Commémoration pour les victimes du coronavirus en Espagne avant un match de football.

Coronavirus: Un moment de deuil national pour les victimes le 21 juillet, une bonne idée ?

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

L’idée de commémorer les victimes de la crise du coronavirus fait son chemin en Belgique. Un moment de recueillement pourrait avoir lieu le jour de la Fête Nationale. Des critiques s’élèvent sur la date choisie pour cette commémoration.

En Belgique, l’idée d’un « moment de deuil national et de communion » a été proposée par les écologistes. Le parti Groen propose d’organiser cet hommage le jour de la Fête nationale, le 21 juillet, pour se souvenir des personnes décédées – près de 10.000 – au cours de la pandémie de coronavirus, a indiqué à la fin du mois de mai sa présidente Meyrem Almaci. « Maintenant que les courbes descendent et que la société redémarre lentement, c’est le moment de s’arrêter un peu et de penser aux gens qui ont perdu la vie et à remercier les héros de cette crise« , a-t-elle déclaré. Même ambition côté francophone. Pour Gilles Vanden Burre, député fédéral Ecolo, il faut « faire société, tous les Belges feraient une espèce de communion collective pour se recueillir ». Koen Geens, Ministre fédéral de la Justice interrogé dernièrement sur LN24, est aussi d’avis qu' »il faut rendre hommage à toutes ces victimes, à tous ces soignants et à toutes les familles qui ont souffert dans cette crise. »

L’occasion serait donc aussi de saluer « tous les héros de la crise sanitaire », qui ont continué de faire tourner la société pendant la crise, dont le personnel des soins de santé et ceux qui travaillent dans les services logistiques indispensables. On pense aux facteurs, aux caissiers en passant par les éboueurs, et les services de sécurité aux premières lignes pendant au plus fort de l’épidémie.

Une date mal choisie

De là à intégrer ce moment de recueillement à la Fête Nationale du 21 juillet, l’idée fait réagir. Sur les réseaux sociaux, certains observateurs, s’ils sont d’accord sur le principe d’un tel hommage aux victimes du coronavirus, critiquent la date symbolique proposée. Un autre jour serait plus judicieux afin de ne pas « noyer » la commémoration dans d’autres festivités et de dénaturer la Fête Nationale.

En France, pour éviter que les disparus de la crise sanitaire ne tombent dans l’oubli, et ne soient résumés qu’à de simples chiffres, des idées d’hommage sont aussi lancées. Lionel Petitpas, le mari d’une victime du Covid-19, a ainsi créé la première association française réunissant les familles des victimes du virus. L’association réclame qu’une journée de deuil national soit organisée pour rendre hommage et dire au revoir dignement à leurs proches.

« Le rite funéraire permet d’accompagner le défunt, mais nous en avons été privés », estime un proche d’une victime du coronavirus. © BELGA

« Toutes les familles endeuillées par le coronavirus ont le même sentiment: on n’a pas pu rendre hommage à nos défunts« , déclare-t-il sur Europe 1. « Le rite funéraire permet d’accompagner le défunt, mais nous en avons été privés ». Comme il l’a raconté à plusieurs médias, Lionel Petitpas a vu son épouse pour la dernière fois lorsqu’elle a été emmenée en ambulance à l’hôpital en pleine nuit. « Elle m’a fait un signe depuis l’ambulance, et je ne l’ai plus jamais revue », a-t-il raconté. « On m’a volé un moment dans ce processus, et je n’arrive pas à faire le deuil ».

« Rien de pire que de faire du mémoriel sur de l’émotion »

En France, il a été décidé que le défilé du 14 juillet sera remplacé par une cérémonie militaire avec un hommage aux soignants. L’idée d’un mémorial aux victimes du Covid-19 a aussi été évoquée. Elle a été rapidement critiquée. « Avant de se lancer dans l’instauration d’une journée mémorielle Covid, ou de l’érection d’une sorte de monument, il faut peut-être voir comment tout cela va se terminer. Il n’y a rien de pire que de faire du mémoriel sur de l’émotion. Surtout quand l’Histoire est encore en train de s’écrire« , tempère un conseiller d’Emmanuel Macron dans Le Parisien. Même si l’Élysée a démenti à ce jour toute « réflexion sur ce point, sur les réseaux sociaux, l’initiative est vivement critiquée. « Et pourquoi pas pour les victimes de la gastro? » a réagi avec une bonne dose de sarcasme sur Twitter Sophie de Menthon, présidente du mouvement patronal ETHIC.

https://twitter.com/SdeMenthon/status/1261556788249403392Sophie de Menthonhttps://twitter.com/SdeMenthon

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En Europe, d’autres pays ont organisé des commémorations aux personnes décédées du coronavirus. Le gouvernement espagnol a ainsi décrété fin mai 10 jours de deuil national en mémoire aux 27.000 personnes décédées à ce jour dans le pays. Ce deuil de 10 jours était « le plus long » de la démocratie espagnole. En Chine et en Italie, autres nations fortement touchées par l’épidémie, des commémorations similaires ont aussi eu lieu.

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