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Coronavirus : le Conseil national de Sécurité sonnera-t-il le glas de la bulle de cinq?

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

Mercredi, le Conseil national de sécurité se réunira pour faire le point sur la situation épidémiologique dans le pays. Malgré la lassitude de la population, il paraît peu probable qu’il y ait un réel assouplissement des mesures existantes.

Selon les derniers chiffres de Sciensano, le nombre moyen de contaminations journalières au coronavirus atteint 1.107 cas. Le nombre d’hospitalisations augmente également : il y a eu en moyenne 44 admissions à l’hôpital par jour entre le 12 et le 19 septembre.

La semaine dernière, lors d’une réunion du Celeval, le Comité d’évaluation fédéral corona, les experts qui prêchent la prudence se sont opposés aux membres qui cherchent à assouplir les mesures. Il y a eu une confrontation musclée entre l’économiste de la santé Lieven Annemans, ardent partisan de la dédramatisation, et des experts tels que le virologue Marc Van Ranst (KuLeuven) qui mettent en garde contre la hausse des chiffres de l’épidémie depuis plusieurs semaines.

Une pression de plus en plus forte

Face à cette pression de plus en plus forte, le CNS devra trancher. Ainsi, la fameuse bulle de cinq pourrait bien disparaitre. « Cette règle pourrait être assouplie. La bulle, ce sont les gens avec qui vous avez des contacts étroits, que pour ainsi dire vous prenez de temps en temps dans vos bras. Mais il y a tous ces autres contacts avec qui vous devez appliquer strictement les règles. Il y a des gens qui trouvent ça trop limité, qui disent que ce n’est pas faisable. Donc nous allons voir ce que nous pouvons faire », a déclaré la ministre de la Santé publique Maggie De Block (Open VLD) sur les ondes de Radio 1.

Tout avait pourtant commencé par une idylle avec le public.
Tout avait pourtant commencé par une idylle avec le public.© Frederic Sierakowski/isopix

La bulle de cinq pourrait être remplacée par un budget de contacts, un système où chaque personne dispose d’un certain ‘budget’ ou ‘crédit’ de personnes qu’elle peut voir. Cependant, comme la limitation des contacts reste l’arme principale de lutte contre l’épidémie, il est peu probable qu’il y ait un changement radical.

Comme le rappelle le quotidien De Morgen, la bulle changeante de quinze, appliquée cet été, a tourné au fiasco : beaucoup de gens ont cru en effet à un retour à la normalité et ont recommencé à voir presque autant de gens qu’avant. Il est donc peu probable que les experts assouplissent énormément les contacts autorisés, d’autant que le virus circule beaucoup parmi les jeunes et que la rentrée académique risque d’augmenter encore la propagation.

Changement de terminologie

Que ce soit donc une bulle ou un budget de contacts, le nombre de contacts sociaux restera limité, et il ne pourrait donc s’agir que d’un changement de terminologie. « C’est dommage, car cette règle a clairement fonctionné. Soit vous devez expliquer cette règle et son utilité de façon claire et nette dès maintenant, soit vous devez lui donner un autre nom. Mais il reste impératif que nous limitions nos contacts sociaux », a ainsi déclaré Marc Van Ranst à la VRT.

Wouter Duyck, professeur en psychologie cognitive, estime que le CNS ne réfléchit pas assez à la manière de motiver la population. « Si l’on pense que les personnes vont encoder leurs contacts dans un fichier Excel, on se trompe. Je peux déjà vous le dire », a-t-il déclaré sur la VRT.

« On a vu que parfois certaines mesures sont mal comprises. Du coup, on a un problème d’adhésion dans la population. Il faut retrouver une forme de confiance dans la population. Ça ne passe pas forcément par un renforcement, ça passe par une augmentation de la cohérence et du coup de l’adhésion de la population », estime également l’épidémiologiste Marius Gilbert, interrogé par RTL.

Raccourcir la quarantaine

En revanche, le CNS pourrait assouplir les règles de quarantaine pour les personnes qui reviennent d’une zone rouge. Le microbiologiste Herman Goossens estime en effet qu’une quarantaine de sept jours suffirait. Le virologue et porte-parole Yves Van Laethem plaide également en ce sens. « Quatorze jours, c’est un idéal. Cela permet d’isoler avec certitude 95 à 99 % des gens qui normalement vont éliminer le virus tout seul durant ce délai. Mais cela semble difficilement tenable sur le long terme. En réduisant à 7, 8 ou 10 jours, on va peut-être perdre quelques cas, mais pas la majorité », avait-il déclaré au quotidien le Soir.

Au niveau de la rentrée scolaire, le port du masque à l’école pourrait revenir sur la table, mais rien n’est moins certain. 70 médecins, et le CD&V ont demandé d’assouplir cette mesure, un avis partagé par l’épidémiologiste Yves Coppieters. « Le masque protège, mais il faut garder l’adhésion des jeunes pendant de longues semaines. S’il est primordial lorsque l’élève circule dans l’école, et notamment dans les couloirs, il faudrait peut-être remettre en question le port du masque lorsque l’élève est assis à sa place », avait-il déclaré. Le cabinet du ministre de l’Enseignement flamand Ben Weyts (N-VA) rappelle cependant que c’est une compétence régionale et qu’il est peu probable que le CNS se mêle de cette question.

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