Nicolas De Decker

« C’est vrai que ça n’avait rien à voir avec la personnalité de madame Khattabi parce que ça avait tout à voir avec la personnalité de monsieur Bouchez »

Nicolas De Decker Journaliste au Vif

« Ça n’a rien à voir avec la personnalité de madame Khattabi », il a dit, Georges-Louis Bouchez, au moment de démolir la candidature de Zakia Khattabi à la Cour constitutionnelle.

Son oeil joyeux clignait du sourire intérieur de celui qui vient de démolir la candidature d’une personnalité de madame qu’il dégobille, et la satisfaction replète de celui qui sent vibrer, dans la poche de son pantalon bleu marine, la pétarade des notifications de joie de l’armée des fougueux résistants contre l’islamisation, qui n’avaient plus été si heureux depuis la victoire de Poitiers (732, quand même).

Le pli de sa barbe suait le plaisir délicieux de renvoyer une personnalité de madame qu’il dégobille déranger un parti qu’il déteste, et c’était vrai que ça n’avait en fait rien à voir avec la personnalité de madame Khattabi, quand bien même il l’aurait insultée pendant des années – l’an passé encore, il mettait en doute son intelligence – et quand bien même son parti et lui, depuis six mois, auraient avec une remarquable constance répété que le problème c’était la personnalité de madame Khattabi.

C’était vrai que ça n’avait rien à voir avec la personnalité de madame Khattabi parce que ça avait tout à voir avec la personnalité de monsieur Bouchez, dont la plastique souplesse des barrières logiques l’autorise à dire que la personnalité d’une madame qu’il a insultée pendant des mois n’a rien à voir avec le fait qu’il démolisse sa candidature.

Ça a tellement tout à voir avec la personnalité de monsieur Bouchez, qui était tellement content de démolir la candidature de madame Khattabi et de créer un problème dans un parti qui voyait dans cette nomination une solution, qu’il s’est abandonné au plus singulier de ses penchants, celui dans lequel il excelle jusqu’à l’incandescence : le propos hors de propos.

L’énoncé non pertinent.

La vérité pas vraie.

La titanesque couillonnade.

La paille et la poutre.

 » Il y a eu un vote, il faut en accepter le résultat « , il a dit, Georges-Louis Bouchez, parce que le problème ce n’était pas la personne, c’était la règle, et que la règle c’est que quand on n’est pas élu quelque part on ne se représente pas.

 » Moi-même je n’ai pas été élu à la Chambre pour des raisons que j’estime injustes, je n’ai pas demandé un nouveau vote « , il a encore ajouté, Georges-Louis Bouchez.

Georges-Louis Bouchez qui n’a pas été élu en 2006 au poste pour lequel il était candidat, conseiller communal à Mons, et qui s’est représenté au vote suivant, en 2012.

Georges-Louis Bouchez qui n’a pas été élu en 2014 au poste pour lequel il était candidat, député régional wallon dans l’arrondissement de Mons-Borinage, et qui a été repêché comme suppléant en attendant un nouveau vote.

Georges-Louis Bouchez qui n’a pas été élu en 2018 au poste pour lequel il était candidat, bourgmestre de Mons, et qui a inventé la fonction de shadow bourgmestre pour patienter en attendant un nouveau vote.

Georges-Louis Bouchez qui n’a pas été élu en 2019 au poste pour lequel il était candidat, député fédéral, et qui été repêché comme sénateur coopté en attendant un nouveau vote : non, s’il s’y présente, ça n’aura rien à voir avec la personnalité de cette méchante madame Khattabi, qui a osé attendre un nouveau vote après n’avoir pas été élue au poste pour lequel elle était candidate.

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