires. Ils peuvent, dans de très rares cas, être sujets à des complications. Depuis le début de l’épidémie, Sciensano recense un peu plus de cent trente cas du syndrome inflammatoire multisystémique pédiatrique (Pims, en anglais) post-Covid. Les symptômes (rougeur des yeux, fièvre élevée, éruption, signes digestifs…) avec, dans de nombreux cas, une myocardite aiguë (inflammation du myocarde, principal muscle du coeur). S’ils ont nécessité des hospitalisations, ils évoluent favorablement. Quant aux décès infantiles, ils demeurent extrêmement rares.

Reste la question des effets indésirables. Pour l’instant, il existe peu de données, puisque les essais cliniques sont encore en cours. Les Etats-Unis et Israël ont rapporté un effet indésirable, rare mais documenté, des vaccins à ARN: la myocardite. Elle toucherait davantage les hommes, notamment les 16-19 ans. La fréquence n’est pas précisément connue, variant de 5,5 cas par million de deuxième dose aux Etats-Unis à 21 en Israël. Des travaux récents menés par l’université de Californie signalent, par ailleurs, un nombre plus élevé dans la tranche des 12-15 ans. Qu’en serait-il alors chez les plus jeunes enfants? « Pour un acte qui, en somme, n’a que très peu d’intérêt pour eux, l’innocuité doit être totale. Personne n’accepterait de prendre le moindre risque », prévient Yves Van Laethem, porte-parole interfédéral. Difficile d’affirmer, donc, de quel côté penche la balance.

L’affichage de ce contenu a été bloqué pour respecter vos choix en matière de cookies. Cliquez ici pour régler vos préférences en matière de cookies et afficher le contenu.
Vous pouvez modifier vos choix à tout moment en cliquant sur « Paramètres des cookies » en bas du site.

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire