Carte blanche

« Choqué par l’attitude de la police face à une manifestation pacifique »(carte blanche)

Un citoyen, présent dans le Bois de la Cambre ce 1er mai, livre son témoignage sur le déroulé de La Boum 2.

Ce samedi 1er mai, j’ai été au bois de la Cambre, au rassemblement de la Boum 2.

C’était un acte citoyen, ma manière de montrer ma désapprobation quant à la gestion incompétente par nos gouvernants de la « crise » du covid-19 et à la privation croissante de nos libertés.

J’ai le droit de dire mon désaccord, et tout un chacun a le droit de ne pas être d’accord avec moi et de le dire ; c’est l’essence même d’une démocratie.

Etais-je dans l’illégalité ? Cela se discute au vu de certains jugements et de commentaires de juristes bien plus avisés que moi. Néanmoins, j’assume les risques liés à mes décisions et j’étais prêt à être verbalisé, voire à subir une arrestation administrative.

L’ambiance était très sympa, jeune et familiale. Plusieurs personnes étaient venues avec leurs enfants, il y avait de la musique – un chouette rassemblement.

Tout le monde respectait-il le port du masque ? Non. Tout le monde respectait-il les distances sociales ? Non. Mais dans une grande mesure, oui.

Je crois en la démocratie (certains me traitent même d’utopiste à ce sujet), je crois dans le rôle essentiel des trois piliers qui la forment : le législatif, l’exécutif et le judiciaire, et je respecte nos institutions.

Aujourd’hui, je me demande si ces institutions me respectent moi en tant que citoyen, et plus particulièrement, la police.

Il y avait au bois de la Cambre une présence policière digne d’un événement terroriste : j’ai compté plus de 50 combis de police, sans compter les auto-pompes, les cavaliers, les chiens et les hélicoptères.

Un déploiement inquiétant, peu rassurant, alors que c’est justement le rôle de la police de rassurer et protéger le citoyen lambda que je suis.

En tant que citoyen paisible, installé sur l’herbe du bois de la Cambre, au milieu d’une foule bon enfant, j’ai vu la police lancer les hostilités : formation en ligne avec casques, matraques et boucliers et jet de gaz lacrymogènes sur la foule dans laquelle se trouvait des enfants !

Il n’y avait aucun danger à ce moment.

Je n’ai entendu aucune sommation avant de me prendre les lacrymogènes. Trouver mon chemin vers la sortie du bois, au milieu d’une foule paniquée, les yeux en pleurs, la gorge en feu n’a pas été chose aisée.

J’ai été pris à partie par un policier qui a commencé à me bousculer avec son bouclier. Je lui ai fait valoir que je n’avais fait preuve d’aucune violence, il m’a poussé à nouveau en me disant, ainsi qu’à la personne qui m’accompagnait « cassez-vous ». Être policier dispense-t-il d’être respectueux ?

J’ai également été choqué d’entendre un policier qui « chassait » une jeune fille pour qu’elle s’en aille plus vite la traiter de « sale pute ».

Plus grave, énervé par le fait que la personne qui m’accompagnait filmait certains événements, un policier a violemment poussé sa tête contre un arbre. Il s’agissait d’un geste délibéré, pas d’un accident.

Une fois avenue Franklin Roosevelt, nous étions quatre personnes à discuter de ce qui venait de se passer. Une auto-pompe nous a mis en joue en nous sommant de nous disperser sinon ils mettaient la pompe en action. Je ne faisais strictement rien de répréhensible.

Je suis choqué par la violence de la police, par l’impression d’un traquenard avec un déploiement excessif.

Dans les journaux, on vous parlera de « casseurs » de nécessité de protéger les citoyens.

Il y avait effectivement des casseurs, il m’a semblé en compter une vingtaine, tout de noir vêtus. Ils ont jeté des projectiles sur la police. C’est totalement inacceptable. Je condamne toute violence, qu’elle soit le fait de casseurs ou de la police, et la violence de la police ne peut justifier le fait que des casseurs s’en prenne à elle.

Mais la première violence est bien venue de la police et n’était pas dirigée contre ces casseurs mais contre les citoyens venus manifester pacifiquement leur désapprobation.

Être policier n’est certainement pas un métier facile et je ne tiens pas à ostraciser la police et les policiers dans leur ensemble.

Mais en aucun cas, être policier n’autorise le manque de respect et la violence disproportionnée.

J’ai vu une police irrespectueuse et violente avec une volonté claire de « casser » l’événement par la force.

J’aimerais comprendre comment vous, politiques, forces vives de nos institutions, vous positionnez face au fait que les trois piliers de notre démocratie tolèrent qu’un de leurs corps constitués soit utilisé contre de paisibles citoyens et accueille en son sein des personnes qui ne sont pas dignes de porter un uniforme de représentant de la loi ?

Et je voudrais aussi savoir comment moi, citoyen ordinaire peut encore faire entendre ma voix dans un climat de répression croissante.

Ce rassemblement au bois de la Cambre, ainsi que d’autres, sont des messages de vos concitoyens et non pas des actes de délinquants. Ils demandent une réponse politique et non une réponse policière. Nous entendez-vous ? Voulez-vous vraiment faire le lit des extrémises et des poujadistes aux prochaines élections ? Etes-vous encore démocrates ?

Par Michel Vanden Bossche, citoyen choqué

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