Hendrik Vuye et Veerle Wouters

Confédéralisme: « pourquoi enfumer le PS n’est plus la meilleure stratégie »

Hendrik Vuye et Veerle Wouters Députés indépendants

Pour Hendrik Vuye et Veerle Wouters, qui ont quitté la N-VA la semaine dernière, l’enfumage du PS n’est plus la voie vers le confédéralisme. « Le ‘nous contre eux’ ne mène pas au confédéralisme, mais à un gouvernement Michel II. Avec le PS et le sp.a et sans la N-VA. »

« Nous enfermons le PS dans un cordon sanitaire »,

« Les partis francophones, et surtout le PS, se trouvent dans une position intenable »,

« Nous devons pousser les francophones en position demanderesse »,

 » Je propose que le Vlaamse Volksbeweging lise les journaux francophones, alors on verra qu’on assiste non à une belgicisation de la N-VA, mais à une régionalisation du PS ».

Toutes ces phrases sont des assertions de monostratèges qui pensent qu’il n’y a qu’une seule stratégie qui peut mener au confédéralisme.

La plupart des monostratèges veulent enfumer le PS, jusqu’à ce que les socialistes wallons supplient d’instaurer une réforme de l’état. On l’appelle aussi la doctrine Maddens, ou du moins une de ces applications. Cependant, le mot doctrine est mal choisi, il s’agit plutôt d’une stratégie, comme l’écrit Bart Maddens. Il a formulé sa stratégie dans une opinion parue le 3 mars 2009 dans le quotidien De Standaard. Nous aussi, nous avons longtemps défendu cette stratégie. C’est une stratégie qui, vu le résultat électoral de mai 2014, aurait pu réussir. Mais entre-temps, nous sommes en septembre 2016.

Le scénario de l’enfumage perturbé

Il y a eu des évolutions qui perturbent ce scénario de l’enfumage. En mars 2015, Bart Maddens écrivait déjà que « la politique fédérale n’est pas assez à droite pour inciter le PS à tirer le signal d’alarme institutionnel et dérégler le système ». Il affine sa position dans l’édition du week-end du Standaard : « Suite à l’influence modératrice du MR et du CD&V, ce gouvernement n’est pas assez à droite pour frustrer le PS au point de vouloir plus d’autonomie wallonne ». Une des conditions de la stratégie Maddens n’a pas été remplie. Dans une opinion parue sur Knack.be, Bart Maddens affirme même qu’il est dérangé par la façon dont on use et abuse de la doctrine Maddens.

Cependant, il y a un point qui ne change pas: le PS est un parti de pouvoir. Pour lui, il est impensable d’être exclu du pouvoir pendant dix ans, même s’il faut nuancer cette position. Le PS s’est retiré dans les bastions francophones. Le PS livre trois ministres-présidents : Paul Magnette, Rudy Demotte et Rudy Vervoort. Au total, il y a 11 excellences PS. Il y a donc assez de place pour héberger la machine PS dans les cabinets. À titre de comparaison, à l’ère de Di Rupo, le PS comptait 11 excellences dans les cabinets, soit autant qu’aujourd’hui.

Le gouvernement Michel n’a pas banni le PS dans les mines de sel sibériennes. Le PS s’est simplement retiré dans la peluche wallonne et bruxelloise. La machine PS, pourvue de nombreux cabinettards et du fameux centre d’études « Institut Emile Vandervelde », est intacte.

Régionalisation du PS?

La régionalisation du PS est en cours? Nous osons en douter. Le PS ne doit pas régionaliser. Le PS a toujours été un parti régionaliste. Le syndicat socialiste wallon FGTB l’est certainement. À cet égard, rien n’a changé. Il ne faut pas oublier que le PS a coopéré aux six réformes de l’état, non parce que le PS a chaque fois été enfumé, mais parce qu’au fond, c’est un parti régionaliste.

Lire les journaux francophones

Ceux qui lisent les journaux francophones auront certainement lu le dernier sondage de La Libre Belgique et de la RTBF. Les monostratèges y voient une confirmation de leur position. Aujourd’hui, les communistes du PTB obtiennent 13,9% des voix et sont la troisième formation de Wallonie. Pour les monostratèges, ce sondage ne fait que renforcer la nécessité du confédéralisme, ce qui est indubitablement le cas.

Cependant, le scénario démontre que le « scénario de l’enfumage » ou le « cordon sanitaire » autour du PS est du passé. Le cdH perd tellement que la poursuite de la coalition wallonne PS-cdH est impossible. Si ce sondage est confirmé par les élections, il y aura une majorité PS-MR en Wallonie.

Un accord PS-MR pour le gouvernement wallon et le gouvernement de la communauté française signifiera très certainement que les deux partis entreront ensemble dans le gouvernement fédéral. Dans ce cas, le sp.a sera sûrement de la partie du côté flamand. Fini le scénario d’un Michel II sans PS. Ceux qui disent encore que « l’histoire du PS au niveau belge est finie » ne comprennent pas ce qu’il se passe en Wallonie.

Chercher des alliances

Confédéralisme: persuader, ce n’est ni enfumer, ni offenser

Celui qui souhaite le confédéralisme doit chercher des alliés. C’est possible. Une alliance est envisageable. La N-VA souhaite le confédéralisme. En Flandre, le CD&V est un allié en faveur d’une nouvelle réforme de l’état. En Belgique francophone, le PS est un allié, comme parti le plus régionaliste. Nous allons devoir convaincre les alliés potentiels. Et persuader, ce n’est ni enfumer ni offenser.

Nous l’écrivions déjà lors du lancement de notre projet communautaire en janvier. « Pour réaliser le confédéralisme, il faut des séries d’entretiens avec des personnes de toute couleur politique, partisans et opposants. Le but est de trouver un soutien large pour le confédéralisme et de continuer à faire vivre le confédéralisme grâce à une action orientée vers le public en organisant des journées d’étude, des colloques, des exposés… »Le « nous contre eux » ne mène pas au confédéralisme, mais à Michel II avec le PS et le sp.a, et sans la N-VA.

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