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Coronavirus : « J’ai peur que les gens se fatiguent »

Celine Bouckaert
Celine Bouckaert Journaliste au Vif

À l’heure où le Conseil national de sécurité se réunit pour tenter d’endiguer la seconde vague de coronavirus, le professeur en psychologue Maarten Vansteenkiste (Université de Gand) ne cache pas son inquiétude. « J’ai peur que la motivation des gens baisse encore au cours des prochaines semaines ».

Spécialisé en motivation, Van Steenkiste est l’auteur d’une étude sur la motivation des Belges à respecter les mesures de confinement destinées à endiguer l’épidémie de coronavirus. Cette étude lui a servi de base pour une série de rapports qu’il a présentés au groupe d’exit strategy (GEES). Il déplore que ceux-ci n’ont jamais été utilisés.

Au début du confinement, en mars, les gens étaient motivés à suivre les recommandations. « Ils en comprenaient la nécessité, et il était aussi relativement facile de se conformer à tout – nous devions de toute façon rester chez nous. Au fil des mois, nous avons vu cette motivation fluctuer », déclare-t-il au quotidien De Morgen.

Prévisible

Ainsi, si au mois de mars, 80% des personnes interrogées se disaient encore motivées à suivre les règles, ce chiffre a baissé à 67%, selon la dernière enquête de Vansteenkiste. Pour le professeur en psychologie, l’âge joue un rôle important. « Les personnes âgées de plus de 55 ans sont beaucoup plus convaincues de l’importance et de la nécessité de suivre les règles. Les jeunes le sont le moins. On pouvait donc parfaitement prévoir que les jeunes abandonneraient aussi en premier et enfreindraient les règles. »

Il souligne qu’il y a eu quelques moments charnières où la motivation a baissé. « C’est surtout lors de la mauvaise communication qui a entouré les visites aux maisons de repos, d’abord autorisées puis interdites, que vous avez constaté un effet dramatique dans les chiffres de motivation ». Le 15 avril dernier, le Conseil national de sécurité avait en effet autorités les visites en maisons de repos, avant de revenir sur sa décision, sous pression du secteur.

D’où l’importance d’un cadre clair. Les gens ne peuvent en effet prendre leurs responsabilités que s’ils savent ce qui les attend, et dans quelles circonstances. Pour le professeur en psychologie, il y a une absence totale de cadre. « Ce que nous avons suggéré assez rapidement avec notre groupe de psychologues, c’est de créer un cadre clair avec quatre codes de couleur. Si certains paramètres changent, les infections ou les admissions à l’hôpital, par exemple, la couleur change. Et chaque couleur est assortie de certaines mesures. Vous pouvez donc passer très facilement d’un niveau à l’autre. Vous changez la couleur et les gens savent où ils en sont », déclare Vansteenkiste au Morgen.

Normalité

Pour lui, la baisse de motivation est également liée aux propos de la Première ministre Sophie Wilmès. Selon lui, elle n’aurait jamais dû dire que nous avions récupéré notre liberté. « À moment donné, tout ce qui n’était pas interdit était à nouveau autorisé. Beaucoup de gens en ont conclu que nous pourrions revenir à l’ancienne normalité.

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