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Comment le mouvement  » Pas question !  » est devenu si puissant

Laurence Van Ruymbeke
Laurence Van Ruymbeke Journaliste au Vif

En trois mois, le mouvement citoyen s’est imposé comme interlocuteur du monde politique. Porté par des citoyens en colère et plutôt favorisés, il déboule dans le ciel bruxellois avec des méthodes neuves. Et bousculantes. Enquête.

A 45 ans, Antoine Wilhelmi, chef de file du mouvement Pas question !, incarne la contestation du Plan Wathelet et ses survols de la Région bruxelloise. En quelques mois, ce juriste, né d’une famille bien sous tous rapports, est parvenu à fédérer des milliers de personnes et à s’imposer dans le champ politique.

Qui est donc ce monsieur ? Un entrepreneur, épris de nouvelles technologies, à l’aise dans ses papiers comme dans la consultance et le management. Dans les années 2000, il s’était mobilisé contre le vote électronique. Au début 2014, il est sans occupation professionnelle précise. Ça tombe bien. Wilhelmi et quelques amis, tous nouvellement survolés à Watermael Boitsfort, Auderghem, Etterbeek ou Ixelles, décident de créer un mouvement de mobilisation citoyen. Son unique but : obtenir le retrait du Plan Wathelet.

Chacun investit 300 à 400 euros pour permettre la création d’un site Internet qui voit le jour le 15 mars. Immédiatement, « je reçois jusqu’à 600 mails par jour », précise Antoine Wilhelmi. Des bénévoles sont recrutés pour répondre et une pétition électronique est lancée : elle récolte plus de 20 000 signatures, soit autant d’adresses électroniques. Un compte Twitter et une page Facebook sont également ouverts.

Pendant deux mois, Wilhelmi s’installe dans les locaux de l’Icab (Incubatie Centrum Arsenaal Brussel), un incubateur de start-up dans le secteur des technologies de l’information. Il y met au point un système de distribution automatique de mails aux sympathisants, déclinable selon divers critères, prépare des lettres-types qui peuvent être envoyées d’un simple clic aux autorités politiques du pays, imagine un relevé des rues dans lesquelles des tracts sont distribués, etc.

Les citoyens survolés représentent un public particulier, au niveau socio-économique plus élevé qu’ailleurs : des représentants des milieux financier, juridique, médiatique, artistique ou de la consultance, ainsi que 500 fonctionnaires européens. Les adhérents du mouvement ont donc d’emblée soutenu financièrement la contestation. Une première collecte de fonds, via une plate-forme de crowdfunding, rapporte près de 21 000 euros fin mai alors que l’objectif était d’en récolter 15 000. La contrepartie d’un don de 6 000 euros ou plus était « le survol de la maison de Melchior Wathelet en hélicoptère – pour passer bien bas ».

Une seconde récolte de fonds vient d’être ouverte : en quelques jours, 10 000 euros rassemblés. « Je n’ai reçu qu’un seul don d’entreprise, d’une valeur de 1 000 euros », affirme Antoine Wilhelmi, qui jure que ni le secteur de l’immobilier, ni celui de la construction, ni aucun autre d’ailleurs, ne soutient son action. Certains soupçonnent pourtant Pas question ! de défendre les intérêts de promoteurs immobiliers inquiets à l’idée de voir leurs biens survolés perdre de la valeur.

L’enquête dans Le Vif/L’Express de cette semaine.

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